Comment vivaient nos ancêtres
ne pas sortir « en cheveux », – le comble de l’impudeur. Elle est également présente à la séance d’habillage où les nombreux lacets, corsets, pressions, boutons, et agrafes en tout genre exigent son assistance. Jamais, cependant, elle ne s’abaissera à faire la lessive. La femme de charge et une lingère se répartissent cette tâche.
Au personnel de maison s’ajoutent souvent deux ou trois valets et un maître d’hôtel, sans oublier, si nécessaire, une nourrice – de préférence morvandelle, selon les critères de snobisme de l’époque. Reste enfin le personnel extérieur : un cocher, un palefrenier et un garçon d’écurie que remplace, avec l’automobile, un chauffeur-mécanicien, et, selon les besoins, un ou plusieurs jardiniers et basse-couriers.
De retour au village, tous ces gens s’empressent bien évidemment de parler faisant ainsi la réputation de leur maître et de leur maîtresse, qui est généralement assez bonne, du moins lorsque ceux-ci savent assumer leur rôle et leurs devoirs.
En revanche, il y a parmi eux un personnage de moins bonne renommée : le régisseur. Souvent puissant tant il a la confiance des propriétaires et le pouvoir sur les métayers, il les abuse parfois tous deux pour amasser de rondelettes fortunes sur leurs dos, jusqu’au jour où le châtelain ruiné lui vend ses terres pour une bouchée de pain, ou mieux encore lui donne sa fille unique en mariage. La vie de château n’est pas toujours aussi rose que la décrit la comtesse de Ségur…
VILLAGE ET PAROISSE :
L’UNIVERS FERMÉ
DE LA « GUERRE DES BOUTONS »
Jusqu’à la Révolution, tout est enchevêtré dans une mosaïque qui tient des meilleurs casse-têtes chinois. Les terres, les hameaux et les villages sont répartis entre différentes seigneuries qui se chevauchent et sont sources de querelles. Régulièrement, les propriétaires doivent faire dresser des « terriers » pour clarifier et affirmer leurs possessions.
Basée sur le château, la seigneurie n’est cependant plus, comme au Moyen Âge, la seule et unique unité administrative. La paroisse l’emporte peu à peu sur elle, surtout depuis qu’elle sert de circonscription fiscale pour la levée des impôts royaux. Ce sont d’ailleurs les paroissiens eux-mêmes qui s’en chargent, l’un d’entre eux étant nommé collecteur. La fonction n’a rien d’enviable : non seulement ceux qui l’exercent sont impopulaires mais ils sont responsables sur leurs propres deniers des sommes amassées ! De plus, la paroisse est une institution ancienne. Selon les pays et les types d’habitat, groupé au Nord et à l’Est, ou dispersé, voire disséminé ailleurs, elle coïncide avec un village ou rassemble plusieurs villages et hameaux, cela, bien souvent, en fonction de la fréquence des sources et des points d’eau. L’agglomération peut être née voilà des millénaires, ou bien, plus récemment, lors des grands essartages, ces défrichements des XI e et XII e siècles, comme au temps des « communes jurées », « villes-neuves » et « bourgs neufs » qui durent lutter pour s’affranchir du joug féodal. Dans la plupart des cas, son église est placée sous la protection d’un saint de qui elle tient son nom, soit en complément de l’ancien, parfois celtique ou préceltique (Saint-Lubin-de-Cravant, Eure-et-Loire ; Caubon-Saint-Sauveur, Lot-et-Garonne), soit à titre principal (Saint-Michel, Saint-Nazaire, etc.) avec d’éventuelles précisions pour distinguer des villages homonymes (Saint-Sernin-du-Plain et Saint-Sernin-du-Bois, distants de vingt-cinq kilomètres, en Saône-et-Loire). Peu à peu, le décor de nos ancêtres a changé. Si l’église et le château demeuraient et demeurent encore, le four, le moulin et le pressoir banaux du Moyen Âge sont remplacés par d’autres édifices à partir de la Révolution et au fur et à mesure de l’arrivée, avec le progrès, de la mairie, de l’école, de la gare, de la poste, etc.
La paroisse regroupe village et hameaux satellites, sans oublier les forêts grouillantes de vie et habitées par les charbonniers, les sabotiers, les scieurs de long et bien d’autres. Ainsi, elle sert de cadre de vie principal à nos ancêtres. Ils ne la quittent guère. On verra que les mariages entre paroisses différentes sont rares. Seuls les hommes vont de temps en temps à quelques foires dans le voisinage. À partir de son instauration, le service militaire sera
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