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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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lettres au Sénat l’accusant de trahison envers lui-même, d’impiété envers les autres Dieux, de méchanceté et d’avarice, prétendant également qu’elle recevait chez elle des diseurs de bonne aventure et des astrologues, en infraction formelle aux lois. Avant de pouvoir décemment rendre à ma mère son titre de «   Augusta   », je dus plaider sa cause devant le Sénat et affirmer qu’elle était innocente des crimes dont on l’avait accusée   ; en dépit de son esprit critique, elle était d’une grande piété, et bien qu’économe, extrêmement généreuse   ; elle n’avait jamais fait montre de méchanceté envers qui que ce soit et jamais, de toute son existence, consulté un diseur de bonne aventure ou un astrologue. Je fis comparaître les témoins nécessaires. Parmi eux se trouvait Briséis, la camériste de ma mère, qui m’avait appartenue comme esclave jusqu’à ce qu’on lui accorde sa liberté dans sa vieillesse. Pour tenir une promesse faite une année ou deux auparavant à Briséis, je la présentai en ces termes au Sénat   : «   Seigneurs, cette vieille femme a été autrefois ma fidèle esclave et pour la récompenser de toute une vie de labeur et de dévouement passée au service de la famille Claude –  comme camériste de ma grand-mère Livie, puis de ma mère Antonia, qu’elle avait l’habitude de coiffer  – je lui ai récemment accordé sa liberté. Certaines personnes, et même des membres de ma propre maison, ont laissé entendre qu’elle était en réalité l’esclave de ma mère   ; je saisis cette occasion pour dénoncer des propos qui ne sont que mensonges éhontés   ! Elle est née esclave de mon père alors que celui-ci n’était qu’un enfant   ; à sa mort, mon frère l’a héritée   ; elle est ensuite passée à mon service. Elle n’a pas eu d’autres maîtres ou maîtresses. Vous pouvez faire toute confiance à mon témoignage.   » Les sénateurs s’étonnèrent de la chaleur de ma harangue, mais l’applaudirent, dans l’espoir de me satisfaire   ; satisfait je le fus en effet, car ce fut pour la vieille Briséis le moment le plus glorieux de son existence et les applaudissements semblaient destinés aussi bien à elle qu’à moi. Elle se mit à pleurer et l’hommage qu’elle s’efforça de rendre à la mémoire de ma mère fut presque inaudible. Elle mourut quelques jours plus tard dans une pièce splendide du palais et je lui offris de somptueuses funérailles.
    Les titres qui avaient été volés à ma mère lui furent restitués et dans les grands Jeux du Cirque sa voiture défila dans la procession sacrée, tout comme celle de ma pauvre belle-sœur Agrippine. Le troisième festival que je créai était en l’honneur de mon grand-père Marc Antoine. L’un des plus brillants généraux de Rome, il avait remporté en Orient nombre de victoires remarquables. Sa seule erreur avait été de se brouiller avec Auguste après une longue période de collaboration et de perdre la bataille d’Actium. Je ne voyais pas pourquoi la victoire de mon grand-oncle Auguste devait continuer à être célébrée aux dépens de mon grand-père. Je ne voulais pas aller jusqu’à déifier mon grand-père, que de nombreux défauts disqualifiaient pour l’Olympe, mais le festival était un hommage à ses vertus guerrières et faisait plaisir aux descendants de ces soldats romains qui avaient eu la malchance de choisir à Actium le clan du vaincu.
    Je n’oubliai pas non plus mon frère Germanicus. Je ne créai pas de festival en son honneur, car j’avais en un sens l’impression que son fantôme n’aurait pas été d’accord. Pour un homme de son rang et de sa compétence, il était d’une modestie et d’une discrétion inégalées. Mais je pris une initiative qui selon moi ne pouvait que lui plaire. Un festival avait lieu à Naples, devenue colonie grecque, et pour le concours de la meilleure comédie grecque qui s’y déroulait tous les quatre ans, j’en proposai une, écrite par Germanicus et que j’avais trouvée dans ses papiers après sa mort. Elle avait pour titre Les Ambassadeurs et était écrite avec beaucoup de grâce et d’esprit dans un style qui rappelait celui d’Aristophane. L’histoire était celle de deux frères grecs, dont l’un commandait les troupes de la cité dans une guerre contre la Perse, tandis que l’autre était un mercenaire au service de la Perse. Le hasard les faisait arriver en même temps

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