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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’âtre.
    — Parle-moi des chrétiens, a-t-il dit.
    J’ai évoqué Christos, sa prédiction, ses disciples, la trahison de Judas et le calvaire, mais il s’est alors tourné vers moi et, levant la main droite, il m’a interrompu :
    — Ce n’est pas ton Dieu que je veux connaître, mais ceux qui croient en Lui. J’ai vu les porteurs de torches, cette foule, j’ai entendu ces chants. J’ai parlé avec Miltiade, à Rome, et tu sais comment je l’ai honoré. Tu m’as souvent lu les lettres des communautés chrétiennes, j’ai écouté Cyrille. Je sais que tu l’as envoyé à Antioche pour qu’il te renseigne. Il est courageux d’avoir accepté cette mission. J’ai vu aussi combattre les soldats chrétiens ; je n’ignore pas ce que je leur dois.
    Il s’est de nouveau tourné face au feu, bras tendus au dessus du foyer.
    — Je veux un empire où les lois soient respectées par tous. Or le glaive ne suffit pas. Les soldats ne peuvent enchaîner que les corps. Les âmes sont toujours libres. Aucun empereur – ni Néron, ni Marc Aurèle, ni Dioclétien, et il en ira de même de Maximin Daia –, n’a pu asservir les chrétiens.
    Il s’est levé et a fait quelques pas.
    — Les chrétiens, a-t-il repris, mais aussi ceux qui croient en d’autres divinités, qui sacrifient à Jupiter ou à Apollon, à Mithra ou à Cybèle, ont conservé leur foi.
    Il s’est penché vers moi.
    — Chaque Romain honore son dieu particulier. Chaque jour, on célèbre une divinité différente. Or on ne fait pas du mortier avec des grains de sable dispersés. Il faut les unir, les pétrir, et on peut alors élever des murs, bâtir, placer l’un sur l’autre des blocs de marbre que le mortier tiendra ensemble.
    Il a baissé la tête et a repris d’une voix grave :
    — Tu m’as dit à plusieurs reprises que, dans chaque ville de l’Empire, les chrétiens formaient un corps uni, organisé, avec une tête, l’évêque, des mains, les diacres ; tous ces corps ont une tête commune, le pape – c’est pourquoi j’ai honoré Miltiade –, et une âme pleine de la foi en Christos. Crois-tu que tous ces corps chrétiens, ces communautés…
    Je me suis levé d’un bond.
    — Oui, c’est le mortier que tu cherches, celui par lequel tu uniras ton empire !
    — Il faut que Licinius l’accepte, a répondu Constantin en se dressant à son tour. Mais il acceptera, a-t-il ajouté. Je lui donne ma sœur Constantia et il rêve qu’un jour il me terrassera. Voilà de quoi est fait le mortier d’une alliance !
    Il a eu un sourire fugace.
    — Écris avec Hésios un édit qui te satisfasse et qu’Hésios tout comme Licinius puissent accepter.
     
    Alors qu’on fêtait le mariage de Constantia et de Licinius, que les soldats et la foule se précipitaient pour arracher leur part des viandes rôties, des poissons, des fruits, des gâteaux au miel, ainsi que leur pichet de vin, j’ai rédigé le rescrit que les deux empereurs devaient promulguer.
    Hésios était assis en face de moi et m’a dit, avant même que j’eusse tracé le premier mot :
    — J’accepte que tu gagnes, chrétien, si je n’y perds pas. Il y a place à Rome pour d’autres dieux que le tien. Ton Christos n’avait pas encore de nom quand les Égyptiens et les Romains célébraient le Soleil, Sol invictus .
    J’ai pensé que Christos avait pris ce visage solaire pour attirer les hommes à lui.
    — Je ne veux pas que tu perdes, ai-je murmuré en posant ma main sur celle d’Hésios. Je veux que tu découvres la vraie lumière, et donc que tu gagnes. Christos ne recherche pas sa victoire, mais celle de chaque être humain. Il a souffert pour chacun de nous, il a été crucifié et a ressuscité pour nous montrer qui il était : Fils, Homme, Dieu, Esprit.
    Hésios a retiré sa main.
    — Cent divinités, en cent lieux, avant ton Christos, sont entrées dans le royaume des morts et en sont resurgies ressuscitées. Pourquoi veux-tu que je croie davantage en Christos qu’en elles ?
    — Que plus un croyant ne soit martyrisé pour ce qu’il croit, ai-je murmuré. Voilà ce que dit Christos.
    Hésios a fermé les yeux, baissé la tête.
    — Tu connais donc si peu les hommes, a-t-il soupiré, pour ignorer qu’ils se servent de leurs dieux pour prendre et pour tuer ?
    J’ai cessé de répondre et me suis mis à rédiger.
     
    « Moi, Constantin, empereur, et moi, Licinius, empereur, réunis à Milan dans le souci de la sécurité et

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