Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
Vom Netzwerk:
l’héritier du titre ait lui-même une épouse qui est donc quant à elle « duchesse en titre ».
    Ainsi, dans le Cantal, la coutume veut qu’elle offre un dîner à tout le voisinage et à la parenté dès le décès de son mari, parfois dans la pièce même où gît encore le cadavre, pour recevoir les propositions et faire son choix en accord avec la famille.
    Non seulement les secondes noces sont pratique courante mais les troisièmes noces sont également assez fréquentes. De là des records insolites, comme celui de cet habitant de Mandres, près de Châtillon-sous-les-Côtes (Meuse), cinq fois veuf en 1782. De là aussi de curieuses chaînes de remariages qui engendrent déjà des « familles recomposées », en faisant cohabiter chez un même couple des enfants étrangers entre eux, élevés par des « parents » qui n’ont avec eux aucun lien de parenté ni d’alliance. De là aussi l’habitude assez courante autrefois de certains mariages doubles, où le prêtre bénit le couple d’un veuf et d’une veuve en même temps que celui formé du fils de l’un et de la fille de l’autre.
    C’est ainsi qu’apparaissent les marâtres des contes de Perrault ou des pièces de Molière, parfois doublement en rivalité avec leurs beaux-enfants lorsqu’elles ont épousé un mari plus vieux qu’elles. Le cas est fréquent. En effet bien des maris n’hésitent pas à épouser une « jeunesse », s’exposant ainsi au charivari.
    NE JETEZ PAS LA PIERRE
À LA FEMME ADULTÈRE, MAIS À SON MARI !
    Dans les villes et les villages de l’ancienne France, rien n’échappe aux voisins. Non seulement ils voient tout, savent tout et commentent tout de la vie privée de leur prochain, mais encore se reconnaissent-ils le droit de la contrôler et de la sanctionner dans le cas où elle s’écarterait des normes. La règle d’or étant de ne pas « faire parler de soi », une des sanctions les plus encourues est une curieuse manifestation ressemblant à certains de nos bizutages estudiantins et qui a pour nom le « charivari ».
    Un mari, on l’a vu, peut battre sa femme en toute impunité, mais qu’il soit battu, bafoué ou ridiculisé par sa femme, ou trompé, alors il est soumis au charivari ! Un mariage mal assorti, avec un trop grand écart d’âge, une trop grande disparité sociale, voire même avec un conjoint qui n’est pas de la paroisse ou tout simplement un remariage, déclenche également un charivari. En fait le charivari dénonce toute circonstance compromettant l’ordre établi. Le mari bafoué s’est révélé incapable de faire respecter les principes selon lesquels sa femme doit être sa servante. Il a donc déshonoré le clan des hommes, tout comme le marié venu de l’extérieur insulte les gars du village en leur faisant perdre une des filles épousables. Les remariages de veufs peuvent mécontenter l’esprit du défunt et attirer ses représailles sur le village tout entier. Les mariages mal assortis dénient à la communauté le droit à l’organisation et à la gestion des unions matrimoniales. Car, on le répète assez en Béarn : « Mariage de jeune homme et de jeune fille, il est de bien ; mariage de jeune homme et de vieille, il est de rien ; mariage de vieil homme et de jeune fille, il est du diable. »
    L’honneur familial, paroissial ou sexuel outragé, aussitôt le charivari s’organise et le spectacle, une fois de plus, descend dans la rue :
    « On faict le charibari (sic) ordinairement de nuict, un bruit et tintamare d’instruments d’érain, sons esclatant de poêles, cimbales, trompètes, cornemuses, cornes, chauderons, quesses (casseroles). Et à la lueur des flambeaux allumés et haussés, hurlements de personnes et autres désordres et confusions, jointe des harangues à hautes voix…», raconte un témoin du XVI e siècle dans les Pyrénées. Au XVIII e siècle, un texte ajoute que l’on « déclame mille iniquités, calomnies, paroles indécentes, choquantes et atroces […] et que la pudeur même empêche de nommer ». Le mari bafoué ou trompé doit faire amende honorable lors d’une farce violente appelée l’« azouade » ou « promenade sur l’âne ». On l’oblige à chevaucher un âne à rebours, c’est-à-dire la tête tournée vers la queue et on le promène en cortège par les rues de la ville ou du village. La foule se déguise parfois avec des masques grimaçants et hideux, car, comme le carnaval ou la fête des Fous,

Weitere Kostenlose Bücher