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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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malade ou meure, c’est la catastrophe. La recherche généalogique nous fera retrouver ses enfants bien souvent simples domestiques.
    Pour de multiples raisons, l’ascension de certaines familles peut se voir interrompue à l’un de ces différents stades. Mais n’a-t-on pas toujours dit qu’une fortune dépasse rarement trois générations ? la première entasse ; la seconde profite ; la troisième dilapide ce qui reste. Il est finalement aussi difficile de se maintenir que d’arriver.
    Pour « arriver », nos ancêtres paysans disposent d’un allié certain, souvent membre de la famille, en la personne de « l’oncle curé ». Un enfant remarqué par le prêtre du village est un gage de réussite pour une famille qui peut alors se préparer à en profiter, car cet « oncle curé », qui exerce généralement son ministère dans une paroisse voisine, se charge de l’instruction de ses neveux et nièces et les introduit facilement chez les hommes de loi du bourg voisin pour y apprendre un métier.
    Monter dans les carrosses royaux !
    Parmi l’éventail des moyens inventés par les Bourbons pour mieux dominer les nobles, les « honneurs de la cour », instaurés dès la mort de Louis XIV, ont sans nul doute fait rêver toute la noblesse de province.
    Le principe consistait à être invité dans un carrosse royal, pour participer à une chasse royale, au cours de laquelle on devait être présenté au souverain. Même si cela était en principe réservé aux membres des familles dont la noblesse remontait au moins à l’an 1400, les listes d’attente n’en étaient pas moins longues et le piston souvent nécessaire. Un millier de familles en profita cependant (entre 1715 et 1789), et en tira généralement une indiscutable aura. Le gentilhomme provençal ou normand ainsi honoré s’en voyait, de retour sur ses terres, tout auréolé de prestige, se gardant bien, en fait, de décrire son expérience dans sa réalité.
    Les postulants à ces honneurs étant en effet fort nombreux, c’était par fournées entières qu’on les convoyait jusqu’au lieu du rendez-vous de chasse, dans des carrosses certes royaux, mais généralement aux banquettes défoncées et aux ressorts fatigués, pour s’y voir, dans le meilleur des cas – lorsque celui-ci en avait le temps et le goût –, autorisés à faire une révérence au roi, pour ensuite le suivre d’assez loin…
    Il sait aussi négocier de belles alliances matrimoniales dans quelques-unes des familles aisées de sa paroisse, comme il sait aider aux affaires de son parent marchand. Au confessionnal comme dans la rue, il peut toujours laisser entendre que le bon Dieu sera plus clément envers celui vendant ses vaches à Pierre plutôt qu’à Jacques. Sous l’Ancien Régime, un curé est rarement aussi pauvre qu’on le croit et, avec un peu de savoir-faire, amasse de jolis magots qui, à sa mort, font le bonheur et l’aisance de sa famille. Si le marchand est l’initiateur de l’ascension sociale, le curé en est donc presque toujours le moteur et il est rare de ne pas en trouver un parmi les premières générations des familles qui réussissent.
    Le XIX e siècle apporte des changements avec la suppression de la vénalité des charges et l’apparition de nouvelles voies. Pour les ouvriers, les possibilités de promotion peuvent tenir aux politiques paternalistes de l’époque. Eugène Schneider, au Creusot, comme bien d’autres grands patrons de son temps, encourage les plus travailleurs et instaure un système scolaire parallèle pour permettre à un manœuvre d’avoir un fils contremaître et pourquoi pas ingénieur.
    Pour le reste, si certains ruraux ont su profiter des opportunités révolutionnaires pour acquérir des terres, les possibilités de promotion restent longtemps limitées. Ce n’est que dans la seconde moitié et vers la fin du XIX e siècle qu’apparaît une nouvelle position sociale charnière, celle d’instituteur. Le passage à l’école normale permet dès lors une ascension sociale en trois générations : de paysan, on devient instituteur, puis on passe aux études supérieures permettant de belles carrières. Les exemples de telle réussite sont ainsi nombreux chez les hommes politiques d’aujourd’hui. Ainsi chez les Pompidou, avec un grand-père maître bouvier dans le Cantal, un père professeur et un petit-fils président de la République. Même chose en Corrèze pour les Chirac, avec un

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