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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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envoyé des partisans du haut en
bas de l’ H italie pour déclencher des h émeutes.
    — Eh bien, commenta Cicéron sur un ton sarcastique en
les regardant les uns après les autres, vous êtes vraiment très bien informés.
    — Toi et moi avons eu nos désaccords, consul, dit
froidement Crassus, mais je suis d’abord et avant tout un citoyen loyal. Je ne
veux pas voir éclater une guerre civile. C’est pour cela que je suis ici.
    Il posa la cassette sur ses genoux, l’ouvrit et en sortit un
paquet de lettres.
    — Ces messages m’ont été portés plus tôt dans la
soirée. L’un m’était adressé ; deux l’étaient à mes amis ici présents,
Marcellus et le jeune Scipion, qui dînaient justement avec moi. Les autres sont
adressés à divers membres du sénat. Comme tu peux le voir, les sceaux de ces
derniers n’ont pas été rompus. Voilà. Je ne veux pas de secrets entre nous. Lis
celui qui m’est destiné.
    Cicéron lui jeta un regard soupçonneux puis parcourut
rapidement la lettre et me la tendit. Elle était très brève : «  Le
temps de la discussion est terminé. Le moment de l’action est venu. Catilina a
dressé ses plans. Il veut t’avertir que le sang va couler à Rome. Ne prends pas
de risque et quitte la ville en secret. Tu seras contacté dès que tu pourras
revenir en toute sécurité.  » L’écriture était propre et absolument
dénuée de caractère : un enfant aurait pu en être l’auteur.
    Le silence s’abattit sur la pièce.
    — Tu comprends pourquoi il fallait que je vienne tout
de suite, expliqua Crassus. J’ai toujours été partisan de Catilina. Mais nous
ne voulons pas participer à cela.
    Cicéron prit son menton dans sa main et ne dit rien pendant
un instant. Il regarda Marcellus et Scipion.
    — Et les messages que vous avez reçus ? Sont-ils
exactement les mêmes ?
    Les deux jeunes sénateurs acquiescèrent.
    — Anonymes ?
    Nouveaux hochements de tête.
    — Et vous n’avez pas la moindre idée de qui en est l’auteur ?
    Ils firent le même signe de dénégation. Pour deux jeunes
nobles romains si arrogants, je les trouvais aussi dociles que des agneaux.
    — L’identité de l’expéditeur reste un mystère,
intervint Crassus. Mon portier nous a remis les lettres alors que nous
finissions de dîner. Il n’a pas vu qui les avait apportées – on les
avait laissées sur le seuil et celui qui les a déposées s’est enfui.
Naturellement, Marcellus et Scipion ont lu la leur en même temps que j’ai
découvert la mienne.
    — Naturellement, convint Cicéron. Puis-je voir les
autres messages ?
    Crassus chercha dans sa cassette et lui tendit un à un les
messages intacts. Cicéron examina l’adresse sur chacun d’eux puis me les
montra. Je me souviens d’un Claudius, d’un Aemilius, d’un Valerius et d’autres
du même acabit, dont Hybrida : huit ou neuf au total, tous patriciens.
    — On dirait qu’il prévient tous ses compagnons de
chasse, commenta Cicéron, au nom du bon vieux temps. Il est étrange, n’est-ce
pas, qu’ils aient tous été portés chez toi ? Pourquoi, d’après toi ?
    — Je n’en ai aucune idée, répondit Crassus en soutenant
très froidement son regard.
    — Voilà une bien curieuse conspiration qui s’adresse à
un homme qui prétend ne même pas en faire partie et lui demande de lui servir
de messager.
    — Je ne prétends pas avoir d’explication.
    — Il s’agit peut-être d’un canular.
    — Peut-être, répliqua Crassus. Mais si l’on considère
les événements inquiétants qui se déroulent en Étrurie et quand on sait à quel
point Manlius et Catilina sont proches… Non, fit-il en secouant la tête. Je
crois qu’il faut prendre les choses au sérieux. Il me semble que je te dois des
excuses, consul. On dirait bien que Catilina constitue effectivement un danger
pour la république.
    — C’est un danger pour nous tous, assura Cicéron.
    — Si je peux faire quelque chose… tu n’as qu’à
demander.
    — Eh bien, pour commencer, il me faudrait ces lettres,
dit Cicéron. Toutes les lettres.
    Crassus échangea un regard avec ses compagnons, puis lui
tendit la cassette.
    — Tu vas les présenter au sénat, je suppose ?
    — Je crois qu’il le faut, non ? J’aurai aussi
besoin qu’Arrius fasse un compte-rendu de ce qu’il a appris en Étrurie.
Acceptes-tu, Arrius ?
    Arrius se tourna vers Crassus. Celui-ci lui adressa un petit
signe de tête.
    —  H absolument, confirma

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