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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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sans baptême, comme on se doit aussi de le purifier, autrement dit le laver du péché originel.
    Les premiers baptêmes chrétiens ont été donnés à des adultes par immersion dans l’eau comme saint Jean-Baptiste l’a fait pour Jésus. Sous l’influence de saint Augustin, il est remplacé par un baptême par aspersion que l’on accepte de donner aux enfants, lors du concile de Carthage, en 418. Mais le fait d’admettre le baptême des bébés ne va pas sans poser bien des problèmes. L’Église, entre autres, ne cesse de lutter des siècles durant pour obliger les parents à le faire administrer dans les trois jours suivant la naissance. Le concile de Trente met semble-t-il définitivement bon ordre à cela et, dès la fin du XVI e siècle, tous les baptêmes que peuvent étudier les généalogistes sont célébrés très rapidement après la naissance, presque toujours le jour même ou le lendemain (sans doute lorsque l’enfant est né pendant la nuit), rarement le surlendemain, sauf peut-être pour éviter le vendredi. L’Église, d’ailleurs, ne plaisante guère : dans le diocèse de Toul, des parents négligents qui dépassent ce délai risquent de se voir ni plus ni moins excommuniés.
    La première conséquence de cette précipitation est que l’on n’a jamais affaire à une cérémonie très organisée. Il est par exemple impossible d’y inviter les parents géographiquement éloignés.
    La seconde est que, bien souvent, elle expose le nouveau-né à de nouveaux dangers. Il faut en effet fréquemment parcourir plusieurs kilomètres à pied pour se rendre à l’église de la paroisse, principalement dans les régions d’habitat dispersé. Et ce trajet s’effectue quelles que soient les conditions météorologiques. Pluie, vent, neige, gelée : rien n’arrête la petite famille en marche vers une église véritablement sibérienne en hiver, où c’est une eau glacée qui sera versée sur le front de l’enfant. La situation est d’autant plus fréquente qu’il y a, alors, des saisons propices aux naissances. Pendant les périodes d’interdit comme carême et Avent, nos ancêtres ne se marient pas et ne font pas l’amour. La majorité des conceptions a par conséquent lieu entre avril et juin, d’où une large majorité de naissances et de baptêmes entre décembre et mars. En plein hiver !
    Naturellement, le bébé est langé et déjà protégé par des talismans. Pas de robe de baptême, sauf parfois le voile de mariée maternel, lorsque voile il y eut, qui tient lieu de talisman. En revanche, l’enfant porte souvent un bonnet, le « crèmeau », que l’on peut conserver à l’intention des suivants. En principe aussi, tous les vêtements sont blancs et parfois ornés d’un nœud blanc pour les filles ou rose pour les garçons.
    Ainsi équipé, le cortège part pour l’église. En tête se trouvent la sage-femme ou quelque voisine qui a aidé à l’accouchement et qui « porte l’enfant », puis le parrain et la marraine qui se donnent le bras, le père et éventuellement quelques autres parents, mais jamais la mère qui n’est pas encore « relevée » et ne saurait donc entrer à l’église. On a soin de prendre avec soi une cruche d’eau au cas où l’enfant décéderait en route, afin de l’ondoyer. On emporte quelquefois du pain et du sel que le prêtre bénira, et plus tard les dragées, que le parrain distribuera.
    Mais qui sont justement ce parrain et cette marraine, parfois pris sur le trajet, voire requis à la dernière minute ? Au Moyen Âge, l’usage est de donner deux parrains et une marraine à un garçon, et inversement à une fille. Sans doute cela s’explique-t-il par le rôle que ceux-ci s’engagent à jouer envers leur filleul sachant que la mort peut les « faucher » à tout moment. Bien que le concile de Trente abolît cette habitude, elle se perpétue jusqu’au XVII e siècle, le second parrain ou la seconde marraine étant alors souvent nommé le « babillard ».
    Tout le monde ne peut être choisi comme parrain ou marraine. Il faut être catholique et de bonne vie, ce que le célébrant doit apprécier. C’est ainsi qu’en 1829, à Dammartin, dans les Vosges, l’abbé Gilbert refuse la femme Bogard, publiquement accusée d’avoir de mauvaises mœurs ; le curé de La Chapelle-la-Reine (Seine-et-Mame) refuse également une « coureuse de bals », ou encore celui de Lompret, dans le Nord, renvoie un parrain, acquéreur de

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