Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
remis cette enveloppe.
— Remus ? Tu ne parles tout de même pas de Remus Abberline ?
— Si, répondit Clio sans le regarder.
— Comment ça, « Si » ? s’emporta Morgan. Bon sang, Clio ! Ce type est un assassin et toi, tu ne le dénonces même pas ! Tu vas même prendre un café avec lui ! Je te rappelle qu’il a tenté de te tuer !
— Je n’ai aucun compte à te rendre Morgan ! tonna-t-elle tout en lui décochant un coup d'œil meurtrier.
Il s’apprêtait à répliquer mais elle se leva et sortit du compartiment, le laissant seul à nouveau. Furieux, les sourcils ne formant plus qu’une seule ligne sous le coup de la contrariété, il s'affala lourdement sur la banquette et son regard absent s’évada par la fenêtre.
Était-il possible que Clio se soit éprise de cet homme ? Cette seule pensée le rendait malade mais il ne voyait pas d’autre explication au fait qu’elle se bornait à protéger ce type. Une pierre tomba dans son estomac ; non, elle ne pouvait pas en être amoureuse ! Sans qu’il sache pourquoi, il percevait le mystère les liant. Décidé à en avoir le cœur net, il partit la rejoindre.
Clio était debout dans le couloir ; le cœur de Morgan fit un bond dans sa poitrine. Dans la faible lumière de l’hiver, elle était encore plus belle, à la fois forte et fragile. Il alla poser ses mains sur ses épaules, qu’il sentit se raidir.
— Clio… Je... Je dois… Je veux savoir… demanda-t-il d’une voix si basse qu'elle en frémit.
— Quoi donc ?
— Tu le sais très bien, répondit avec calme Morgan. Est-ce que tu es amoureuse de Remus Abberline ?
— Non ! Bien sûr que non ! affirma-t-elle sans la moindre hésitation. Non, je n’aime pas Remus Abberline !
— Tant mieux alors !
Leurs mains se joignirent une nouvelle fois. Morgan effleura son visage de ses lèvres. Bien que la raison lui ordonnât de le repousser, elle n’en fit rien… Au moment où ils s’apprêtaient à s'embrasser, le contrôleur du train arriva dans le couloir.
— Nous arrivons ! N’oubliez rien dans votre compartiment !
Les deux jeunes gens rougirent comme des enfants pris en faute puis, après avoir échangé un coup d'œil complice, ils éclatèrent de rire et retournèrent rassembler leurs affaires.
Lorsque le train s’arrêta et qu’ils descendirent, Clio fut soudain frappée par une étrange sensation : elle sentait peser sur elle le regard d’un être à l’aura puissante et sombre. L’ennemi savait qu’elle était là.
Le vent qui soufflait frigorifia Clio jusqu’au sang ; en l'entendant gémir, Morgan s’approcha d’elle et passa un de ses bras autour de ses épaules pour lui communiquer un peu de sa chaleur, puis ils filèrent s'abriter sous un proche. Le jeune homme secoua la tête, ses cheveux trempés lui collaient au front.
— Je croyais que Nicolas avait dit que quelqu’un nous attendrait ?
— C’est… ce… ce qu’il nous a dit, répondit Clio en claquant des dents.
— Je suppose que nous allons devoir prendre un taxi. Est-ce que je peux te laisser seule une seconde ?
— Po… pour... quoi… c… cet... cette… question ?
— Parce que d’habitude, je ne peux pas t'abandonner cinq minutes sans que tu t’attires des ennuis, sourit Morgan.
Pour toute réponse, Clio lui tira la langue et Morgan éclata de rire.
Alors qu’il relevait le col de sa veste pour se protéger, et s’apprêtait à partir à la recherche d’un taxi, ils virent un homme s’avancer vers eux au pas de course. Celui-ci s’arrêta à leurs côtés, à bout de souffle, une main sur ses côtes endolories.
— Excusez-moi, vous êtes bien les journalistes de l’Opéra ?
— Oui, en effet. Je me présente : Morgan Chevalier, et voici ma co-équipière, Clio Kelly.
— Enchanté, je me nomme Romain Judas !
— Par… pardonnez-moi… si… je me montre grossière… mais… ne pourrions-nous pas… reprendre cette conversation dans un endroit un peu plus chauffé ? supplia Clio qui grelottait de plus belle.
— Oh oui ! Bien sûr ! assura Romain. Suivez-moi !
Leurs valises en main, ils se dirigèrent vers une voiture garée à proximité. Une fois assise sur la banquette arrière, Clio se détendit un peu, tout en maudissant le froid ambiant.
— Nous allons patienter une dizaine de minutes, annonça Romain.
— Et pourquoi ? l'interrogea Morgan en fronçant les sourcils.
— C’est à chaque fois la même chose quand un train
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