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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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fuir Rome dès que la nouvelle de ma mort serait lancée   ; et les possédants afflueraient aux banques pour proposer des terrains et des maisons contre un paiement immédiat en or à un tarif très inférieur à leur valeur réelle. C’est ce qui se passa en réalité. Mais Hérode une fois de plus sauva la situation. Il alla trouver Messaline et la pressa de donner immédiatement en mon nom l’ordre de fermer les banques jusqu’à nouvel avis. Ce qui fut fait. Mais la panique ne s’apaisa que lorsque, ayant appris à Ostie les événements de Rome, j’eus dépêché à la cité quatre ou cinq membres de mon état-major –  des hommes honnêtes, dignes de la confiance des citoyens  – qui, montant place du Marché sur l’estrade des Orateurs, attestèrent qu’il s’agissait d’une histoire montée de toutes pièces par quelque ennemi de l’État pour servir d’inavouables desseins.
    Les aménagements du port d’Ostie me parurent tout à fait inadéquats. À dire vrai, le problème du ravitaillement en blé était des plus ardus. Caligula avait laissé les greniers publics aussi vides que le Trésor public. Ce ne fut qu’en persuadant les céréaliers de mettre en danger leurs vaisseaux et d’assurer même par mauvais temps le transport de leurs cargaisons que je réussis à assurer le ravitaillement de la saison. Ils furent largement dédommagés, bien entendu, de leurs pertes en navires, équipages et blé. Je décidai donc de résoudre le problème une bonne fois pour toutes en faisant d’Ostie un port sûr, fût-ce dans la tempête, et j’envoyai sur place des ingénieurs chargés d’étudier le problème et de mettre un projet sur pied.
    Mes premiers ennuis sérieux à l’étranger commencèrent en Égypte. Caligula avait donné aux Grecs d’Alexandrie la permission tacite de châtier les Juifs d’Alexandrie comme bon leur semblerait pour avoir refusé d’adorer sa Divine Personne. Les Grecs n’étaient pas autorisés à porter des armes dans les rues –  c’était la prérogative des Romains  – mais ils se livraient néanmoins à d’innombrables actes de violence. Les Juifs, dont beaucoup étaient collecteurs d’impôts et par conséquent impopulaires parmi les citoyens grecs plus pauvres et plus imprévoyants, étaient exposés à des humiliations et à des dangers quotidiens. Moins nombreux que les Grecs, ils ne pouvaient leur résister efficacement et leurs chefs étaient en prison. Mais ils firent parvenir des messages à leurs parents en Palestine, en Syrie et même en Parthie pour leur faire savoir leur triste condition et les supplier de leur venir en aide en leur envoyant secrètement des hommes, de l’argent et des munitions de guerre. Un soulèvement armé était leur seul espoir. Les secours arrivèrent en abondance et le soulèvement des Juifs fut prévu pour le jour de l’arrivée de Caligula en Égypte, où toute la population grecque en tenue de fête se presserait au port pour l’accueillir tandis que la garnison romaine au complet, formant une garde d’honneur, laisserait la ville sans protection. La nouvelle de la mort de Caligula eut pour effet de déclencher avant la date fixée une rébellion sans efficacité ni conviction. Mais le gouverneur d’Égypte, alarmé, me fit parvenir aussitôt une demande de renforts. Il y avait peu de soldats à Alexandrie même. Le lendemain, néanmoins, il reçut une lettre que je lui avais écrite quinze jours auparavant, où je lui annonçais mon accession au trône, ordonnais l’élargissement de l’alabarque et des autres notables juifs, ainsi que la suspension des décrets religieux de Caligula et de son arrêté pénalisant les Juifs, jusqu’à ce que je fus en mesure d’informer le gouverneur de leur complète abrogation. Les Juifs triomphaient et même ceux qui n’avaient pris aucune part à la révolte, s’estimant bénéficiaires de mon impériale faveur, crurent pouvoir se venger des Grecs en toute impunité. Ils tuèrent un grand nombre de ceux qui s’étaient le plus acharnés à les persécuter. Entretemps, je répondis au gouverneur d’Égypte en lui donnant l’ordre de faire cesser les troubles, par les armes si nécessaire   ; mais j’ajoutai qu’étant donné ma lettre précédente qu’il devait maintenant avoir reçue et dont j’escomptais un effet apaisant, je jugeais inutile de lui envoyer des renforts. Je lui déclarai que sans doute les Juifs n’avaient agi que poussés à bout et

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