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Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

Titel: Clio Kelly et l'éveil de la gardienne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Angélique Ferreira
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entrèrent dans le restaurant, Romain et Anthony constatèrent avec surprise que la salle était déserte. Assise dans l’ombre, une jeune femme d’une vingtaine d’années s’approcha d’eux ; fine et élancée, une chevelure d’un vert sombre coupée à la garçonne, des yeux noirs. Clio ne put s’empêcher de la comparer à une mante religieuse.
    — Bonjour ! lança-t-elle d’une voix plus aiguë que la moyenne. Soyez les bienvenus ! Une table pour cinq ?
    Sa façon de se déplacer évoquait plus une glissade qu’une marche ordinaire. Elle les conduisit jusqu'à leur table où Alexia en profita pour se placer entre Morgan et Clio. Chaque fois que la serveuse posait les yeux sur elle, Clio avait la désagréable impression de se retrouver face à une vipère prête à mordre, mais elle en comprit vite l’hostilité lorsqu’elle vit que Romain s'était installé à ses côtés. Elle se mordit les lèvres pour ne pas rire de la jalousie futile de la jeune femme.
    — Puis-je noter vos commandes ?
    — Toujours aussi belle, Anaïs, dit Anthony. Je te prends pour déjeuner, si tu n'y vois pas d’inconvénient…
    L’expression qui se peignit sur les traits de Romain déclencha l’hilarité de toute la tablée.
    Tandis que chacun choisissait son plat, Clio observa Anaïs. Lorsque celle-ci se baissa pour ramasser l’une des cartes de menu, elle aperçut sur son cou une étrange marque. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait d’un serpent enlacé dans un éclair. Sans savoir pourquoi, ce dessin était familier à Clio, même si c’était la première fois qu’elle le voyait.
    Soudain, une lumière blanche l’éblouit, comme sortie d’un lointain souvenir ; une odeur de sang la prit à la gorge et ce même goût horrible lui monta jusqu’aux lèvres. Ce parfum collait à cette femme, son aura était d’un bleu virant vers le noir, qui ne rassurait en rien la Muse.
    Clio se réfugia dans ses sombres pensées. Pourquoi cette femme, qu’elle n’avait jamais vue de sa vie, lui apparaissait-elle comme une menace ? Et pourquoi ce tatouage qu’elle portait sous la nuque provoquait chez elle un tel malaise ?
    — Tiens, la neige retombe.
    La journaliste se laissa hypnotiser par le paysage enchanteur. Quel dommage que sa fragilité ne lui permettait pas d’en profiter autant qu’elle le désirait. Cette peur et cette douleur qui la paralysaient remontaient à l’enfance : déjà, lorsqu’elle était petite, Clio se réfugiait dans les bras de sa mère sous une épaisse couverture. Là, elle posait sa tête sur ses genoux et la laissait lui caresser les cheveux pour apaiser son mal.
    — Vos plats sont prêts, Messieurs, Dames ! annonça Anaïs d’une voix enjouée en déposant les assiettes sur la table. Bon appétit !
    — Reste avec nous, s’exclama Romain, le restaurant est vide, tu n’as donc pas grand-chose à faire.
    — Pourquoi pas ! dit Anaïs en prenant place à côté du journaliste, qui ne cacha pas sa satisfaction.
    — C’est vraiment calme par rapport à d’habitude, observa Anthony.
    — Depuis que cette fichue créature est apparue, les gens ne viennent plus visiter le village. Même les habitants n’osent plus déjeuner après la messe, se plaignit-elle. Tout le monde reste bouclé chez soi !
    — La Bête est-elle déjà venue jusqu’ici ? interrogea Morgan.
    — Oh non ! Heureusement ! Vous imaginez si elle s’attaquait directement aux gens, chez eux ! Tout le monde prendrait aussitôt la fuite !
    — Je ne pense pas qu’elle puisse s’aventurer dans le village, ajouta Anthony. Tuer une femme ou un enfant en plein bois est une chose, car la personne n’a aucun moyen de se défendre mais venir en ville la désavantage parce qu’il y a moins de possibilités de se sauver ; de plus, même s’ils sont terrorisés, les villageois tenteront d’aider la pauvre victime !
    — Mais à quoi ressemble-t-elle ? questionna Alexia. Depuis que je suis ici, je n’ai trouvé personne capable de me la décrire !
    — Elle est presque aussi grosse qu’une vache, son poil est roux, c’est la raison pour laquelle nous avons opté pour un lion enfui, au tout début. Les survivants disent qu’elle porte une sorte de raie sur le dos, comme des piquants.
    — Ce qui est le plus étrange, c’est qu’elle résiste aux balles.
    — Celles-ci rebondissent sur elle, plusieurs policiers lui ont tiré dessus, elle s’écroule

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