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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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famille. « Pour ma naissance, ma mère a reçu dix poules » est déjà un beau palmarès que l’on claironne sa vie durant.
    Chaque visiteuse y va aussi de son compliment : vœu de bonheur – « Lou boun Dio lou vous gardo », en Languedoc – ou compliment rassurant certifiant la conformité au modèle familial – « La pomme ne tombe pas loin de l’arbre » –, ou encore, en Alsace, « Tel champ, tels navets ». Enfin, si l’enfant est par bonheur le septième garçon d’une lignée de garçons ou la septième fille d’une lignée de filles, on s’extasie devant les dons qu’il en tirera. C’est un « marcou » !…
    On se soucie alors peu du jour de la naissance que l’on oublie bien vite, faute de calendrier et de besoin réel de mesurer le temps. Et puis chaque ménage a tant d’enfants qui ne parviennent pas tous à l’âge adulte ! Ce détail ne compte donc guère aux yeux de nos ancêtres. À son mariage ou à sa mort, le curé notera dans son registre « âgé d’environ tel âge ». Tant pis pour les anniversaires ! De toute manière, il n’y aurait eu ni gâteau, ni bougies, ni cadeaux.
    Par contre, une mesure d’urgence s’impose. Tous ceux qui ont touché au péché de chair sont réputés impurs par l’Église et donc en état de péché mortel, à commencer par l’accouchée et bien sûr l’enfant, une fois de plus menacé des limbes. Il est largement temps de se préoccuper de leur purification. Il faut, sans plus attendre, penser au baptême du nourrisson, et plus tard aux relevailles de sa mère.
    Les curieux « bains de foule » royaux
    Un « marcou » était un « marqué ». Marqué par le destin, pour avoir reçu une « marque », autrement dit un signe, comme cela avait été, selon la légende, le cas de saint Marcouf ou Marcoul. Lui-même septième garçon d’une famille nombreuse avait trouvé dans cette situation le pouvoir mirifique de guérir les personnes atteintes d’écrouelles, maladie scrofuleuse d’origine tuberculeuse, se manifestant par des fistules laissant de larges cicatrices sur la peau.
    À leurs débuts, à la recherche de pouvoirs pouvant affirmer leur légitimité, les rois capétiens prirent l’habitude, au lendemain de leur sacre à Reims, de passer se recueillir sur le tombeau de ce saint, inhumé non loin de là, au prieuré de Corbeny, sur la route conduisant à Laon. On estimait que le saint, lors de cette visite, leur transmettait son pouvoir magique, qu’ils allaient ensuite utiliser pour guérir leurs sujets, en prononçant la formule rituelle « le roi te touche, Dieu te guérit ». De Louis X, en 1315, à Charles X, en 1825, tous agirent ainsi, avec un succès ne cessant de grandir : si François I er « toucha » ainsi plus de 1 000 malades par an, Charles IX dépassa les 2 000, Louis XIII atteignit les 3 000, en 1620, et l’on dit que Louis XIV, en un seul jour, alla jusqu’au nombre record de 2 400 !
    DEUX DANGERS DE LA NAISSANCE :
BÂTARDISE ET ABANDON
    Pendant longtemps il a été admis que tout seigneur peut librement séduire servantes, domestiques et paysannes qu’il croise sur son chemin. Il sait toujours avec quelle sérénade ou quel pâté de lièvre délicatement envoyé il va la rendre à sa merci. Il ne fait d’ailleurs qu’imiter en cela le roi, qui a une ou plusieurs maîtresses officielles. Les bâtards sont monnaie courante dans les familles nobles. Le duc de Clèves n’en a-t-il pas soixante-trois ? Personne ne s’en offusque et il est légal de leur donner des droits comme à des enfants légitimes, de les mentionner dans son testament, de les faire élever sous son toit avec ses autres enfants, voire même par sa propre épouse. Les régions du Sud comme le Béarn, le Périgord, le Quercy et l’Auvergne regorgent ainsi littéralement de bâtards.
    Dès le début du XVII e siècle, une réaction se fait sentir de la part des familles légitimes, qui limite largement les droits de ces enfants. Seul le roi conserve ses habitudes et ses privilèges. L’Église, condamnant l’adultère et le concubinage, les enfants illégitimes deviennent moins nombreux dans les familles aisées et se marginalisent dans les classes moyennes. À la fin du XVIII e siècle, l’illégitimité ne représente que 2 pour 100 des naissances. Elle est par ailleurs sévèrement contrôlée.
    En 1536, Henri II a publié un édit aux termes duquel les filles célibataires enceintes sont

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