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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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intercéder auprès de Notre-Dame pour qu’il n’aille pas brûler en enfer.
    — « Un objet sacré ». Es-tu bien certaine que c’est l’expression qu’il a employée ?
    — Oui, papa. Je ne suis pas parvenue à savoir de quoi il s’agissait. Il m’a alors regardée d’une bien curieuse façon. Il a serré mon bras – si fort que j’en ai eu des bleus pendant plusieurs jours – et a répété que c’était lui qui l’avait obligé à voler. Ainsi que les voix. Là-dessus, il a murmuré que c’était sa voix, mais que ce n’était pas pareil et qu’il n’avait pas compris. Moi non plus, je ne comprenais rien. Et brusquement, il s’est endormi. J’ai alors voulu…
    — Comme c’est intéressant, mon enfant, l’interrompit Isaac. Cela illustre bien les erreurs que l’on peut commettre quand on n’a qu’une connaissance incomplète des choses.
    — Mais, papa, nul ne peut détenir une connaissance complète, n’est-ce pas ? fit Raquel, prête à se lancer dans une interminable controverse.
    — Si, sur quelques points bien précis. En cet instant je suis entièrement conscient du fait que j’ai faim. Je crois que je vais explorer ce qui nous a été préparé. Nous reparlerons de cela une autre fois.
     
    Un sentiment d’attente s’abattit sur le palais épiscopal en ce samedi. Son Excellence ne quitta pas la chambre – ou, s’il le fit, ce fut pour se rendre dans son cabinet de travail. De toute façon, il ne reçut personne : il avait en effet confié à Francesc Monterranes le soin de régler les affaires du diocèse. Des rumeurs de santé chancelante coururent en ville et, quand personne n’eut vu le médecin faire l’aller et retour entre le Call et le palais, on se hâta de conclure qu’Isaac s’était installé dans les appartements de l’évêque afin de veiller en permanence sur lui.
    En vérité, Berenguer avait été fort satisfait de garder le lit pendant une grande partie du samedi et du dimanche, sommeillant quand il le désirait, ne voyant que ses serviteurs et son secrétaire et laissant ses subordonnés s’occuper de la foule importune des membres du clergé et des fidèles. Il avait docilement mangé les plats légers quoique revigorants qu’on lui avait prescrits et écouté avec amusement le récit des bruits qui abondaient dans le palais.
    Quand un évêque tombe malade, il est inévitable que chaque membre du palais songe à lui trouver un linceul. Ils jaugent les éventuels prétendants en omettant par principe l’arrivée éventuelle d’une personne de l’extérieur – aussi susceptible qu’un autre d’occuper la place. Les concurrents souffrent le martyre ; les autres s’inquiètent des effets désastreux sur leurs propres ambitions, provoqués par tel ou tel homme une fois au pouvoir. Au coucher du soleil, ce samedi-là, le palais frémissait d’excitation, de crainte et d’ambition cupide.
     
    Dimanche 8 juin, jour de la Sainte-Trinité
     
    L’évêque prononçait un sermon lors des grandes fêtes : c’était un principe aussi inébranlable que celui qui fait lever le soleil à l’orient. C’est pour cette raison que, lorsque Francesc Monterranes monta en chaire et se mit à lire le texte qu’il avait soigneusement élaboré en compagnie de Berenguer et de Bernat, un frisson parcourut la multitude assemblée. Dès la fin de la messe, chacun en avait conclu que les jours de l’évêque étaient comptés. Une heure plus tard, la majeure partie de la ville avait préparé sa tombe et son rituel funèbre tout en décidant quel serait son successeur probable.
     
    Raquel était assise dans la cour. Frustrée, elle contemplait un gros livre écrit en arabe quand Yusuf arriva.
    — Viens ici, Yusuf, dit-elle d’un ton ferme. Je veux te parler.
    Il s’approcha donc.
    — Assieds-toi. Tu es aussi pâle qu’un spectre. Qu’y a-t-il ?
    — Je ne sais pas. Un instant j’ai cru voir ma mère assise près de la fontaine… mais il n’y avait rien.
    Il prit place, elle constata que sa main tremblait.
    — Je me suis dit qu’elle était morte et que son esprit était venu se reposer ici.
    — Tu ne dois pas penser cela. Tu es bouleversé. Je vais te chercher de la menthe et du citron.
    — L’odeur de la menthe chasse-t-elle les fantômes ? demanda-t-il, mi-triste, mi-curieux.
    — Non, mais elle…
    — L’odeur ! Voilà ce que c’est. Cette cour sent le jasmin. La nôtre le sentait aussi.
    — Ta mère

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