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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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Le clergé d’ailleurs traque les pécheurs dans les confessionnaux pour les punir et on se rend vite compte que notre siècle n’a pas le privilège du scandale.
    Chacun sait que la prostitution est le plus vieux métier du monde. Au Moyen Âge déjà, ribaudes et filles publiques sont nombreuses dans les grandes villes où l’on trouve souvent plusieurs « bourdeaux ». Appelés aussi « châteaux-gaillards », « maisons des fillettes » ou « bonnes maisons », ils ont pignon sur rue et connaissent une fréquentation régulière. À partir du XVI e siècle, la syphilis, un fléau alors comparable au S.I.D.A., s’abat sur l’Europe. Les troupes de Charles VIII l’ont rapportée des villes d’Italie qui se livrent aux pires débauches, entre autres Rome et Naples. Les soldats mercenaires d’origine étrangère rejoignant leur pays après leur démobilisation, l’Europe tout entière est bientôt contaminée par ce que les Français appellent le « mal de Naples » et les Italiens « le mal français ». Mal devant lequel la médecine du temps reste pratiquement impuissante.
    Les « fillettes », cependant, continuent à exercer leurs talents et les siècles passent sans modifier le statut des maisons closes dans les villes jusqu’à la loi « Marthe Richard ».
    Une autre institution n’a cependant pas résisté au temps, même si elle semble renaître aujourd’hui sous un aspect légèrement différent, ce sont les étuves. Les étuves, probablement introduites en France au retour des croisés, sont les bains publics des villes médiévales. On y prend des bains « mixtes » dans de grands cuveaux de bois circulaires ou ovales, tout en s’y faisant servir son repas sur une planchette flottante. Des chambres sont ensuite proposées, avec éventuellement une chambrière faisant également office de masseuse avant le nom. Jusqu’à leur disparition dans le courant du XVII e siècle, ces établissements sont nombreux – on en recense vingt-sept à Paris, en 1292 – et souffrent d’une fort mauvaise réputation, pleinement justifiée. Certains jours sont réservés aux femmes seules qui ne veulent pas être agressées et, en dehors de ces heures, on raconte que l’on « oyait crier, hutiner, saulter, tellement qu’on était étonné que les voisins le souffrissent, la justice le dissimulât et la terre le supportât ». On dit que la reine Isabeau de Bavière, femme du roi Charles VI, avait l’habitude de récompenser les artisans travaillant pour elle en leur offrant des « abonnements » pour aller « s’estuver ».
    À part les « maisons closes » qui se déplacent quelquefois à la campagne en envoyant leurs ambassadrices au cabaret du village le jour de la foire, ces établissements sont principalement installés dans les grandes villes. Les étuves ne troublent donc guère la vie de nos aïeux campagnards ni la conscience de leur curé. Ce qui les obsède bien davantage sont deux péchés réputés particulièrement « abominables » parce que contraires à la nature : la bestialité et l’homosexualité.
    La bestialité, aux dires des anciens prêtres, est une pratique plus régulière qu’on ne l’avoue. La honte est en effet si grande qu’on ne s’en confesse guère « qu’à la mort et à l’occasion des jubilés ». Dans la hiérarchie des pénitences ecclésiastiques, elle arrive en bonne place avec sept années de pénitence au carême. Les jeunes bergers à qui l’on a soin, à l’ombre du confessionnal, de poser d’habiles questions, toujours avec prudence « de peur de leur apprendre peut-être des péchés qu’ils n’ont jamais connus ni eus », sont les plus suspectés. On les interroge incidemment sur leur vache, leur jument ou leur ânesse, et on les observe soigneusement.
    Le péché le plus réprouvé reste sans conteste celui de l’homosexualité. Les homosexuels d’antan ne sont pas des « gays » mais des « boulgres », mot à l’origine de nos « bougres » et « bougresses » dont le sens initial vient du mot « bulgare ». Au Moyen Âge, en effet, une secte aux mœurs dévoyées avait été expulsée de l’Empire romain d’Orient et s’était réfugiée en Bulgarie. Dès lors, la répression est organisée par l’Église comme par le pouvoir laïc. Les dévoyés sont condamnés aux flammes du bûcher expiatoire. Il en sera ainsi jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Un des derniers condamnés à ce

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