Comment vivaient nos ancêtres
plus rares qu’ils avaient dû aller étudier dans une des quatre grandes universités (Paris, Montpellier, Nancy et Strasbourg), les seules à délivrer des doctorats de médecine.
Dans les agglomérations plus modestes, on se contentait des chirurgiens, volontiers nommés « opérateurs » ou « chirurgiens opérateurs », généralement issus de milieux plus modestes, et qui évolueront ensuite fréquemment en « officiers de santé », selon une expression officielle désignant des médecins n’en ayant pas le titre, et dont niveau et compétences pouvaient évidemment varier. Une profession qui, en tout état de cause, ne permettait pas de faire fortune, comme le montre bien le personnage de Charles Bovary, le héros de Flaubert, qui en est le prototype et que l’on voit, au début du roman, épouser la fille d’un riche fermier normand et vivre ensuite gentiment. Il en va de même pour le bon Dr Bénassis, héros du Médecin de campagne de Balzac, qui avait l’habitude de « soigner les pauvres pour rien ». Il faudra attendre l’assurance-maladie, dans les années 30, pour voir sensiblement augmenter le nombre des médecins… et heureusement pour eux le tarif de leurs honoraires…
Les médecins conseillent aux riches d’aller s’aérer et prendre le soleil en Italie, et aux pauvres de boire du lait, du vin de Bordeaux (toujours taxé de toutes les vertus), et de se calfeutrer en évitant les courants d’air. 40 pour 100 des prostituées en étant atteintes, elle devient rapidement une maladie honteuse que l’on s’efforce de cacher.
De toutes les épidémies, la peste est la plus redoutée. Au xrv e siècle, elle dépeuple la France puis réapparaît après chaque famine et avec les guerres, jusqu’à sa dernière épidémie, que l’on a dit avoir été déguisée sous l’appellation de « grippe espagnole ».
Le corps médical est insuffisant pour faire face à ces fléaux. En 1880, dans les départements du Finistère, de la Nièvre, des Hautes-Alpes, de l’Ardèche, mais encore du Rhône, de la Loire et de la Meurthe-et-Moselle, on compte à peine un médecin pour cinq mille habitants. Nulle part, on ne rencontre de spécialistes. Le pédiatre est inutile. Il n’aurait pas de clientèle. Jamais on ne consulte un médecin pour un enfant, incapable de dire où il a mal. L’ophtalmologiste, pour quoi faire ? À chaque foire, on peut trouver quelque vendeur ambulant proposant toute une panoplie de verres différents. L’idée n’est pas neuve, puisque dès le xm e siècle on corrige les « vues longues » par l’emploi de verres convexes, placés près des yeux et enchâssés dans un cercle de bois ou de corne, appelé « béricle », « bézigne » ou « bésicles », comme aussi « lunettes » (petites lunes). Vers 1830 apparaît le pince-nez puis le face-à-main qui fait fureur dans les années 1900. Les premiers verres de contact datent de 1888. Au colporteur de trouver dans son stock un article satisfaisant à lui seul tout les membres de la maisonnée !
Les soins dentaires sont bien souvent du ressort du maréchal-ferrant qui, à l’aide de ses tenailles arrache volontiers les vieux chicots avec parfois un morceau de gencive en prime. Mieux vaut, avant de s’en remettre à lui, bien prier sainte Apolline ou saint Rigobert. On peut toutefois attendre la foire où l’on sait trouver l’arracheur de dents. Sur une estrade, celui-ci opère en public, sans anesthésie, un joueur de tambour battant quelque sonore roulement au moment crucial pour couvrir les cris des patients… Quant à la brosse à dents, elle est évidemment inconnue. Au XVI e siècle, Érasme raconte que les Espagnols se lavent les dents avec leur urine. Montaigne, quant à lui, se contente d’une serviette. La brosse, lorsqu’elle arrive en France de Chine, à la fin du XVI e siècle, n’a de succès qu’auprès des snobs de l’époque qui la portent sur eux, en sautoir, comme un bijou recherché. Si l’on en croit le grand dictionnaire universel du XIX e siècle, sa diffusion est très lente…
Avant les années 1850-1870, le chirurgien ignore tout de l’anesthésie et des antiseptiques. Laissant les problèmes « intérieurs » au médecin, il s’octroie les parties externes, tumeurs, plaies, fractures, ulcères, etc., qu’il soigne à la lancette, saignant à qui mieux mieux. Longtemps il est aussi barbier, car les deux professions sont confondues en une seule. Seule
Weitere Kostenlose Bücher