Comment vivaient nos ancêtres
village.
Noël est aussi le temps d’une foule de traditions. Les enfants quêtent pour recevoir quelques étrennes sous forme de fruits ou secs ou d’œufs. Parfois, la quête est reportée au Jour de l’An. Les croyances veulent aussi que les morts reviennent cette nuit-là sur terre. Aussi, comme pour la Toussaint, on leur prépare volontiers à boire et à manger. Pendant que résonnent les douze coups de minuit, on dit que les rochers se déplacent pour faire entrevoir les trésors perdus dans leurs entrailles et que l’on peut entendre tinter les cloches des villes maudites englouties à jamais. Sans doute explique-t-on ainsi la croyance qui veut que les enfants nés ce jour-là ont le don de communiquer avec l’au-delà ! Une légion d’interdits accompagnent cette fête : interdiction de travailler, de cuire du pain, de faire la lessive, de filer, de coudre etc. Jusqu’à celle-ci, toujours très respectée : ne pas essayer d’entendre ce que se racontent les animaux. Le curieux qui le ferait risquerait d’apprendre sa mort prochaine. Car, en cette nuit de Noël, les animaux sont doués de parole. On dit même qu’à l’étable ils s’agenouillent parfois sur leur litière.
DE LA FÊTE DES FOUS À LA FÊTE DES SAGES
Dans les jours qui suivent Noël, parfois dès le lendemain, se déroule une curieuse fête, la fête des Fous, qui fait un tel scandale dès le Moyen Âge que certaines villes ainsi que des évêques l’interdisent. Cette fête est en effet celle de l’inversion, du désordre, des sacrilèges et ce jour-là, clergé en tête, de véritables orgies sont organisées dans les églises. Diacres, chantres, bedeaux et sacristains, bref tout le petit personnel clérical, s’en mêle pour, un peu comme à carnaval, y célébrer la négation de l’ordre et l’inversion des rôles et des rites. En vêtements souillés et déchirés, certains disent des messes à rebours, lisent les Évangiles à l’envers, et vocifèrent à tout moment des hi-han d’âne ou des paillardises. Dans certaines églises, on mange sur l’autel du boudin et des saucisses tandis que, dans les encensoirs, on brûle de vieilles chaussures. Ou chante des chansons obscènes. Les hommes s’exhibent nus et s’arrosent de seaux d’eau. Peut-être faut-il y voir un vieil héritage païen des saturnales romaines ? Quoi qu’il en soit, cette fête des Fous se termine souvent mal. Insultes et tapages conduisent certains au cachot, pendant que d’autres n’hésitent pas à s’en prendre aux croix ou aux divers objets de culte.
Heureusement, saint Sylvestre met fin à ce tapage, bien que l’habitude du réveillon que nous pratiquons aujourd’hui ne semble pas remonter au-delà de la fin du XIX e siècle. Il n’en reste pas moins que, dès l’installation de la nouvelle année, nos ancêtres n’ont pas besoin de klaxons pour laisser libre cours à leur joie. Le 1 er janvier, dès qu’il commence l’année, a tôt fait de se remplir de traditions. Des vœux de bonne année, souvent alliés à ceux de bonne santé et de « paradis à la fin de vos jours », sont distribués par les gosses de maison en maison, en quête là encore de quelque fruit sec ou autre menu cadeau. Les personnes qui ne donnent rien sont la risée du groupe et ont droit à une chanson bourrée de gros mots.
Les familles entières vont en visite. On commence par les grands-parents lorsqu’ils n’habitent pas sous le même toit. Autrefois, à Paris, trouver un fiacre libre ce jour-là tient de la gageure. Partout, la visite est ponctuée de repas ou plus simplement de verres au contenu variable : calvados, eau-de-vie, café, que l’on est tenu tant d’offrir que d’accepter. S’ajoutent toute une liste de prédictions à caractère météorologique, selon le jour où tombe le 1 er janvier. Si c’est un lundi, l’hiver sera commun et assez raisonnable, le printemps et l’été humides avec inondations, la vendange ne sera pas bonne mais les blés seront à juste prix. Les mouches à miel périront. Les impôts seront lourds, les dames de qualité seront tristes… Et chacun, connaissant tout cela, de le débiter lors des visites rituelles, souvent espacées sur une semaine entière.
En ville, la première semaine de l’année donne lieu à la représentation de Mystères, dont celui de la visite des Rois mages. Il n’est guère de fabrication plus complexe que celle de cet épisode. Seul saint Matthieu en parle dans son
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