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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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l’usage
des esclaves dans le coin opposé, et elle se referma doucement alors même que
nous regardions. La tragédie d’Euripide gisait là où je l’avais posée.
    — Bon, fit Clodius, soudain mal à l’aise. N’oublie pas
de lui dire que je suis passé.
    — Je n’y manquerai pas, assurai-je.

XIII
    C’est à ce moment, exactement comme l’avait prédit Clodius,
que Pompée le Grand rentra en Italie et débarqua dans le port de Brundisium, à
trois cents milles de Rome. Les messagers du sénat se relayèrent alors pour
apporter au plus vite la nouvelle. D’après leurs dépêches, vingt mille
légionnaires avaient débarqué avec lui et, dès le lendemain, il s’adressa à eux
dans le forum de la ville.
    — Soldats, est-il censé leur avoir dit, je vous
remercie de vos services. Nous en avons fini de Mithridate, le plus grand
ennemi de la république depuis Hannibal, et nous avons accompli ensemble des
exploits héroïques dont le monde se souviendra encore dans mille ans. Le jour
est amer où nous devons nous séparer. Mais nous sommes une nation de droit, et
je ne suis habilité ni par le sénat ni par le peuple à entretenir une armée en
Italie. Que chacun regagne sa ville natale. Rentrez chez vous. Je vous promets
que vos services seront récompensés comme il se doit. Il y aura de l’argent et
de la terre pour vous tous. Vous avez ma parole. Et en attendant, tenez-vous
prêts à me rejoindre à Rome, où vous recevrez votre part du butin et où nous
célébrerons le plus grand triomphe que la mère patrie de notre empire
nouvellement agrandi ait jamais vu !
    Puis il se mit en route en direction de Rome, accompagné par
sa seule escorte de licteurs et quelques amis proches. La nouvelle se répandit
bientôt qu’il avançait sans son armée, et cela eut un effet admirable. Les gens
avaient craint qu’il ne parte vers le nord en laissant derrière lui une
campagne ravagée comme par une nuée de sauterelles. Et voilà que le Gardien de
la Terre et de la Mer se contentait d’avancer discrètement, s’arrêtant pour
dormir dans des auberges comme s’il n’était qu’un touriste revenant de vacances
à l’étranger. Dans toutes les villes sur son trajet – à Tarentum et à
Venusia, dans les montagnes puis dans la plaine de Campanie, à Capoue et à
Minturnae –, il fut acclamé par la foule. Des centaines de personnes
décidèrent de quitter leur foyer pour le suivre, et le sénat ne tarda pas à
recevoir des rapports annonçant l’arrivée d’au moins cinq mille citoyens
marchant avec lui vers Rome.
    Cicéron lut tout cela avec une inquiétude croissante. Il n’avait
jamais reçu de réponse à la longue lettre qu’il avait adressée à Pompée, et
lui-même commençait à sentir que la suffisance avec laquelle il s’était vanté
de son consulat avait pu lui causer du tort. Pis encore, il avait appris par
diverses sources que Pompée avait, lors de son voyage de retour en Italie,
conçu un préjugé défavorable à l’encontre d’Hybrida en traversant la Macédoine
où régnaient l’incompétence et la corruption, et qu’il comptait demander le
rappel immédiat du gouverneur dès qu’il serait à Rome. Une telle mesure
pourrait signifier la ruine financière de Cicéron, d’autant plus qu’il n’avait
pas encore touché un seul sesterce de la part d’Hybrida. Il m’appela dans la
bibliothèque pour me dicter une longue lettre à son ancien collègue. «  Je
vais faire tout mon possible pour protéger tes arrières, à condition que je ne
me donne pas cette peine pour rien. Et si je découvre que cela ne me vaut aucun
remerciement, je ne me laisserai pas prendre pour un imbécile… même par toi.  »
Quelques jours après les saturnales, il y eut un dîner d’adieu en l’honneur d’Atticus,
au terme duquel Cicéron lui confia la lettre et lui demanda de la remettre à
Hybrida en personne. Atticus promit de s’acquitter de sa tâche dès qu’il
arriverait en Macédoine, puis, dans les effusions et les larmes, les deux amis
se séparèrent. Les deux hommes étaient profondément tristes que Quintus n’eût
pas pris la peine de venir lui dire au revoir.
    Après le départ d’Atticus, les problèmes semblèrent affluer
de tous côtés. Cicéron était très inquiet, et je l’étais plus encore, pour la
santé déclinante de son deuxième secrétaire, Sositheus. C’était un garçon que j’avais
formé moi-même, lui ayant appris la grammaire latine, le grec

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