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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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pour séparer des époux de la lie du peuple ».
    La femme battue a donc peu d’espoir de sortir du mariage. Seule une reconnaissance d’impuissance du mari – ce qui annule le mariage – ou un décès peuvent mettre fin à leur mauvais traitement. Mais, à peine ont-elles retrouvé leur liberté qu’elles s’empressent de se remarier…
    COLLECTIONS D’ÉPOUSES
ET BROCHETTES DE MARIS
    Avant le début du XIX e siècle, les couples pouvant fêter leurs noces d’or représentent à peine 2 pour 100 des ménages. Cinquante ans de vie commune sont tellement exceptionnels en ce temps-là que le curé de la paroisse procède alors à un simulacre de seconde cérémonie nuptiale que l’on appelle un renouvellement de mariage. En revanche, de nos jours, les photographies de noces d’or sont monnaie courante. Relatés dans les journaux régionaux, leurs colonnes voisinent souvent même avec celles des noces de diamant (soixante ans), voire de platine (soixante-dix ans), sans parler des anniversaires de centenaires.
    Les raisons de cette rareté au cours des siècles tiennent essentiellement à la brièveté de l’espérance de vie. Les démographes estiment qu’autrefois un homme sur quatre et une femme sur cinq sont veuf ou veuve avant trente-cinq ans, un homme sur deux et une femme sur trois avant quarante-cinq ans. La différence entre les deux sexes s’explique naturellement par le taux élevé de mortalité féminine pendant et après l’accouchement – en moyenne 10 pour 100 des accouchées, et l’on sait qu’une femme a en moyenne un enfant tous les quinze à vingt mois. Les conséquences de ces situations sont catastrophiques. Dans les milieux simples, les enfants, souvent orphelins, sont confiés à un tuteur, qui est généralement un parent ou, dans certaines régions comme la Bretagne, le parrain. Sinon, quand leur âge le permet ils sont « placés » chez un parent laboureur ou artisan.
    Un veuf se remarie le plus vite possible. Comment un paysan, un tonnelier ou un journalier, qui doit travailler dur pour survivre et en plus s’occuper de ses enfants, peut-il faire autrement ? De même une veuve nantie ou non de quelques arpents de terre ou d’une échoppe d’artisan ne peut continuer à vivre seule avec sa famille. À moins de faire partie de ces communautés familiales où l’on cohabite à cinq ou six couples, voire davantage – comme il en existe dans le centre de la France –, le remariage est non seulement obligatoire, mais urgent. En ce temps-là, un mariage sur quatre environ concerne donc un veuf ou une veuve. L’affaire ne traîne pas. Un veuf se remarie moins de six mois après le décès de sa femme. La veuve attend à peine le terme du délai de « viduité » de rigueur, afin de ne pas épouser un homme tout en pouvant encore porter en elle l’enfant du précédent. Il n’empêche cependant que, tout en respectant cette règle, elle peut déjà avoir programmé son avenir.
    Relictes et douairières
    On ne comptait pas moins de trois mots pour désigner autrefois une femme dont le mari était décédé. On la nommait parfois sa « délaissée », on la disait « relicte » – selon un vieux mot de même racine que notre reliquat, désignant celle qui restait –, et enfin on la désignait déjà par notre mot veuve, moins employé et à l’origine « vedve ». Formé sur le latin « vidua » (vide), il désignait celle qui était « privée de » son mari.
    En revanche, le « veuf » n’avait guère de désignation, et ce mot, formé en masculin sur le dernier des trois termes utilisés pour la femme, n’apparut dans notre langue qu’au XVI e siècle. Un déséquilibre en faveur des femmes ? Pas vraiment…
    En fait, la femme avait autrefois un statut juridique très inférieur. Après avoir été placée sous l’autorité de son père, elle se retrouvait, une fois mariée, sous celle de son mari, sans l’accord duquel elle ne pouvait rien faire, pas même vendre l’un de ses biens propres. Ce n’était finalement qu’une fois veuve qu’elle allait exister librement et pouvoir, notamment, se remarier sans l’avis de quiconque. Par ailleurs, la veuve bénéficiait très souvent d’un droit de « douaire », lui donnant l’usufruit d’une partie des biens de son mari, y compris, pour l’épouse d’un noble titré, sur son titre. Ainsi la « duchesse douairière » est la veuve d’un duc, qui reste duchesse bien que

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