Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
dans son cou, tandis qu'il l'attirait toujours plus profondément sur lui.
— Je te veux Clio, je veux être en toi à chaque instant, que nos deux corps ne soient qu’un, comme le sont nos âmes. Je ne suis plus la main droite de Dieu, je suis devenu Lucifer ! L’ange de lumière. Mon amour, laisse-moi t’aimer ! cria-t-il dans un râle quand il s’abandonna à elle.
La Muse se serra davantage contre lui et obtempéra, avec ce désespoir auquel elle n’était pas habituée. Le long de ses joues, des larmes se mirent à couler…
Clio, stupéfaite, suivait la scène sans en perdre la moindre miette. Alors que son cœur s'emballait sous le coup de ces nouvelles informations, la falaise se volatilisa et les ténèbres revinrent l'envelopper.
— Non ! Je veux savoir ce qui s’est passé ! Qui est-il ? Pourquoi et qui avons-nous trahi ?
Seul l’écho de sa voix lui répondit ; elle se replia sur elle-même en position fœtale et une violente douleur la traversa, comme si on l’empalait. Un hurlement s’échappa de ses lèvres, la souffrance devenait de plus en plus intense à chaque minute, à tel point qu'elle souhaita mourir pour ne plus la ressentir.
— Clio ! Réveille-toi ! hurla une voix qui perça l'obscurité.
Ce fut le contact des mains froides encadrant son visage qui l’arracha à son supplice. Le corps en sueur, renversée sur le dos, elle percevait la dureté du sol sous elle, ce qui acheva de la rassurer. Elle croisa alors les yeux bleus de Morgan et les fixa, comme si c’était la seule chose qui pouvait l’empêcher de sombrer.
— Est-ce que votre amie va bien ? interrogea une voix qu’elle ne connaissait pas. Vous voulez que j’appelle quelqu’un ?
— Non, elle s’est réveillée, tout est en ordre à présent. Elle a sûrement fait un cauchemar, merci pour votre aide.
Elle entendit la porte se refermer, ses membres furent soudain pris de tremblements incontrôlables. Morgan glissa ses bras autour d’elle et l'étreignit tout en la berçant jusqu’à ce qu’elle recouvre son calme. Sans même se rendre compte de ce qu’elle faisait, Clio s’accrocha à son cou, à l'image du naufragé à sa bouée. Morgan ne put masquer sa surprise mais il répondit à ses caresses. Le contact des lèvres de Clio sur les siennes enflamma ses sens.
Peu à peu, ils s’abandonnèrent à la passion. Les mains de Morgan se firent plus audacieuses, effleurant avec tendresse son flanc. Toutefois sa raison reprit vite le dessus et il repoussa sa compagne avec douceur.
— Excuse-moi, Clio, comment tu te sens ?
— Ça va, répondit-elle honteuse de s’être comportée ainsi.
Elle s’écarta et se releva.
— Je vais me passer un peu d’eau sur la figure.
Elle quitta le compartiment en courant presque, les joues en feu, et s’enferma à double tour dans les toilettes. Là, elle ouvrit le robinet d’eau froide, mit ses paumes en coupe et s'aspergea d'eau. Le reflet renvoyé par le miroir lui causa un choc : les pommettes étaient rougies, ses lèvres gonflées par les baisers de Morgan… Elle les effleura du bout des doigts au souvenir du goût de celles de son compagnon.
— Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?
Elle n’eut pas le loisir de s’interroger davantage car un passager lui cria de se dépêcher. Jetant un regard meurtrier à la porte, elle se mordit l’intérieur de la joue, éprouvant la furieuse envie d’envoyer au diable la personne qui tambourinait. Finalement, elle opta pour une serviette en papier, s'essuya et sortit des sanitaires.
En revenant dans leur wagon, elle trouva Morgan absorbé par la lecture des documents subtilisés à Nicolas. Lorsqu’il entendit la porte se refermer, il leva les yeux sur Clio et n’eut aucun mal à comprendre sa gêne. Préférant aussitôt éviter des excuses qui les blesseraient tous les deux, il choisit de lui soumettre la question qui lui trottait dans la tête depuis qu’ils avaient quitté Paris.
— Dis-moi, Clio, comment se fait-il que, lorsque le patron nous a parlé de l’affaire, tu n’as pas eu l’air surprise ? Tu étais déjà au courant, pas vrai ?
Ne voyant aucune échappatoire, elle se contenta d’acquiescer. Elle reprit sa place, replia ses jambes sous elle et les ramena sous son menton.
— J’avais déjà eu ce dossier en main. Enfin, en partie.
— Et comment était-il arrivé en ta possession ? s’étonna Morgan.
— Remus. Il m’a donné rendez-vous dans un café et m’a
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