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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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agenouillé, tendant son glaive, se dépouillant de son manteau de pourpre.
     
    J’ai osé saisir le poignet de Constantin. J’ai retenu son bras armé du glaive et dit :
    — Il n’est plus qu’un corps sans âme, déjà.
    — Un loup mord tant qu’une goutte de sang coule encore dans ses veines.
    — Regarde-le, regarde-toi.
    L’un était à terre, comme une branche morte ; l’autre, glaive en main, était imposant, martial. Et près de lui flottait le labarum divin.
    — Ne le tue pas, a gémi Constantia en s’accrochant au bras de son frère. Que t’apporterait sa mort, maintenant ? Tu me l’as donné pour époux. Qui peut te menacer, Constantin ? Seul Dieu le pourrait. Et tu es l’empereur que Christos a choisi.
    Constantin a hésité puis a détourné la tête. J’ai vu son expression de mépris et de dégoût.
    Il a lancé des ordres.
    Qu’on emprisonne Licinius, de l’autre côté des détroits, dans la plus obscure, la plus profonde geôle de la forteresse de Thessalonique.
    Deux centurions ont entraîné le vaincu.
     
    En cohortes, les soldats se sont rangés devant l’empereur et ont crié :
    — Gloire à Constantin le Grand ! Loué soit l’empereur unique, protégé des dieux ! Vive Maximus Augustus  !
    Constantin s’est avancé vers eux. Dans sa main droite il tenait le glaive, la gauche brandissant le labarum .
    — Le signe de Christos nous a montré le chemin de la victoire ! a-t-il lancé. Gloire au Dieu unique !
    Les soldats ont levé leurs enseignes païennes et répété :
    — Gloire au Dieu vainqueur !
    J’ai vu tout à coup Constantin tourner la tête.
    J’ai suivi son regard.
    Au-delà des cohortes, j’ai aperçu les deux centurions qui encadraient Licinius. Le corps du vaincu paraissait déjà aussi inerte qu’un cadavre.
    À l’expression du visage de Constantin j’ai su qu’il serait assassiné au fond de sa prison.
    Ainsi avaient toujours agi les empereurs avec leurs captifs.
    J’ai baissé la tête.
    L’homme choisi par Dieu n’était qu’un homme.

 
     
     
     
     
SIXIÈMÉ PARTIÉ

 
     
26
    J’ai côtoyé et observé cet homme qui, désormais, gouvernait seul l’empire du genre humain.
    Il changeait, comme si les acclamations et les louanges transformaient et son corps et son caractère.
    Chacun de ses gestes, chacune de ses mimiques et de ses postures, bras croisés, le regard fixe, exprimait l’assurance et l’arrogance.
    On l’avait surnommé dans sa jeunesse « Trachala », et ce gros cou, cette nuque épaisse qui révélaient sa force, sa détermination, son obstination, ses épaules et son torse s’étaient encore élargis.
    Il ressemblait à une statue taillée dans un seul bloc d’une pierre rugueuse. Quand il s’approchait, je voyais l’inquiétude et même la peur figer ceux vers qui il s’avançait, comme s’ils avaient craint qu’il ne les écrasât.
    Plus souvent qu’autrefois il serrait les poings, et la fureur conférait à ses traits rudes une expression d’implacable violence.
    C’était comme si, emporté par la colère, il avait rejeté son manteau de pourpre, sa tunique blanche bordée d’un galon d’or et recouverte de pierres précieuses, déposé le labarum . Il n’invoquait plus Christos, il était redevenu le jeune homme contraint à Nicomédie de combattre dans l’arène les plus redoutables des gladiateurs, les plus puissants des ours et des lions.
    Il les avait terrassés, égorgés, tout comme il avait triomphé de Galère, vaincu et tué Maximien et Licinius, défait les armées de Maxence, les hordes des Goths et des Alamans.
    Il était bien celui que les soldats, les sénateurs et la plèbe appelaient le « Vainqueur perpétuel ».
    Dans son regard, je percevais la ruse et la défiance, la volonté, le courage, mais aussi l’impitoyable détermination et même une tranquille cruauté. Il avait dû conjuguer le bien et le mal pour l’emporter ainsi tout au long de sa vie.
     
    L’angoisse m’étreignait.
    J’avais montré à cet homme-là le signe de Christos. Et il avait brandi le labarum , imposé sa loi aux évêques rassemblés en Arles, distribué pouvoirs et biens à nos églises, à nos communautés. Mais son âme était-elle celle d’un chrétien ou bien s’était-il servi de nous, chrétiens, pour régner seul sur l’Empire ?
    Avait-il pu, par notre faute, abuser Dieu ?
     
    Je le suivais dans les dédales du palais impérial, à Rome.
    Il souhaitait que je

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