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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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s’enfuir, mais le revenant lui barra le passage.
Il tomba mort de saisissement.
    Nantes (Loire-Atlantique).
     
    Dans
toute la Basse-Bretagne existent des chansons sur le même thème : un jeune
homme invite un mort ou un pendu à son repas de noces et le spectre répond à
l’invitation.
L’HERITAGE DE G É RARD
    Il y a bien longtemps, un seigneur de noble famille mourut
en laissant deux fils, dont le cadet se nommait Gérard.
    Le père, qui avait trois ou quatre châteaux, les laissa
tous, avec les terres, à son fils aîné, tandis que Gérard reçut à peine de quoi
vivre.
    Il était jeune, gai, et aimait le plaisir. Il employa les
quelques rentes qui lui avaient été attribuées à s’amuser avec ses amis, tant
et si bien qu’il eut bientôt dépensé tout ce qu’il possédait. Il se trouva sans
ressources.
    Il alla trouver son frère aîné, disant qu’il était bien
pauvre et qu’il lui restait à peine de quoi vivre. Son frère réfléchit quelques
instants, puis il lui dit :
    — Écoute, je crois que nous allons pouvoir nous
arranger. Parmi les châteaux que j’ai hérités de notre père, il s’en trouve un
qui est inhabité pour le moment. Il était occupé autrefois par des gens qui
sont morts maintenant. Il est même rempli, du haut en bas, de meubles
magnifiques, et les héritiers des anciens habitants n’ont jamais réclamé ce
riche mobilier. Il est toujours intact.
    Ce qu’il ne disait pas, c’est que les habitants du château
étaient morts d’une façon mystérieuse, sans qu’on eût jamais pu expliquer
comment.
    — Donc, Gérard, continua le frère, si tu veux habiter
ce château, je t’en fais volontiers cadeau. Il est entouré dit-on, d’un superbe
parc, de prairies et de bois. Puisque j’en ai trois autres, je peux bien te
donner celui-là.
    Gérard fut enchanté de cette proposition et il accepta
immédiatement ce cadeau inespéré.
    Son frère fit dresser un acte, par lequel il lui cédait tous
ses droits sur le domaine. Après l’avoir signé et remercié chaleureusement son
frère, le jeune homme courut inviter deux de ses amis intimes pour venir avec
lui pendre la crémaillère dans son nouveau château.
    Ils partirent donc et arrivèrent tous les trois à la
propriété qu’ils visitèrent dans tous les sens. Ils parcoururent le château de
la cave au grenier, admirant le superbe mobilier qui le garnissait. Enfin ils
se mirent à table et burent tous trois de telle sorte qu’ils eurent la tête un
peu échauffée. Et ils jouèrent aux cartes.
    Les parties se succédaient les unes aux autres. Tout à coup
minuit vint à sonner.
    Au même instant, on entendit un bruit infernal de chaînes
traînées dans les corridors. Les trois jeunes gens, qui étaient très étourdis
par le vin, se sentirent effrayés et commencèrent à se regarder avec
inquiétude.
    — Ah ! ça ! dit Gérard. Mon frère m’avait
affirmé que le château était désert. Je crois qu’il n’en est rien. D’où peut
venir ce tapage ?
    Au même instant, la porte du salon s’ouvrit à deux battants
et un squelette apparut, drapé dans un grand manteau. Ses deux amis tremblaient
de tous leurs membres, mais Gérard, qui était plus brave, se leva de sa chaise
et regarda l’apparition sans pâlir. Le fantôme s’approcha de lui et lui dit
d’une voix caverneuse :
    — As-tu peur, Gérard ? As-tu peur ?
    — Non, répondit Gérard.
    Le squelette lui présenta alors son crâne en disant :
    — Boirais-tu dans cette coupe ?
    — Pourquoi pas ? dit Gérard.
    — As-tu peur, Gérard ? As-tu peur ? répéta le
fantôme.
    — Non, répondit le jeune homme.
    — Si tu n’as pas peur, bois dans ce crâne ! dit le
revenant.
    Et prenant une bouteille sur la table, il remplit le crâne
et le lui tendit.
    Gérard prit le crâne et but tandis que ses camarades
tombaient évanouis.
    — Maintenant, dit le spectre, je sais que tu es brave.
Tu vas me suivre.
    Gérard se leva, et laissant ses deux amis sans connaissance,
il s’avança à la suite du fantôme. Il demanda :
    — Où allons-nous ?
    — Tu le verras bien !
    Le squelette descendit le grand escalier. Une pâle lumière
l’enveloppait et se répandait autour de lui. Gérard, en quittant la salle,
avait emporté une torche de résine et un briquet qu’il avait dissimulés sous
ses vêtements. Ils descendirent jusqu’aux caves. Arrivé à un certain endroit,
le spectre ouvrit une porte secrète, toute bardée de fer,

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