Comment vivaient nos ancêtres
qui n’en auraient pas eu. Il faut savoir questionner habilement.
Partout en France, le clergé traque donc les « funestes secrets et les pernicieux exemples », que rien n’empêche cependant de se répandre. De l’aristocratie qui en connaît les pratiques dès le XVII e siècle, ils gagnent la bourgeoisie à la fin du XVIII e siècle, puis les milieux ouvriers et artisanaux au siècle suivant, pour triompher dans les campagnes dès le début du XX e siècle. « Pas plus d’un veau à l’herbage », commence-t-on à dire dans la Normandie de 1880.
Même s’il existe, le préservatif n’est pour le moins pas démocratisé… Le seul moyen de limiter les naissances a longtemps été de retarder l’âge du mariage. Mais, de plus en plus conscient des inconvénients des familles nombreuses au plan patrimonial avec le morcellement des héritages, on a recours à des secrets « inconnus à tout animal autre que l’homme » et que l’Église condamne. Ainsi des positions sont recommandées, dont celle que l’on nomme « elle au-dessus » et qui est censée favoriser le rejet de la semence masculine. On a recours également à des drogues et on pratique le coitus interruptus.
Par les « pernicieux exemples », c’est plutôt l’avortement qui est sous-entendu. Depuis le Moyen Âge, l’Église excommunie tous ceux qui y touchent de près ou de loin, et parfois même jusqu’à l’apothicaire qui a vendu les drogues dont la femme a usé pour « périr son fruit ». L’excommunication, quand ce n’est pas la mort ! Guy Cabourdin cite l’exemple d’une femme de Aydoilles, dans les Vosges, condamnée à la pendaison, en 1612, pour s’être fait avorter. À la même époque, une veuve de Blamont, en Meurthe-et-Moselle, qui s’était, elle aussi, fait avorter, est exposée au carcan un quart d’heure, puis pendue « après avoir eu les mamelles tirées d’une tenaille ardente ».
Petite histoire du préservatif
Où et quand est né le préservatif ? Réponse : sans doute en Égypte, plus de 3 000 ans avant Jésus-Christ, sachant que les tout premiers, utilisés bien sûr par les soldats, avaient vraisemblablement été fabriqués à partir de boyaux ou de vessies de moutons…
L’objet semble pourtant avoir été longtemps oublié, pour réapparaître en Chine et au Japon, au X e siècle après Jésus-Christ, où il est alors fabriqué à base de papier huilé ou d’écailles de tortues, pour n’arriver en Europe, qu’au XVI e siècle, lorsque le « mal de Naples » se répand dramatiquement. Il se présente alors sous la forme d’un fourreau d’étoffe fine, trempé dans une décoction d’herbes ou humecté d’un peu de salive, avant d’être fabriqué en soie, puis en velours, et de se voir agrémenté d’un petit ruban de couleur, destiné à permettre de mieux le maintenir en place. C’est ainsi qu’il aurait été utilisé par Louis XIV et Casanova !
Il faudra cependant attendre le XIX e siècle, pour que les progrès du caoutchouc, par la technique de la vulcanisation, et ensuite l’apparition du latex, en fasse l’objet que nous connaissons, nommé couramment « capote », autrement dit « capuchon », par les soldats, et l’on ne sait trop pourquoi « noisette », par les colporteurs qui en assuraient jadis la vente dans les campagnes.
Mais combien de cas passent inaperçus tant les recettes sont nombreuses : eau d’hysope, armoise, serpolet, sabine, coloquinte, rouille de cloche sont réputés pour leur efficacité, ainsi que les breuvages à base de soufre ou de safran. À cela s’ajoutent nombre de préparations que proposent les sorciers, les saignées de chirurgiens complaisants, les manipulations par les sages-femmes avec des instruments qui parfois mutileront à vie, enfin, tout simplement, chez nombre de misérables, les coups de pied dans le ventre assénés par un mari refusant de nourrir une bouche supplémentaire, sans oublier les infanticides postnataux, plus ou moins cachés sous l’apparence d’accidents. Malgré les condamnations civiles et religieuses, les avortements sont incontrôlables car ils se passent dans la clandestinité.
LE MOYEN ÂGE AVAIT SES SAUNAS,
ET LES BORDELS LEURS FILLETTES
Même si le couple est encouragé à largement profiter du lit conjugal avec la bénédiction de l’Église pour acquitter la dette naturelle, une vie sexuelle parallèle et des pratiques plus ou moins déviantes ne sont pas exclues.
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