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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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s’y installe en 1617 avec sa femme et leurs trois enfants. D’autres le suivent, au prix d’un voyage qui doit alors sembler aussi aventureux et fou qu’un aller-retour pour la Lune aujourd’hui. On a du mal à imaginer comment peuvent réagir les habitants de la petite ville de Tourouvre, dans le Perche, lorsqu’ils voient une vingtaine de leurs enfants quitter leurs familles pour s’embarquer vers ces terres d’où il n’est guère question d’espérer revenir, même dans le meilleur des cas. Parmi eux Jean Guyon, le maçon, Zacharie Cloutier, le charpentier, Jean Juchereau, marchand, et même Noël Juchereau, sieur des Châtelets. Tous sont jeunes, mais tous sont sans doute aussi ce que l’on appelle des « têtes brûlées ». Pourtant, leur exemple en entraîne beaucoup d’autres : en trente ans, cinquante familles percheronnes traversent l’Atlantique pour les rejoindre et fondent les grandes dynasties québécoises d’aujourd’hui comme les Gagnon, les Couillard, ou encore les Tremblay. Pour ceux qui n’ont pas de femme, le roi fait envoyer par bateau des orphelines triées sur le volet.
    Le nouveau pays se peuple donc rapidement : Pierre Tremblay, arrivé en 1647, en est le plus étonnant exemple. Marié à Ozanne Achon, une des « filles du Roy » venues de La Rochelle, il aura douze enfants et une multitude de petits-enfants dont vingt-neuf petits-fils du nom de Tremblay. Aujourd’hui, il se retrouve être l’ancêtre de plus de cent mille Tremblay vivant au Québec, au Canada et aux États-Unis, et sans doute de millions de descendants toutes branches confondues. Bon nombre d’entre eux vont en pèlerinage à la Baie-Saint-Paul où un monument a été érigé en sa mémoire. Il y est représenté liant des gerbes de blé tout en désignant à son fils la « seigneurie des Éboulements » que sa descendance saura acquérir et conserver pendant un siècle. Pierre Tremblay, né dans une modeste maison paysanne du hameau de la Filonnière, paroisse de Randonnai dans l’Orne, a donc brillamment réussi.
    La Nouvelle-France, cependant, n’offre guère d’espoir qu’aux populations des provinces proches des côtes. Les ancêtres des Québécois sont presque tous originaires de la Normandie, du Perche, de l’Anjou et du Poitou. Ailleurs, le Nouveau Monde est à peine connu de nos ancêtres.
    D’autres pays de Cocagne attirent plus tard avec succès les aventuriers. Ce sont les colonies et d’abord l’Algérie. Une fois conquis, le pays doit être exploité. C’est pourquoi Louis-Philippe et son gouvernement décident d’y envoyer des paysans capables d’en cultiver les terres et de les faire prospérer. Une campagne publicitaire est donc confiée au meilleur « annonceur » de l’époque, compte tenu de sa « force de pénétration ». Cet annonceur n’est autre que l’Église, et chaque curé de lire à la messe du dimanche une circulaire officielle engageant des volontaires à traverser la Méditerranée avec promesse d’y recevoir des terres.
    À l’issue de voyages exténuants, des Français débarquent donc sur le sol algérien pour mener une vie des plus dures. Un climat torride auquel ils ne sont pas habitués – nombreux sont originaires d’Alsace-Lorraine –, des conditions difficiles, pas d’eau potable, des bêtes sauvages, des épidémies dont paludisme et choléra, de mauvais logements et des terres bien souvent maigres et peu fertiles les attendent. Il leur faut fournir un travail acharné et mener une lutte permanente pour construire du solide.
    Ni les États-Unis ni l’Amérique du Sud n’ont attiré les chercheurs de fortune, à l’exception des « Barcelonnettes ». Originaires de la ville de ce nom, ils sont partis pour le Mexique où ils ont fait fortune dans le textile, puis sont revenus à leur pays natal où ils ont fait construire des maisons aux allures de châteaux. Pour le reste, les « oncles d’Amérique » sont souvent des personnages légendaires, même si la mémoire familiale n’a pas pu les inventer.
    Mais où est donc le fameux pays de Cocagne ?
    La « Cocagne » était pour nos ancêtres un pays imaginaire, où l’on était réputé pouvoir vivre sans travailler et où tout était à la fois gratuit et abondant, où il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser sans effort les richesses.
    Mais d’où vient son nom ? Pour les uns, il serait venu du Lauragais, en Languedoc, nommé « pays de coquaignes » ,

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