Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
électrique le frappa ; tous ses sens s'éveillèrent lorsque le parfum délicat de Clio l’enveloppa. Encore une fois, il fut tenté de la prendre dans ses bras ; leur proximité lui rappelait les sentiments qu’il avait éprouvés dans les escaliers du journal. À ce moment-là, il n’avait pu se retenir de savourer le contact soyeux de sa peau et l’odeur fruitée de sa chevelure. L’envie de l’embrasser à nouveau lui fit bouillir le sang.
— Morgan, tu rêves ? l’interrompit l’intéressée devant son manque de réaction.
— Heu… oui… désolé… heu… Où en étais-je ?
— Tu voulais me montrer les papiers chipés au patron.
— Je n’ai rien volé ! se défendit-il en les lui donnant.
— Pourquoi Nicolas ne nous aurait-il pas mis au courant de tout ceci ? s’étonna la jeune femme.
— Parce qu’il suppose, comme moi, que ce n’est rien d’autre qu’un canular, répondit Morgan. Si une telle créature faisait de nouveau des ravages à notre époque, on en aurait entendu parler.
— Sauf si notre gouvernement nous dissimule des informations, fit Clio tout en parcourant les fiches.
— Ne me dis pas que toi aussi tu penses comme Nicolas ! C’est ridicule et tu le sais bien !
— Il y a beaucoup de choses qui ne s’expliquent pas, Morgan, affirma Clio.
— Non ! Tout s’explique ! répondit-il en calant son dos contre la banquette. Il n’y a que ceux qui ne veulent pas voir !
« Que penserait-il s’il apprenait que je suis la réincarnation d’une déesse ? »
Elle commença à éplucher un à un les mystérieux documents. En dehors de certains éléments, il s’agissait des mêmes informations que celles transmises par Remus. Il y avait en plus les rapports d’autopsie… Clio ressentit soudain une bouffée de colère contre l’instigateur de tous ces crimes. Comment pouvait-on arracher ces personnes à leurs familles, leurs amis, leurs vies ?
Ses yeux se mirent à picoter sous la brûlure des larmes qui montaient, mais elle n’avait pas le temps de pleurer sur le sort de ces malheureux, et surtout pas devant Morgan. La seule chose à faire pour les victimes était de retrouver leur assassin et de l’empêcher de recommencer.
Les rapports d’autopsie étaient au nombre de trois, ce qui, d'après la journaliste, était déjà trop. La première victime était une étudiante de dix-neuf ans du nom de Lucie Malaval. Disparue le 3 du mois alors qu’elle revenait chez elle pour les vacances. Son corps décapité avait été découvert deux jours plus tard aux abords du bois bordant le mont Mouchet. En revanche, la tête n'avait pas été retrouvée. Elle avait également été éventrée, ses entrailles, son foie et un poumon avaient été dévorés par un animal.
La deuxième disparition fut signalée le 8 du même mois, soit trois jours après la découverte de la première victime. Christine Wilmes, cadre commercial de vingt-quatre ans, n’était pas rentrée de son travail. Elle fut trouvée le lendemain par le chef de gare, entièrement dénudée, décapitée elle aussi. Par contre, la tête avait été déposée à deux cents mètres du cadavre ; le visage entièrement déchiqueté était méconnaissable. Sa jambe droite et son bras gauche, quant à eux, avaient été arrachés.
Le dernier et le plus terrible fut l’enlèvement du petit Michel Thibaut qui n’avait que quatre ans, alors qu’il jouait dans son jardin. James Pousse, un passant, trouva l’enfant lors de sa promenade quotidienne au bord de la rivière qui longeait le village en contrebas. Bien que disparu depuis seulement trois heures, ses membres avaient été entièrement lacérés, ses organes génitaux et son cœur dévorés… Sa tête ornait sa poitrine ouverte.
Lorsque Clio eut fini de lire, elle leva les yeux vers Morgan. Celui-ci affichait une expression sérieuse qu’elle voyait rarement. Il se saisit des feuilles et les rangea dans le porte-document qu’il remit dans son sac de voyage. Après quoi, il remonta le col de sa veste sur sa nuque, s’installa confortablement et étendit ses pieds sur la banquette en face de lui. Clio ne put retenir un éclat de rire.
— Mmm ? interrogea Morgan sans bouger.
— Bon sang, Morgan ! Il ne te manque plus que le chapeau et les lunettes noires pour incarner le parfait détective, se moqua Clio.
— Mais ne le saviez-vous pas, très chère ? Je suis détective et je m’appelle Holmes, Morgan Holmes. Je suis chargé
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