Comment vivaient nos ancêtres
est fier de son cochon. Avoir du cochon au saloir ou dans la cheminée est signe de richesse. Seul fait grise mine quelque benêt de village qui se sent lésé. Sur le chemin, il a trouvé un petit paquet bien ficelé, s’est précipité pour le récupérer mais n’a trouvé qu’une queue en tire-bouchon. Penaud, il peste, provoquant l’hilarité générale. « Ah, si je tenais seulement le cochon qui m’a fait ça ! » Après tout, il est bien le seul à avoir le droit de jurer au nom du cochon !
LE PÈRE NOËL ET SES RIVAUX :
UNE VICTOIRE INDISCUTABLE
Le « petit papa Noël qui descend chaque année du ciel avec des jouets par milliers » selon la chanson immortalisée par Tino Rossi, la bûche de Noël, la crèche, tout comme le beau sapin, roi des forêts, ont une longue histoire. Le nom même de la fête se perd dans la nuit des temps chrétiens. Vient-il d’une simple interjection d’allégresse : Noël ! Noël ! n’ayant d’autre valeur qu’Alléluia, ou bien du latin natalis dies qui signifie « jour de la naissance » évoquant l’anniversaire de la naissance de l’enfant Jésus ?
Mais une autre question se pose. Quand est né exactement cet enfant Jésus ? Aucun texte ne le précise, puisque dans l’Antiquité on ne juge pas utile de retenir la date de naissance, comme c’est le cas jusqu’à un passé très proche. Très tôt, donc, eurent lieu discussions et disputes acharnées sur la datation de cet événement. Les quelques passages de textes y faisant allusion laissent plutôt penser que la Nativité s’est produite au cours d’une saison douce. La controverse dure plus d’un siècle. Les uns retiennent le 18 avril, d’autres le 25 mars, un autre encore le 6 janvier, jusqu’à ce que, en 354, le pape la fixe d’autorité au 25 décembre, qui correspond à la dernière nuit du solstice d’hiver. Ce solstice est célébré depuis les temps les plus lointains par les fêtes païennes de Yule, du feu, de la lumière, ou de la Freya nordique, déesse de l’abondance et de la fécondité. Due au hasard ou au calcul, cette coïncidence fait de Noël la grande fête qui tend aujourd’hui à devenir universelle.
Un jésu, des saucisses !
S’il a toujours été couramment admis comme prénom au Portugal, Jésus, qui en hébreu signifie « Dieu sauve », fut rigoureusement interdit comme tel par l’Église de France, estimant que nul homme ne saurait être digne de ce nom. On se rattrappa en quelque sorte sur Noël, date à laquelle les Portugais souhaitent la fête à leurs Jésus, ou par Emmanuel, son presque parfait synonyme, puisque signifiant en hébreu « Dieu est avec nous ».
Mais l’Église ne s’arrêta pas là. Elle étendit ce tabou au nom du saucisson lyonnais et franc-comtois, qui de ce ce fait s’orthographie toujours non seulement sans capitale initiale mais encore sans « s » final. On dit ainsi « un jésu » de Morteau (ou de Lyon), pour se contenter, au pluriel, de parler de saucisses. Pourquoi ce nom de « jésu » ? Selon les uns parce que cette saucisse était emmaillotée comme l’enfant Jésus dans ses langes, selon les autres parce qu’elle était tout simplement confectionnée en période de Noël, temps qui était d’ailleurs classiquement celui au cours duquel on tuait le cochon.
Voyons maintenant le Père Noël. Au risque d’étonner, je peux presque dire qu’il a une généalogie. Depuis longtemps, en effet, les fêtes solsticiales, appelées saturnales par les Romains, sont prétexte à des distributions de cadeaux. Dans l’Europe du Nord, ce rôle revenait à Odin alors qu’à Rome la déesse sabine Stemia distribuait des cadeaux de bon augure qui sont à l’origine du nom de nos « étrennes ».
Au début de l’ère chrétienne, plusieurs saints se sont fait concurrence selon les pays et les régions : sainte Barbe en Autriche, sainte Catherine en Catalogne, les rois mages en Espagne. En France, on rencontre aussi plusieurs personnages. Dans les Flandres maritimes, c’est saint Martin qui vient avec son âne le jour de sa fête (11 novembre) et l’on a bien soin de laisser sur la table quelques choux et quelques carottes à l’intention de l’animal. Au matin, les légumes ont disparu et les enfants trouvent des fruits secs, qu’il est censé leur avoir laissé en échange. En Alsace, en Auvergne, en Franche-Comté, comme souvent en Bretagne, c’est le petit Jésus en personne qui apporte les
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