Comment vivaient nos ancêtres
jouets. En Nivernais et en Morvan, il faut attendre le Nouvel An pour que passe le Père Janvier, correspondant ailleurs à une vieille fée appelée tante Arie, personnification évidente de la vieille année qui se termine.
Dans le nord et l’est du pays, enfin, le rôle est attribué à saint Nicolas. Ce choix n’a rien d’étonnant car chacun sait que, depuis l’épisode de son arrivée chez le boucher pour sauver les trois « escholiers » que celui-ci avait écorchés et mis au saloir, le bon homme est le protecteur incontesté des enfants. Sa popularité, cependant, n’est guère ancienne. Ce n’est qu’avec les croisades que l’Occident découvrit cet évêque de Myre, en Asie Mineure, surtout lorsque ses reliques furent rapportées à Bar, en Italie. Là, un croisé lorrain, le sire de Varangeville, réussit à subtiliser une phalange du saint et à l’amener en Lorraine, où il fait construire la chapelle de Saint-Nicolas-de-Port pour quel l’on vienne l’y adorer. De là, son culte se répand dans les régions de l’Est et du Nord où on le charge des cadeaux pour les enfants. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, jour de sa fête, il se promène donc dans les airs, accompagné de son âne chargé de deux paniers, l’un rempli de friandises et l’autre de verges et de martinets. Seul ou aidé d’un croque-mitaine – les maîtres d’école semblent lui avoir inventé cet acolyte au XVIII e siècle sous le nom du père Fouettard –, il procède à la distribution des récompenses et des pénitences en descendant éventuellement par la cheminée, où il trouve les souliers ou les bas des enfants dormant pendant ce temps à poings fermés.
Mais point de Père Noël autrefois et point de sapin. L’un et l’autre n’apparaissent que récemment. Le Père Noël est né aux États-Unis de l’imagination de Clarke Moore, en 1822, à partir de saint Nikolaus, le saint Nicolas hollandais, popularisé là-bas sous le nom de santa Claus. Dès lors, son personnage et sa légende prennent corps. Symbole du froid et de l’hiver, le Père Noël porte un bonnet de fourrure et une vaste houppelande rouge, parfois bordée d’hermine ou de peau de lapin blanche. Symbole également de la vieille année qui s’en va, il est un grand vieillard à barbe blanche qui se déplace dans les airs sur un traîneau conduit par des rennes. Au nom de l’année qui arrive, il distribue aux enfants des jouets qui garnissent sa hotte à ras bord. Toutes les coutumes sont donc respectées mais également réunies et incarnées dans ce personnage de rêve que le commerce va se charger d’imposer.
Longtemps, il restera discret, ne pouvant, chez les familles pauvres, mieux faire que ses prédécesseurs, Janvier ou Nicolas, que bien souvent il ne parvient d’ailleurs pas à détrôner. L’enfant trouve dans ses souliers tout au plus un petit Jésus en sucre, une barre de chocolat ou encore une de ces délicieuses « pommes oranges », longtemps restées un fruit de luxe, que l’on n’offre que dans les grandes occasions. Chez les plus riches, on trouve parfois, comble du bonheur, quelques billes de verre ou une poupée de chiffon.
Avec le développement de la grande consommation et plus généralement l’évolution que connaît la France d’après-guerre, le Père Noël se répand. L’école, encore en opposition avec l’Église qui y voit une manœuvre pour effacer peu à peu la fête religieuse de la Nativité, se charge de le rendre populaire. En 1940 ou 1941, le curé de Clichy-sous-Bois placarde sur la porte de son église un quatrain contre le Père Noël et à la gloire du petit Jésus. Les mères de famille se mettent en colère et veulent porter plainte à l’évêché. En 1951, le clergé de Dijon brûle solennellement une effigie du Père Noël pour réagir contre son essor.
Aujourd’hui, le Père Noël s’est finalement imposé partout. Mieux, il a une adresse et un numéro de téléphone avec répondeur. Finalement, ne lui doit-on pas la nouvelle dimension qu’a prise cette fête de par le monde ? Fête de la trêve et de la réconciliation, Noël, aujourd’hui, fait rêver la planète entière.
SAPIN, BÛCHE ET LÉGENDES :
LES MERVEILLES DE NOËL
Le Père Noël n’apparaissant guère en France avant 1900, on peut dire que le sapin de Noël l’a précédé d’assez peu.
Sa parure qui reste verte en hiver lui a valu depuis longtemps d’incarner l’immortalité de la nature. Dans
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