Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
présentait une plaie béante au niveau du buste d’où coulait un filet de sang et, près d’elle, se trouvait une inscription écrite en grec ancien, que Clio n’eut aucun mal à déchiffrer.
L’heure approche où les serviteurs de la déesse céleste sortiront des ténèbres.
Lorsque la lune sera pleine et qu’elles seront alignées,
Le sang des mortels coulera, les âmes prisonnières lui seront offertes en sacrifice,
Elles lui donneront la force dont elle a été privée des siècles durant.
Son esprit ivre de puissance brisera alors les chaînes qui la retiennent
Prisonnière de son tombeau de pierre.
Clio lut et relut plusieurs fois le couplet, enregistrant les moindres détails. Elle devait au plus vite contacter Janus pour lui apprendre ce qui venait de se passer. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir, son regard fut attiré par quelque chose qu’elle n’avait pas vu de prime abord. Elle s’avança. Le cadavre crucifié reposait au centre d’un cercle tracé avec son sang. Il n'y avait plus rien à faire pour cette pauvre femme, dont la vie avait déserté le corps. Clio s'approcha donc du tableau.
Elle se vit soudain debout, au milieu de cadavres. Ceux-ci étaient aussitôt remplacés par des êtres qui se combattaient, leurs visages déformés par la soif de tuer ; puis ce fut une silhouette au sommet d’une colline les poings brandis vers le ciel, qui hurlait et riait. Quand elle se tourna vers elle, Clio vit une lueur de folie briller dans son regard sauvage.
— On ne peut pas l’abandonner comme ça ! s’exclama une des élèves, ramenant Clio à la réalité.
— Il ne faut toucher à rien ! répondit un des professeurs dont la voix tremblait et s’étranglait à moitié dans sa gorge.
Avant que l’enseignante ne soit accrochée ainsi, l’assassin avait pris soin d’apposer sa marque, en signature. Le dessin ensanglanté lui rappela aussitôt celui de son rêve : de chaque côté du corps, deux dragons cherchaient à s'entrelacer, leurs griffes donnant l'impression de se planter dans la chair de la pauvre femme. Maintenant, elle était sûre qu’il ne s’agissait pas de l’œuvre d’un dément.
Plusieurs gémissements et des sanglots résonnèrent dans la pièce mais Clio n'y prêta aucune attention, absorbée par son examen minutieux de la malheureuse. Elle remarqua alors un tatouage au niveau de son avant-bras. Une minuscule tache noire qui représentait une chouette.
— Un Athanor, comprit-elle tandis que son sang se glaçait dans ses veines.
Les hurlements de ses visions reprirent dans sa tête, pour lui faire comprendre que, quoi qu’elle fasse, elle ne pourrait jamais échapper à ce qui l’attendait.
La porte s’ouvrit et se referma avec tant de brusquerie qu’Hermès n’aurait pas été étonné de voir les toiles accrochées aux murs se fracasser sur le sol. Clio, véritable furie, arracha veste et sac pour les jeter sans le moindre ménagement sur le canapé d'où Hermès sauta pour éviter d'être assommé.
— Pour l’amour de Zeus ! Qu’est-ce qui te prend ?
— Appelle Janus tout de suite !
— Mais…mais...
— Il n’y a pas de mais qui tienne ! Fais-le ! ET TOUT DE SUITE !
Les oreilles du renard se couchèrent sur son crâne face à la colère de sa protégée. Jamais il ne l’avait vue dans un état pareil ! Il sut qu’il ne servirait à rien de discuter pour la calmer. Obéissant, il porta sa patte à son collier en forme de serpent et celui-ci s’illumina. Quelques secondes plus tard, Janus apparut.
Lorsqu’il aperçut Clio, le vieux dieu se tourna vers Hermès, prêt à le réprimander car il lui avait bien spécifié qu’il ne devait jamais faire appel à lui en présence de la Muse. Toutefois, à leurs têtes, il comprit bien vite qu’il s’était passé quelque chose de grave.
— Qu'y a-t-il ? demanda-t-il de sa voix bourrue.
— Je veux savoir qui est la déesse céleste ! lâcha sèchement Clio, les bras fermement croisés sur sa poitrine.
Les deux Esprits Anciens affichèrent la même stupeur mais Janus se reprit le premier, comme à son habitude. Il posa un regard sévère sur la jeune femme, le même qu'il aurait offert à une enfant prise à chaparder.
— Qui t’a parlé de cela ? Et n’oublie pas à qui tu t’adresses !
— Un fantôme qui a tenté de me tuer. Ensuite, il y a eu une enseignante crucifiée dans sa salle de classe et un message en lettres de sang accompagné d’un
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