Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
documents remis par son mystérieux et dangereux informateur, les meurtres produits des siècles plus tôt, ainsi que la soudaine apparition d’une fameuse gardienne... autrement dit : elle-même.
Son ventre émit un grognement de protestation car en dehors des deux cafés bus ce matin, elle n’avait rien avalé d’autre. Clio s’étira, les os de sa colonne vertébrale craquèrent. Éteignant l’ordinateur, elle reprit sa veste et la posa sur ses épaules.
— Je meurs de faim, nous ferions mieux de rentrer !
Prenant soin de ramasser toutes les informations qu'elle avait récoltées, elle quitta la salle, Hermès sur ses talons, remerciant Thomas Vockeur pour l’aide apportée.
Avant de sortir, elle se blottit contre son compagnon. Le retour fut aussi pénible que l’aller et c’est avec grande peine que Clio regagna son immeuble.
Hermès parvint néanmoins à la hisser jusqu'à la porte de l’appartement. Elle se laissa aussitôt tomber sur le canapé.
Entendant un petit bruit, semblable à celui d’un évier qui se débouche, Clio ouvrit un œil et constata qu’Hermès avait recouvré la forme d’un renard. Tout en bâillant, elle tira sur les couvertures, les montant jusque sous son nez.
— Tu pourrais au moins venir écouter tes messages, reprocha Hermès. À quoi te sert donc ton répondeur ?
— À ne pas avoir à parler aux enquiquineurs ! dit-elle avec agacement en se levant.
D’un pas traînant, elle se rendit dans la cuisine où elle alluma la gazinière et réchauffa un peu de soupe au poulet. Prenant un bol, elle appuya négligemment sur l’une des touches du répondeur : trois personnes avaient tenté de la joindre durant son absence.
Le premier message venait de son père. Celui-ci était parti une semaine plus tôt en Angleterre pour son travail. Depuis l’affaire d’Athènes, les liens entre le père et la fille s’étaient renforcés. Clio ne passait pas autant de temps qu’elle le voulait avec lui mais à présent, elle avait tous les deux jours de ses nouvelles. Comme à son habitude, il l’embrassait et lui promettait de la rappeler bientôt et de lui ramener un petit souvenir.
Lorsqu’elle entendit la voix du deuxième correspondant, son sang ne fit qu’un tour et son cœur se mit à battre avec plus de rapidité qu’à l’ordinaire. Ses joues se teintèrent d’une jolie couleur rosée. Morgan la grisait tel un alcool, mais, bien sûr, pas question de l’avouer ! Ils étaient devenus de plus en plus proches, malgré ses tentatives pour le garder éloigné d'elle.
Depuis qu’elle connaissait son statut d’Esprit Ancien, elle cultivait le plus grand mystère autour d’elle. Clio s’était fait une règle de ne pas se lier davantage avec cet homme... qui pourtant lui avait volé son cœur. Esprit Ancien, ces deux petits mots avaient totalement bouleversé son quotidien lorsqu’elle avait eu dix-huit ans ! Synonyme de dieu pour les mortels, ils caractérisaient sa véritable nature.
D’après ce qu’elle comprit, Nicolas avait envoyé Morgan à l’autre bout du pays – formulation très exagérée pour un aller-retour au Mans ! Amusée de l’image de martyr qu’il se donnait, elle nota son numéro avant de se rendre compte qu’elle le possédait déjà. Au cas où elle voudrait le joindre...
Le troisième message venait de la faculté de médecine et lui annonçait que le médecin qu’elle souhaitait voir depuis trois semaines pour l’un de ses articles venait enfin de se libérer et lui donnait rendez-vous pour le lendemain matin, vers neuf heures trente.
L’odeur de brûlé rappela à Clio la casserole abandonnée sur le feu. D’une main, elle tenta de sauver le peu qu’il restait de la soupe, tandis que de l’autre, elle confirmait par téléphone le rendez-vous avec le médecin.
Elle alla ensuite s'installer avec son repas sur le canapé et s'emmitoufla dans les couvertures. Heureuse que ce soit son jour de repos, Clio vida son bol, le posa sur la petite table basse, et après s'être confortablement calée, ne tarda pas à s'endormir. En dépit de sa lassitude, son cerveau ne la laissa pas en paix, elle fit plusieurs cauchemars qui avaient tous pour seul sujet la Bête du Gévaudan.
Une goutte de sueur glacée lui coula le long de la colonne vertébrale. Arrachée à son lit – elle ne se souvenait même pas s’y être couchée – elle pénétra d’une démarche chancelante dans la salle de bain. Là, elle posa une main
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