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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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en 1886. Les Parisiens, en chantant, courent « fêter, voir et complimenter l’Armée françai-ai-se ».
    Avec l’esprit revanchard à son apogée depuis l’humiliation de 1870, le 14 juillet va devenir, plus que la fête de la République, celle du patriotisme. Chaque élu ira de son refrain pathétique à la fin du défilé des enfants des écoles, après quoi l’on passera de la fête civique à la fête populaire. La fête est désormais dans la rue. Les jeux forains passionnent les foules. Des lampions allumés, ce sont ensuite des bals effrénés sur des estrades tricolores (de dix-huit bals ce jour de 1880, Paris en comptera mille deux cents en juillet 1914, avec jusqu’à trois orchestres par artère).
    Et, le soir venu, les feux d’artifice, autrefois réservés aux palais royaux, lancent dans le ciel de France les fabuleuses figures pyrotechniques mises au point au XVIII e siècle par les frères Ruggieri arrivés d’Italie.
    En 1919, après la victoire française, ce sera l’apothéose. La « Fête nat » est bien installée sur l’almanach des postes, au point que plusieurs pères de famille de nos territoires d’outre-mer, séduits sans doute par sa consonance, l’ont quelquefois donnée comme prénom à leur fille !
    COCHONS DE QUATRE-VINGTS KILOS
ET HERCULES DE CENT QUARANTE :
QUAND NOS ANCÊTRES FONT LA FOIRE
    « Peut-il y avoir rien de plus absurde qu’un homme robuste et énergique faisant à pied plusieurs milles et perdant une journée de travail pour vendre une douzaine d’œufs ou un poulet ? » s’interroge en 1788 l’Anglais Arthur Young, en visitant la France. Soixante ans après Montesquieu, il se demande finalement comment on peut être français, sans réellement chercher à comprendre les habitudes de ceux qu’il observe. En l’occurrence, parlant des foires de nos aïeux, il n’a rien compris.
    La foire, pour nos ancêtres, est un événement important, une obligation essentielle dans leur vie professionnelle. Au Moyen Âge, les premières foires sont organisées par les villes pour vendre leur artisanat aux vilains et aux paysans des campagnes à l’entour. Le commerce marche dans ce sens-là. Les campagnards n’y vendent pas grand-chose puisque la ville est émaillée de jardins et que les prés et les champs font partie de ses « faux bourgs ». Même les animaux sont présents et les rues sont aussi bien fréquentées par les hommes que par les poules, les cochons ou les chèvres. Peu à peu, le phénomène s’inverse. Les villes s’agrandissent, perdent leurs bêtes et leurs champs et c’est au tour des paysans de les alimenter par les marchés.
    La foire n’a jamais été
« sous » le pont !
    La foire, où nos ancêtres aimaient se rendre, est encore présente dans certaines de nos expressions, comme « faire la foire », « s’entendre comme larrons en foire », « la foire d’empoigne », expressions au sens assez clair. Elle est également présente dans « la foire n’est pas sous le pont », au sens, quant à lui, nettement moins évident.
    En fait, une fois de plus, on est ici en face d’une expression qui s’est altérée au fil du temps. À l’origine, en effet, elle disait au contraire que « la foire n’était pas “sur” le pont », autrement dit que l’on avait encore du temps devant soi.
    Pour bien la comprendre, il suffit de se remettre dans le contexte d’autrefois, quand la plupart des villes étaient ceintes de murailles, souvent dotées de pont-levis. Lorsque la foire prenait fin, bateleurs et vendeurs rassemblaient leurs affaires et chacun rentrait chez soi, en retraversant le pont. Lorsque la foire était « sur » le pont, il n’était par conséquent plus temps de s’y rendre…
    Les ponts, curieusement, semblent avoir souvent joué de malchance. La célèbre chanson « Sur le pont d’Avignon », sans doute plusieurs fois recopiée, avait, quant à elle, dit à l’origine « sous » et non « sur » le pont. Car c’était bel et bien sous l’arche subsistante du fameux pont, que l’on avait l’habitude d’aller danser…
    Au cours des siècles, les foires se multiplient pour essaimer jusque dans les villages, avec toute une hiérarchie de grandes et de petites foires, dont les dates sont connues de tous et rappelées dans les almanachs. L’année tout entière en est jalonnée, mais particulièrement en ce temps de septembre et d’octobre, où les paysans doivent vendre le fruit de

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