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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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généralisé de l’assurance maladie, ils doivent lutter à tout instant contre les diverses influences exercées sur les populations rurales, tant parfois par les curés que par les sorciers, guérisseurs et autres charlatans.
    Ces médecins eux-mêmes ont dû faire leurs preuves. Pour les « mires » du Moyen Âge – c’était là leur nom –, comme pour ceux du XVII e siècle, caricaturés par Molière sous les traits du célèbre Diafoirus, les connaissances médicales sont très limitées. Les premiers tiennent le sel pour remède miracle et pensent que le vin facilite la digestion et l’élimination, réchauffe les sens, nourrit le corps, renouvelle le sang et détruit les humeurs. Jusqu’à être ici remplacé par le tabac sous Catherine de Médicis.
    Sous Diafoirus, on ne pratique guère que trois thérapies : les saignées, les purges et le clystère, que l’on préfère prescrire en latin. La saignée, technique en faveur à l’époque, est ainsi ordonnée à la femme enceinte puisque les mauvaises humeurs s’en iront avec le sang versé. Les clystères, de lait, de son, d’huile ou d’eau, favorisent les déjections sur lesquelles nos disciples d’Hippocrate basent la plupart de leurs diagnostics. La purge est souvent conseillée à titre préventif, le roi lui-même ayant bien soin, le premier, de se purger chaque mois. Sous l’Ancien Régime, la médecine savante est un luxe réservé aux gens des villes et nos ancêtres, Français moyens de l’époque, l’ignorent complètement.
    Il faut attendre le XIX e siècle et les progrès de la médecine pour que de vrais médecins s’installent à la campagne. L’apparition de médicaments comme la morphine et l’aspirine, de techniques comme la prise de la tension artérielle, de la température rectale, la mise au point par Laennec de l’auscultation – même si son collègue Broussais reste longtemps sceptique ! –, la découverte de la radiologie, des rayons X, sont autant d’éléments qui font avancer la médecine et qui améliorent la santé des Français. Pour notre praticien, le problème demeure longtemps l’équipement car, faisant ses visites à cheval chez des patients sans moyens, il est souvent payé en nature – sacs d’avoine ou poulets efflanqués péniblement engraissés par la femme dans une volière au fond de son jardin. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le médecin de campagne est considéré comme un notable, mais il n’est jamais fortuné. De plus, il travaille dans des conditions difficiles.
    Le manque d’hygiène est une des causes de nombreuses maladies. Le fumier sous les fenêtres des fermes et la promiscuité avec les vaches de l’étable dans les campagnes ne sont guère plus enviables que le « tout-à-la-rue » des villes d’autrefois. Les déséquilibres alimentaires constants entre les périodes de jeûne et de bombance et les excès de viandes salées, l’absence de bain, en dehors de quelques ablutions d’été dans les rivières, pour les jeunes, favorisent la propagation des maladies en tout genre. Les diarrhées épidémiques rivalisent avec des fièvres diverses au nom parfois curieux, la scarlatine étant ainsi la « fièvre pourprée ».
    Chaque siècle a eu son cancer ou son S.I.D.A. contre lequel la médecine est restée longtemps impuissante. Ainsi, les hommes de l’an mil redoutent le « mal des Ardents », encore appelé « feu Saint-Antoine » qui provoque des gangrènes sèches dont le seul remède est l’amputation d’un pied, d’une jambe ou d’un bras. Le membre atteint noircit, l’articulation se casse, et, sans le moindre saignement, les malades se retrouvent horriblement mutilés. Par ailleurs, jusqu’au XIV e siècle, la lèpre sème la terreur. Les lépreux, relégués hors du monde des vivants dans d’affreux mouroirs – léproseries ou maladreries –, se voient contraints, à l’extérieur, à porter des clochettes pour prévenir de leur approche. Deux siècles plus tard, la syphilis se répand d’Italie et de France à l’Europe entière. Le XVIII e siècle connaît la variole, qui, jusqu’au siècle suivant, provoque ce que l’on appelle « la mort rouge ». Puis c’est au tour de la tuberculose, que les romantiques nomment consomption et les gens du peuple phtisie galopante.
    Charles Bovary, « officier de santé »
    Uniquement rencontrés dans les grandes villes, les médecins étaient sous l’Ancien Régime d’autant

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