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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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de la femme, et elle en est fière. Ne fait-on pas passer à la jeune mariée rentrant de la bénédiction à l’église le « test » du balayage de la maison conjugale ?
    À l’église les uns se placent à droite et les autres à gauche, ou encore les uns sont debout, au fond, et les autres assises, en avant. Chacun a son espace et l’on peut finalement interpréter le service des hommes à table comme l’affirmation du « royaume féminin » où les maris sont reçus comme des hôtes, avec tous les égards dus à des invités.
    Petit florilège de pensées
et expressions sur les femmes
    Chacun, au fil des temps, y alla de son écot :
    • En tant qu’individu, la femme est un être chétif et défectueux (saint Thomas d’Acquin, XIII e siècle).
    • La femme est le produit d’un os surnuméraire (Bossuet, 1727).
    • La femme ne peut être que ménagère ou courtisane (Pierre-Joseph Proudhon, 1849).
    • Nous ne comprenons pas plus une femme législatrice qu’un homme nourrice (le même, 1849).
    • Émanciper les femmes, c’est les corrompre (Honoré de Balzac, 1831).
    Sans oublier diverses expressions populaires :
    • Qui a femme a noise (autrement dit soucis, querelles – un mot qui partira pour l’Angleterre, où il fera du « bruit »),
    • Trois femmes font un marché (tant elles sont bavardes).
    • Qui croit sa femme ou son curé est bien sûr d’être damné …
    Sans parler des « bas-bleu », en référence aux modes anglaises, ni des « pétroleuses », en référence aux Parisiennes qui allumèrent des incendies à l’époque de la Commune.
    L’autorité maritale est cependant bien établie. Juridiquement, la femme mariée est considérée comme un mineur, comme un enfant, et ne peut agir sans l’autorisation de son mari. Les adages ne manquent pas pour le lui rappeler : « Qui a mari a seigneur », « Le chapeau doit commander à la coiffe » (Bretagne), « Quand le coq a chanté, la poule doit se taire » (Picardie) et n’ont de cesse d’exhorter les maris à se méfier des femmes : « À toute heure, chien pisse et femme pleure. » Les mères savent, elles aussi, préparer leurs filles : « Sois douce et travailleuse, et tais-toi », ont-elles soin de leur recommander.
    Tout cela est dans l’ordre des choses et le curé le rappelle à la messe en citant la première épître de saint Paul aux Corinthiens : « Le Christ est le chef de tout homme et l’homme est le chef de la femme. […] L’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. » Ou le sermon de saint Augustin : « Homme, tu es le maître, la femme est ton esclave, c’est Dieu qui l’a voulu. […] Oui, vos femmes sont vos servantes. » (Sermon 322.) Homme, méfie-toi de la femme, elle est la fille d’Ève ! Femme, obéis à ton mari !
    Et la femme d’obéir. Toute la journée, dans les fermes, l’homme commande : « Femme, du vin ! femme, du boudin ! » Et cela est parfaitement accepté. Il faut comprendre, dit Yvonne Knibiehler, que « dans ces sociétés pauvres et laborieuses le travail domine tout : il sépare les hommes et les femmes, les fait vivre dans des lieux différents. Ils n’ont plus grand-chose en commun, plus rien à se dire, honnis peut-être des mots d’amour que l’Église condamne. La distance est grande : les hommes et les enfants habitent autrefois deux mondes distincts. Ils s’en accommodent ». On peut même dire qu’ils l’acceptent, au point qu’il n’est pas toujours admis que les uns prennent la place des autres. Si l’on accepte que le mari laboure ou bêche le jardin potager ou que la femme aille le seconder pendant les gros travaux d’été, il ne ferait pas bon le surprendre aidant sa femme à faire la soupe, allant chercher de l’eau au puits ou épluchant des pommes de terre. Tout le village le montrerait du doigt et dénoncerait ce comportement contre nature. Il faudra la guerre de 1914 et la mobilisation des hommes pour voir les femmes aux champs, derrière la charrue, ou dans les fabriques d’obus. Jusque-là on se garde bien de plaisanter avec cette sacro-sainte répartition des tâches et des espaces. Des jours de tolérance, à savoir carnaval et la fête des Fous, sont spécifiquement prévus pour cela mais en dehors de ces dates, toute transgression est sanctionnée.
    Si le mari peut impunément battre sa

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