Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Constantin le Grand

Constantin le Grand

Titel: Constantin le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
réussirait-Il un jour à faire régner parmi le genre humain les vertus chrétiennes ?
     
    J’étais à nouveau inquiet.
    Hésios s’était allié à Optatus, le complaisant mari d’Alexandra, la concubine de Constantin.
    Je découvris que l’on allait dresser au centre du forum une colonne de porphyre au sommet de laquelle serait hissée une statue de Constantin recouverte de feuille d’or.
    Hésios lui-même m’apprit que Constantin serait représenté sous les traits d’Apollon, les rayons solaires nimbant sa tête.
     Devinant sans doute mon étonnement et ma réprobation, il murmura qu’Apollon était l’un des visages du Dieu unique, et, ajouta-t-il en souriant, on pouvait dire aussi que Christos – « Ton Christos, Denys » – était l’une des représentations de Sol invictus .
     
    Je me suis emporté.
    Cette ville allait donc aussi être païenne ? On y achevait la construction d’immenses thermes, dits de Zeuxippe, plus vastes que ceux de Rome ou d’Aquilée. Des milliers d’hommes et de femmes pourraient, dans la promiscuité, s’y baigner, s’y faire masser et – il en était ainsi dans tous les thermes de l’Empire – s’y livrer à la débauche.
    Et je voyais Constantin s’attarder dans les banquets, s’y complaire en compagnie de jeunes esclaves.
    S’arracherait-il jamais aux croyances et aux mœurs païennes ?
     
    J’ai appris que la statue d’or représentant Constantin en Apollon serrerait dans sa dextre un spectre, et dans sa gauche un globe surmonté d’une victoire ailée.
    Où était le signe de Christos qui avait annoncé et permis la victoire ?
    Hésios me révéla qu’une inscription, au bas de la statue, mentionnerait : « Constantin resplendit comme Sol invictus . »
     
    Ainsi l’empereur qui avait aidé l’Empire chrétien à naître était loué à l’égal d’une divinité païenne !
    J’ai demandé à être reçu par Constantin en audience particulière, et, lorsque je me suis avancé vers lui, j’ai senti son étonnement. Je pouvais lui parler à tout instant, le côtoyant chaque jour : quel était donc le sens de cette entrevue solennelle ?
    — N’oublie pas Dieu, Constantin le Grand, ai-je commencé. N’oublie pas ce que tu Lui dois. N’oublie pas ta sainte mère et la Vraie Croix. Au lendemain de sa mort et de son entrée dans la vie éternelle, je t’ai dit : « Tu es seul face à Dieu. » Tu as construit cette ville pour qu’avec sa naissance soit fondé l’Empire chrétien.
    Il a plissé les paupières, serré les mâchoires et m’a répondu d’une voix sourde :
    — Que veux-tu de plus ? J’ai fait construire des basiliques et des églises. J’ai arraché les colonnes, le marbre et les statues des temples païens dans tout l’Empire. Ici, dans la Nova Roma , on ne célèbre aucun culte païen.
    — Mais toi, Constantin le Grand, tu es représenté en Apollon qui domine le forum et la ville, et l’inscription sous ta statue te compare à Sol invictus .
    Il a eu un geste d’indifférence, puis a penché la tête et marmonné qu’il ne voulait pas renier Sol invictus ni Apollon qui, dans un songe, lui avait annoncé trente ans de règne impérial.
    — N’oublie pas Dieu ! ai-je insisté.
    Il est venu vers moi et a ajouté :
    — Je ferai inscrire aussi : « À toi, Christos, à toi, Dieu, je dédie cette ville. » Es-tu satisfait ?

 
     
33
    Je m’interrogeais : une inscription suffisait-elle pour que cette ville fut vraiment dédiée à Christos et pour que Dieu la reconnût pour Sienne ?
    J’en doutais.
    À chaque pas, le long de la Mesée, cette voie qui, pareille à un fleuve, partageait la ville en deux, se dressaient des estrades autour desquelles la foule s’agglutinait, écoutait, fascinée, les prédictions des oracles.
    Je dévisageais ces femmes et ces hommes qui se frôlaient, s’enlaçaient. Ils venaient de toutes les provinces de l’Empire pour assister aux fêtes qui allaient célébrer, en ces jours de printemps, la naissance officielle de la cité dont on discutait encore le nom.
    Certains l’appelaient Nova Roma , d’autres Secunda Roma .
    Mais j’avais vu les pièces d’or frappées à l’effigie de Constantin, sa tête auréolée des rayons solaires d’Apollon ; ces monnaies qui s’entassaient dans l’une des pièces du palais impérial portaient le nom de Constantinopolis, et c’était sa véritable appellation. Elle était bien la ville de

Weitere Kostenlose Bücher