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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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« monter ». Son honneur est en jeu si, au lendemain des noces, le drap nuptial ne comporte pas quelques traces de sa virilité. Ce drap, retiré du lit, est parfois exposé à la fenêtre de la chambre, signe parfaitement intelligible de l’agrégation du nouveau couple à la société des adultes et des mariés qui domine toute la vie du village.
    Ce constat étant fait, les festivités n’en sont pas closes pour autant. Une messe est alors célébrée à la mémoire des défunts des deux familles, que l’on tient à associer à l’événement. Puis les nouveaux époux simulent volontiers des travaux pour confirmer leurs qualités professionnelles, comme souvent, la veille, au retour de l’église, la mariée a dû balayer la maison en public.
    Enfin l’on ne cesse, durant tout le temps de la fête, de répéter les observations et les pronostics enregistrés : « Mariage pluvieux, mariage heureux » et une foule de variantes basées sur les signes météorologiques, suivis d’autant de prévisions sur la fécondité du couple. Car, M. le Curé l’a bien rappelé : il s’agit maintenant de croître et de multiplier, et si, à la prochaine Saint-Jean d’été, les plus anciens mariés de l’année sont encore sans enfant né ou à venir, leur dernière chance est d’allumer le bûcher rituel.
    PAS DE « REDINGOTES ANGLAISES » :
PERNICIEUX EXEMPLES ET FUNESTES SECRETS
    La stérilité est toujours ressentie comme une humiliation. La femme stérile, honteuse, se perd en dévotions auprès des saints favorisant la fécondité. Le couple sans enfants se sent maudit. Beaucoup de garçons, on l’a vu, n’hésitent pas à tester la fertilité de la femme convoitée avant de l’épouser. Sous l’Ancien Régime, le mariage d’une fille qui avait « fait Pâques avant les Rameaux » ne choque personne et ceux qui ont été plus sages – ou plus chanceux – se voient contraints de donner des preuves au matin de la nuit de noces. L’aiguillette n’est donc pas nouée. La vie sexuelle du couple a commencé.
    Planning familial ? Birth control ? Tout cela est inconnu de nos ancêtres, tout comme le sont ce que l’on appelle à leurs débuts les « redingotes anglaises ». La femme mariée doit s’attendre à se retrouver régulièrement enceinte, à intervalles plus ou moins rapprochés. En cas d’allaitement, elle peut espérer espacer les accouchements de vingt-cinq à vingt-huit mois. Sinon, la cadence moyenne est de dix à seize mois. À condition qu’elle échappe à la forte mortalité postnatale, la femme, jusqu’au XVIII e siècle, donne naissance à dix ou seize enfants en moyenne, parfois à plus de vingt sans tenir compte des jumeaux.
    Chacun y trouve son compte. L’Église, tout d’abord, qui donne pour finalité au mariage l’acquittement de la dette conjugale et le combat contre la tentation et l’adultère, considérant comme péché tout accouplement, même entre un mari et sa femme légitime, dont le but ne serait pas d’engendrer. N’oublions pas que le nombre d’enfants est considéré à l’époque comme un gage de prospérité, en tant que main-d’œuvre gratuite.
    Chaque couple a donc beaucoup d’enfants, même si la mortalité infantile est élevée. La vie sexuelle est pleinement assumée. Si la vigueur vient à baisser, on a recours à des aliments réputés aphrodisiaques comme les châtaignes, les poireaux, les pommes de pin, sans oublier la fameuse « herbe à chats » aux pouvoirs si reconnus. Le couple doit simplement se conformer au calendrier des pratiques sexuelles recommandé par l’Église : « Il est à propos, rappelle un confesseur à ses ouailles, que vous vous absteniez en certains temps, pour vaquer plus librement à la prière […]. Mais principalement, je vous exhorte de vous en abstenir aux jours de pénitence, comme pendant le carême, les jours de jeûne, aux grandes solennités, aux jours que vous recevez la sainte communion. » À la campagne les périodes de grands travaux sont également des périodes d’abstinence, ce qui explique les forts taux de naissances en hiver, entre décembre et mars.
    À la fin du XVIII e siècle, on note que les couches sociales élevées cherchent cependant à contourner les lois de la nature. Mais l’Église veillé. Les curés sont invités à s’immiscer lors des confessions dans la vie privée de leurs ouailles, sans toutefois, a-t-on soin de leur préciser, donner des idées à ceux

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