Comment vivaient nos ancêtres
biens nationaux sous la Révolution.
Le choix de ces personnes obéit ensuite à maintes considérations sociales, familiales et juridiques. Généralement, les parrains et marraines de l’aîné des enfants sont les grands-parents, avec une priorité pour le grand-père de la maison où vit le jeune ménage si les deux générations cohabitent. Viennent ensuite les autres grands-parents, les oncles et tantes, les cousins germains puis, pour les cadets, les frères et sœurs aînés. Arrivent aussi parfois quelque châtelain ou notable, curé, régisseur, duquel on espère toujours une protection ou une éducation pour l’enfant, si ce ne sont quelques sols sonnants et trébuchants, comme on peut souvent en relever dans les testaments.
Le principe est donc de choisir soit des personnes âgées (grand-parent, oncle et tante, maître, etc.) soit, lorsqu’il s’agit de jeunes, contemporains du nouveau-né, de les prendre dans la famille très proche ou au contraire dans un milieu socialement éloigné. Le but de tout cela est en effet de ne pas réduire au baptisé son futur choix matrimonial, puisque l’Église interdit formellement au filleul d’épouser sa marraine, et à la filleule son parrain, sauf à faire lever cet interdit par une dispense chère et spécifique appelée une « fulmination ».
De la même façon le sacrement du baptême crée une « parenté spirituelle » ou une « affinité » entre le baptisé et ses parrain et marraine en même temps qu’il en crée une entre eux. Il convient donc de les choisir de manière à leur éviter tout risque de commettre ce qui serait un péché mortel : l’inceste de compatemité.
Parrain et marraine sont entre eux compère et commère et ne doivent point se « connaître charnellement ». Dans ce cas, précisent les croyances populaires, ils ne pourront jamais entrer en Paradis, « sauf si le filleul ne fait pénitence de plein gré successivement pour l’un et pour l’autre ». La règle vaut également entre le père du nouveau-né et la marraine, comme entre la mère et le parrain. Si ceux-ci venaient à coucher ensemble, les évangiles des Quenouilles nous disent qu’il ne manquerait pas de « tonner et faire orage en terre ou en mer ». On appréciera au passage la discrétion de la nature qui, si elle le veut, limitera son mécontentement au monde marin, là où personne ne sera informé.
Autre raison enfin de choisir des parrains et marraines jeunes : dans le cas où ils le sont pour la première fois, c’est assurément une garantie de bonheur et de prospérité pour le baptisé. Mais pour eux aussi, être choisi est un honneur, honneur qui comporte cependant des devoirs d’assistance et d’aide à l’enfant en cas de disparition des parents. En Bretagne, ils sont tenus de leur assurer refuge et nourriture, et ce sont eux et non les parents qui, le jour de son mariage, le conduiront à l’autel.
Quant au choix du prénom, quels en sont les critères et qui s’en charge ? Disons d’abord que le nom de baptême est très longtemps considéré davantage que le nom de famille. Jusqu’au XII e ou XIII e siècle il est le seul sous lequel nos ancêtres étaient désignés, avant que n’apparaisse un surnom et que ce surnom ne se fixe et devienne héréditaire pour se transmettre comme « nom de famille (9) ». Le prénom reste, des siècles durant, unique. Ce n’est qu’au XVII e siècle qu’une mode d’origine bourgeoise introduit un second prénom, parfois d’autres, habitude qui ne se répand guère dans les couches populaires avant le milieu du XIX e siècle. Les familles aristocratiques et de la grande bourgeoisie aiment souvent les multiplier à l’infini, tel ce couple de petits hobereaux picards qui dénomment leur fille, le 23 juin 1780 à Hailles (Somme) : Marie, Adrienne, Joséphine, Frédérique, Blanche, Éléonore, Aimée, Marceline, Arsène, Christine, Mélite, Zéphirine. Douze prénoms ! Les prénoms multiples compliquent la tâche des historiens des familles et des généalogistes, car, selon les régions, le prénom usuel peut être soit le premier soit le dernier.
L’Église a soin de contrôler l’éventail du choix. Seuls étaient admis les noms de saints inscrits au martyrologe ou au calendrier, auxquels s’ajoutent cependant nombre de dérivés (par exemple, pour Nicolas : Colas, Colin, Colinet…), parfois bel et bien admis pour prénoms. De même, la plupart des prénoms sont
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