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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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soumis à des supplices qu’aucun homme encore n’avait imaginés. Mais il n’épargnait non plus aucun de ses sujets, tous victimes de sa tyrannie. Ainsi, on ne pouvait se marier qu’avec son autorisation et il exigeait que toutes les jeunes épousées lui accordent leur première nuit. Malheur à celles et à ceux qui refusaient. Elles étaient livrées aux soldats, et leurs prétendants, émasculés, jetés aux chiens.
    Tel était Maximin Daia.
    — Tu dois empêcher cette bête sauvage de nuire plus longtemps, avais-je dit à Constantin.
    Il ne m’avait pas répondu, mais, quelques jours plus tard, j’ai appris qu’il avait envoyé des messagers à Licinius, offrant à celui-ci non seulement une alliance, mais aussi d’entrer dans sa famille. Pour épouse il promettait à cet ancien soldat, devenu empereur à Nicomédie, Constantia, la fille de Constance Chlore et de sa seconde femme, Theodora, donc sa propre demi-sœur.
    Comment le parvenu qu’était Licinius aurait-il pu refuser cette offre qui le faisait membre d’une famille impériale ?
    Il avait donc quitté Nicomédie pour Milan avant même que nous ne fussions sortis de Rome.
    Nous avions progressé lentement. Les bourrasques de neige s’étaient abattues sur nous alors que nous gravissions les pentes des Apennins. Puis nous nous étions enfoncés dans la brume glacée qui recouvrait comme une eau morte la plaine du Pô.
    Le soleil semblait avoir disparu à tout jamais. Je n’ignorais pas qu’Hésios et d’autres prêtres de Sol invictus , de même que les païens, encore si nombreux dans les cohortes qui marchaient derrière nous, murmuraient, assurant que les dieux de Rome – et Sol invictus , le premier – se vengeaient ainsi des décisions prises par Constantin avant de quitter Rome.
    Il avait rendu visite en son palais du Latran à Miltiade, notre pape.
    Il avait assisté au creusement des fondations de la Basilica Constantinia , l’immense église que Constantin offrait aux chrétiens afin qu’ils prient leur Dieu et l’invitent à protéger l’Empire.
    J’avais entendu Hésios répéter qu’il ne fallait pas remettre le sort de l’Empire entre les mains d’un dieu étranger à la religion de Rome. On pouvait, avait-il ajouté, l’accueillir, tolérer que des citoyens romains le vénèrent, mais à la condition que les divinités qui, depuis l’origine, veillaient sur Rome, fussent toujours honorées.
    J’avais vu le geste amical par lequel Constantin avait rassuré Hésios tout en me regardant fixement, comme s’il avait voulu me montrer qu’il n’oubliait pas non plus ce qu’il devait aux chrétiens.
     
    Plus tard, alors que nous chevauchions, courbés, comme écrasés par le ciel bas qui s’entrouvrait parfois pour déverser sur nous une neige tourbillonnante, Constantin m’a dit, sans même tourner vers moi sa tête encapuchonnée :
    — Un empereur doit rassembler tous les épis, et nouer la gerbe.
    J’ai voulu lui objecter qu’il existait des plantes vénéneuses, des herbes qui détruisent les récoltes, et des bêtes sauvages comme Maximin Daia qui saccagent les moissons, mais le vent et la neige ont étouffé ma voix.
    Dieu peut-être l’a-t-Il voulu ainsi, parce que l’homme doit avancer pas après pas, et Constantin en avait déjà accompli de nombreux.
    Mais quand nous sommes entrés dans Milan et que du brouillard ont surgi tout à coup des porteurs de torches dont les flammes faisaient briller les armures, puis quand j’ai entendu la foule entonner les chants sacrés, invoquer Christos et acclamer Constantin, j’ai su que cet hiver de l’an 313 serait, de par la volonté de Dieu, le temps des moissons.
    J’ai oublié mon corps meurtri et transi. J’ai rejeté mon capuchon. J’ai voulu que la neige, dans sa blanche pureté, m’ondoie, et je n’ai plus ressenti ma fatigue. Mes doigts, qui étaient gourds, se sont dénoués. Il m’a semblé que mes lèvres gercées, ma peau fendue étaient à nouveau lisses.
    J’ai sauté à bas de ma monture, j’ai marché vers mes frères et sœurs, et j’ai chanté avec eux, parmi eux.
    Oui, cet hiver-là serait bien celui des moissons !
     
    Le soir même, Constantin m’a convoqué dans le palais où il s’était installé.
    Il était assis devant le feu vif d’une haute cheminée. Les flammes seules éclairaient la pièce. D’un geste il m’a invité à prendre place auprès de lui. Il a tendu les bras, paumes ouvertes au-dessus de

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