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Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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jour, serait tranché ? Et qu’il lui faudrait alors comparaître devant Dieu ?
    C’était à moi, c’était aux chrétiens, à l’Église de l’arracher au piège du démon.
    Mais j’ai entendu Cyrille, homme de notre foi, dire à Constantin :
    — Tu illumines l’Empire comme le soleil le monde ! Tes fils, tes frères, tes légats, tes tribuns et tes centurions, tes légions sont les rayons qui naissent de ta puissance ! Tu éclipses tous les astres, tu répands ta chaleur d’une extrémité à l’autre de l’Empire ! Tu donnes ta lumière à tout le genre humain !
    J’en ai été indigné. On eût dit la harangue d’un Hésios ou d’un Optatus, celle d’un prêtre d’Apollon, non d’un disciple de Christos.
    Cyrille a paru surpris de mes reproches.
    Ne fallait-il pas louer Constantin, l’homme que Dieu avait choisi parmi tous les hommes pour devenir l’empereur unique ? lui qui avait vaincu les persécuteurs, construit les basiliques, dont la mère avait trouvé la Vraie Croix, et qui avait fondé cette Nova Roma où jamais un empereur n’avait fait couler le sang chrétien ?
    Qu’avais-je à redire à cela ?
    Cyrille s’est à son tour emporté. Il défendait Constantin, me rappelait qu’aucun de ces jeux sanglants, ces vrais sacrifices humains qui accompagnaient naguère toutes les fêtes romaines, n’avait assombri les célébrations de la naissance de Constantinopolis.
    Et Constantin avait depuis lors accordé de nouveaux pouvoirs aux évêques, désormais les égaux des magistrats les plus puissants de l’Empire.
    C’était comme si, au fur et à mesure que les représentants de l’empereur perdaient de leur autorité, les évêques en gagnaient.
    — Notre Église, a répété Cyrille, est le plus brillant, le plus puissant, le plus chaud des rayons du soleil.
    J’ai protesté :
    — Constantin n’est pas une divinité solaire ! Il n’est pas Dieu !
    — Il est l’égal des apôtres, m’a répondu Cyrille, tout à coup apaisé.
    Puis il m’a rapporté que Constantin, devant quelques évêques d’Orient s’apprêtant à regagner leurs provinces, avait déclaré explicitement : « La puissance de Dieu est mon alliée. » Pouvais-je contester ces termes ?
     
    J’ai observé Constantin. Les longues festivités de la fondation de la Nova Roma l’avaient changé. Ses gestes étaient encore plus lents, sa démarche plus majestueuse, son regard plus fixe. Cependant, si son visage exprimait l’orgueil de l’homme dont la tâche est accomplie, j’y lisais aussi l’ennui, la lassitude.
    Il venait pourtant d’avoir à peine cinquante ans. Mais les guerres successives avaient creusé ses joues, peut-être écrasé son corps de fatigue.
    Sans doute aussi aspirait-il à jouir de son triomphe.
    Les banquets désormais se succédaient jour après jour et se prolongeaient jusqu’à l’aube. De jeunes esclaves y dansaient et venaient frôler le corps de l’empereur. Il était la statue sacrée placée au centre du palais sacré. Celui qui aurait simplement refusé de s’agenouiller devant l’empereur aurait commis un sacrilège et aurait aussitôt eu à subir les supplices ou la mort.
    Autour de Constantin se tenait sa garde personnelle composée de Goths, de Germains et d’Alamans dévoués, prêts à tuer sur un battement de cils de l’empereur.
     
    Mais qui aurait eu la témérité de le défier ? Les courtisans lui répétaient à satiété qu’il disposait des pouvoirs d’un dieu, que lui-même et sa famille étaient divins.
    Mais je devinais derrière ces louanges d’implacables rivalités.
    Les demi-frères et les demi-sœurs de Constantin – Dalmatius, Constantius, Hannibalius, Eutropia, Anastatia – formaient un clan qui défendait un préfet du prétoire, Ablabius, maître des intrigues et des calomnies, homme gras au visage veule. Il avait écarté Constantia, l’aînée des demi-sœurs, qui avait choisi de rallier le clan des fils de l’empereur, Constance, Constans, Constantin le Jeune, et de ses filles, Hélène et Constantina.
    Tous s’agenouillaient devant Constantin le Grand mais échangeaient entre eux des regards pleins de défiance et de haine.
    Ablabius jalousait Sopatros parce que le philosophe grec avait su conquérir la confiance de l’empereur qu’il continuait d’étonner par ses oracles et ses tours de magie.
    J’entendais les chuchotements d’Ablabius. Je devinais ses complots alors que cet intrigant, cet

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