Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
ça ! Une fois que les gens liront cet article, ils vont se lancer dans une véritable chasse à la bête ! Imagine qu’ils la rencontrent ! Il y aura encore plus de morts !
Se laissant tomber sur une chaise, la journaliste sentit une sueur froide couler le long de son dos, une boule se forma dans sa gorge à l’idée qu’une manticore puisse errer dans les parages. Ces monstres possédaient un corps rouge et velu qui rappelait la silhouette d’un lion, leur tête avait forme humaine tandis que leur queue de scorpion était hérissée de piques empoisonnées…
— Je ne m’étonne plus qu’ils aient choisi une de ces crétines de Muses pour jouer les doublures ! lui jeta à la figure Alexia.
Elles étaient si proches l’une de l’autre que Clio respirait son haleine de menthe poivrée qui acheva de lui donner mal au cœur. La colère décupla ses forces, elle repoussa sa rivale sans le moindre ménagement ; le souffle court, sa raison vacilla.
— Parce que tu crois que les Néréides sont plus dignes ? De toute façon, ce sera à Janus de nous départager ! Et de décider laquelle de nous sera l’Élue !
Une odeur de lys se répandit soudain dans la salle sans qu’aucune des deux femmes ne puisse en identifier la provenance. Alors qu’Alexia se laissait retomber sur sa chaise vidée de ses forces, Clio se traîna hors de la pièce. Une fois dans le couloir, elle s’adossa à la porte qu’elle avait refermée, les paupières closes.
Son cœur s’emballait dans sa poitrine, des gouttes de transpiration apparurent sur son visage, tout tournait autour d’elle. Malgré la faible température, elle avait l’impression que son sang bouillonnait dans ses veines. Le besoin impérieux de quitter cet endroit la saisit ; elle gagna l'extérieur d'une démarche chancelante et demanda à ce qu'on la raccompagne.
De retour à l’hôtel, elle fut prise de tremblements incontrôlables, la pièce se mit à tanguer et, avant qu’elle ne puisse se rattraper à quoi que se soit, elle s’écroula sur le sol.
— Hermès ! appela-t-elle d’une voix faible.
La fenêtre entrouverte lui indiqua qu’il était sorti chasser. Sa main se serra sur sa poitrine qui lui donnait l’impression de vouloir s’ouvrir pour en expulser le cœur. Un frisson glacé s’empara d’elle, des points noirs dansèrent devant ses yeux. Dans un ultime effort, elle réussit à poser ses doigts sur son médaillon.
— Clio ! cria une voix au-dessus d’elle.
La jeune femme fut soulagée que Janus ait entendu son appel. En dépit de son âge, le dieu la souleva sans la moindre difficulté, comme si elle ne pesait pas plus qu’une plume.
— Surtout ne bouge pas ! ordonna-t-il.
D’une main, il traça un cercle sur le sol et, à chaque extrémité de celui-ci, une bougie de couleur blanche apparut.
— Tout se passera bien, lui assura-t-il en la plaçant au centre du cercle.
Oh Toi, Sombre et Douce Mère Gaia
Toi qui as engendré tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera
Toi qui as suivi telle une ombre toutes les épreuves et les joies de ma vie
Toi qui dispenses à ton gré Vie ou Mort, Bonheur ou Malheur, Épreuves ou Récompenses.
À Toi qui souffres aujourd'hui de la bêtise et de la cupidité de tes enfants
Qui n'ont pas su se souvenir des enseignements que tu leur avais prodigués
Et qui, en récompense de la vie que tu leur as accordée, ne t'ont payée en retour que par des blessures et des souillures.
À Toi qui, malgré les balafres que t'ont laissées tes fils, restes à mes yeux la plus belle, la plus grande et la plus aimante
À Toi qui restes mon Étoile, même lors de tes colères et de tes fureurs,
À Toi que j'aime, à la fois Sombre Mère et Grande Déesse
À Toi dont le visage si doux est sans âge
Et dont le regard s'est posé de nombreuses fois sur moi avec tendresse,
Parfois avec tristesse lorsque mes pas me portaient vers la haine plutôt que vers l'amour
À Toi qui sans relâche m'as ouvert les bras, sans faillir une fois
Lorsque arrivant jusqu'à toi, pantelant, j'étais venu chercher dans ton sanctuaire
Un peu de repos après chaque bataille
À Toi qui m'as rattrapé bien des fois, au bord du gouffre,
Lorsque les combats de mon esprit contre les Voiles avaient détruit en moi jusqu'à l'espoir
À Toi dont les bras m'ont servi si souvent d'asile lorsque la mort et la folie me guettaient
À Toi dont l'amour et la tendresse ont ravivé si souvent en moi
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