Comment vivaient nos ancêtres
supplice est un moine accusé de tentatives physiques sur la personne d’un enfant, en 1783. Au reste, le snobisme s’en mêle parfois déjà. En 1678, quelques jeunes gens de haute naissance, dont le comte de Guiche, le neveu de Louvois et un Gramont, décident ainsi de fonder une société secrète dont la règle est l’abstinence totale à l’égard des femmes, et dans laquelle chaque candidat doit, pour être admis, être « visité » par les « grands prieurs ». Les rejoignent aussitôt le comte de Vermandois, fils de Louis XIV et de Mme de La Vallière, et le prince de Conti, neveu du Grand Condé. Le roi fait fouetter son fils en public et l’exile mais n’ose trop châtier les autres. Comment pourrait-il se priver de ceux qui comptent au nombre des meilleurs stratèges de son armée ?
ESPACE MASCULIN, ESPACE FÉMININ :
« JAMAIS FEMMES NI COCHONS
NE DOIVENT QUITTER LA MAISON »
« Il y a un principe bon qui a créé l’ordre, la lumière et l’homme ; il y a un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme », déclara Pythagore voilà quelque vingt-six siècles.
« La femme a été mal étudiée. Nous avons des monographies complètes sur le ver à soie, sur les hannetons et sur les chats, et nous n’en avons pas sur la femme », écrit sentencieusement un certain Mantegazza, au début du XX e siècle, en guise d’introduction à un ouvrage intitulé Physiologie de la femme.
C’est sur des millénaires que se lit donc l’histoire de la misogynie. Comment s’étonner, dès lors, de la situation de nos aïeules du « bon vieux temps » ?
Dans la France d’autrefois, hommes et femmes vivent rarement ensemble. Chacun a ses activités propres, son domaine, son espace où il est le seul maître. « Les femmes à la maison, comme les chiens, et les hommes à la rue, comme les chats », dit-on en Gascogne. « Jamais femmes ni cochons ne doivent quitter la maison », dit-on encore. La femme règne en maîtresse souveraine sur l’intérieur de sa maison et dirige les fonctions domestiques. Tout un éventail d’activités lui sont réservées.
À la maison, elle est gardienne de l’âtre. C’est elle qui tisonne le feu, fait la soupe et cuit le pain. Elle a la haute main sur le jardin, les légumes et les fruits, et sur le lait. Elle trait les vaches et fabrique fromages et beurre. Elle gère les espaces proches de la maison : basse-cour, porcherie. De tout temps, elle a le monopole de l’eau : le puits, la fontaine, le lavoir sont des mondes exclusivement féminins, comme le sont, bien sûr, également les moments de l’accouchement et de la naissance. De plus c’est à elle qu’incombe l’éducation des enfants.
Au contraire, l’homme travaille à l’extérieur. Plus robuste, il assume les gros travaux. Le champ est son univers, comme le sont aussi certains lieux : cabaret, forge, auberge, où une femme ne doit pas se risquer. C’est le mari qui participe à la vie publique. Lui seul va au moulin faire moudre le grain et vendre les bêtes à la foire. Lorsque la femme va au marché vendre ses volailles ou ses œufs, elle se réserve un espace spécifique. Le mari seul participe à la vie communautaire officielle. À partir du XIX e siècle et jusqu’à une période récente, il est le seul à voter. Sur la place du village, il lui est permis et même recommandé de s’arrêter pour bavarder, alors que la femme ne fait que passer le regard baissé. Jamais elle ne doit rester immobile en dehors de sa maison. La femme sort d’ailleurs rarement de chez elle. Elle assiste aux mariages et à la fête patronale, mais est, en tant que mère, exclue des baptêmes et, comme on le verra, des enterrements.
Dans beaucoup de régions de France, la femme apparaît comme la servante de l’homme. Elle ne mange pas à table avec les hommes. Elle les sert et reste debout, en retrait, dans un coin de la pièce. Pourtant, on ne peut dire qu’elle se sente humiliée, car, dans la société d’autrefois, chacun a sa place, sa fonction, selon le sexe comme selon l’âge. N’a-t-on pas vu les enfants garder les troupeaux dans les prairies et les vieillards s’occuper des nourrissons ?
Depuis la petite enfance, hommes et femmes sont séparés. On leur enseigne la répartition des tâches en fonction des capacités physiques. N’est-il pas normal que le fuseau soit réservé à la femme et la charrue au mari ? Le balai est un peu le « sceptre »
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