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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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ancêtre menuisier de village, l’arrière-grand-père du président, un grand-père instituteur et un père directeur de sociétés.
    Aujourd’hui, certaines professions ou certains diplômes permettent de gravir en une seule génération tous les échelons de la société. La famille n’a plus à être solidaire. Les dynasties naissent spontanément.
    DE DIAFOIRUS AU MÉDECIN DE CAMPAGNE :
FUREURS CÉLESTES ET DOULEURS HUMAINES
    Passant le plus clair de leur vie à travailler, nos ancêtres n’ont ni le temps ni les moyens d’être malades. Se mettre au « lict » ne se fait qu’à la dernière extrémité, au risque d’être pris pour un paresseux. Personne n’aime se montrer souffrant. La maladie n’est-elle pas, avant tout, un châtiment envoyé par Dieu ? Châtiment personnel, ou collectif dans les cas d’épidémies.

Le premier réflexe est donc de s’adresser à Dieu et à ses saints. La cour céleste ne regorge pas pour rien de tout un tas d’élus auréolés, prêts à intervenir pour apaiser le mal. Chaque bobo a son intercesseur privilégié, soit en raison de son martyre, comme sainte Apolline pour les maux de dents depuis que ses bourreaux lui ont arraché les siennes ou comme saint Laurent pour les brûlures depuis son supplice sur le gril. Parfois le nom du saint est directement lié à la maladie : ainsi sainte Claire se charge de la cécité, sainte Diétrine des dartres – appelées autrefois « diètres » –, saint Eutrope guérit de l’hydropisie, qui n’est jamais que de « l’eau en trop », etc. Finalement, mots et rimes – « Devant saint Blaise, tout mal s’apaise » – guérissent les maux. Le malade trouve donc toujours un saint à prier ou un pèlerinage à entreprendre. En plus des saints, on peut se reporter à l’un des livres vendus par les colporteurs, comme Le Bréviaire médical ou Le Grand Herbier.
    La plupart des maladies sont soignées grâce à de vieilles recettes, dites de bonne fame (14) . Ces recettes sont souvent données par les moines et les curés qui ont soin de les inscrire dans leurs registres paroissiaux, entre deux actes de baptême ou de sépulture. Ainsi, à Autrey (Haute-Saône), l’abbé Wathy copie-t-il, en 1732, un remède pour combattre les « fièvres intermittentes ». L’abbé Dupray fait de même, en 1743, dans sa paroisse d’Allemond (Isère) avec des potions destinées à garder la « santé des bœufs et vaches ». Il précise qu’il en a fait lecture à ses ouailles à la messe du 7 février.
    La médecine par les plantes a longtemps été la seule connue de nos ancêtres. Certains jours, comme le jour de la Saint-Jean, sont propices aux cueillettes. Au reste, chacun sait que l’hellébore est un excellent régulateur cardiaque, la rhubarbe un laxatif éprouvé, etc. Qui a une entorse met des feuilles d’ortie dans ses sabots ou ses chaussures, qui se coupe met sur la plaie des fleurs de lys macérées dans l’alcool… Parmi la longue liste de ces recettes, certaines peuvent surprendre, tel ce bain de sang de bœuf, recommandé en Brie pour fortifier les jeunes enfants.
    Cette médecine a l’avantage de ne pas coûter très cher. Devant un cas de rougeole, on se contente de mettre aux fenêtres des rideaux rouges, de vêtir le malade d’une chemise rouge et de placer dans la pièce une lumière rouge. Il n’y a plus alors qu’à attendre l’irruption des plaques que ce décor ne doit pas manquer d’accélérer. La nature fournit en principe elle-même tous les remèdes nécessaires aux hommes, jusqu’aux bains d’eau de mer prescrits en cas de morsure par un animal enragé.
    Toutefois, dans les cas désespérés, lorsque les saints restent irrémédiablement sourds, même après d’éventuelles menaces, que les plantes n’ont pas apporté de rémission et que la douleur devient insoutenable, on se décide à appeler un homme de l’art. On a le choix entre le médecin, le rebouteux et le sorcier ; parfois le même homme exerce plus ou moins les trois fonctions.
    Chaque village a son sorcier, pas toujours authentique ; plus proche du rebouteux, encore appelé « rhabilleur », tant il excelle en la remise des membres démis. Connaissant son herbier comme personne, il règne en maître jusqu’à l’apparition des médecins. Ceux-ci, plus organisés, font interdire les « guérisseurs » par une loi de 1892. Il n’en reste pas moins que, jusqu’à l’instauration du système

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