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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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maléfiques, mais qui s’amusent à égarer les gens et à
leur faire peur. Il y a une parenté avec les korrigans ou ozeganñed de la Basse-Bretagne, encore que
ceux-ci soient généralement plus coopératifs avec les humains.
LA NAISSANCE ET LE MARIAGE DU DIABLE
    Il y avait une fois, dans un beau château, une jeune
princesse qui se nommait Préserpine. Elle était très riche, mais elle avait le
cœur dur, et lorsqu’il venait des pauvres pour demander l’aumône à la porte de
son château, elle les faisait assommer à coups de pierres par ses serviteurs.
    Un jour qu’elle était allée se promener dans une ville, elle
vit sur la place une statue de la Bonne Vierge. Au grand scandale de tous, elle
lui fit couper la tête.
    Le lendemain, il arriva à son château trois pauvres qui
demandèrent l’aumône. C’étaient le Bon Dieu, saint Jean et saint Pierre qui
voyageaient sur la terre. La princesse, suivant son habitude, voulut les faire
tuer par ses domestiques, mais ceux-ci, ayant attrapé des pierres, ne pouvaient
pas bouger et demeuraient sur place comme des bornes. Le Bon Dieu dit à
Préserpine :
    — Puisque tu as si mauvais cœur, pour ta punition, tu
mettras au monde un enfant, et dès qu’il sera né, il sera transformé en une
bête qui aura une tête de lion avec des cornes, et des pieds de cheval. Il
restera sous cette forme jusqu’à l’âge de seize ans. Après quoi, il pourra
prendre toutes les formes qu’il voudra, mais jamais il ne pourra changer ses
pieds qui resteront toujours ceux d’un cheval. Il sera appelé le Diable, et je
le mettrai dans l’Enfer pour rôtir au milieu des flammes les méchantes gens et
les mauvais cœurs comme toi.
    Le Bon Dieu disparut après avoir dit ces mots, et ses
disciples avec lui. La princesse ne pouvait croire que ce qui lui avait été dit
pût se réaliser, et elle rit beaucoup des menaces qu’elle avait entendues. Mais
quelques mois après, bien qu’elle ne fût point mariée, elle mit au monde un
enfant laid comme le péché, qui avait une tête de lion avec des cornes et des
pieds de cheval.
    Bien des fois, Préserpine voulut tuer cette vilaine bête,
mais elle ne put jamais y réussir et elle fut obligée de l’élever. Quand le
monstre eut seize ans, elle lui dit que, désormais, il pouvait prendre toutes
les formes qu’il voudrait. Il désira être un homme. Aussitôt sa tête de lion et
ses cornes disparurent, et il eut la tête et le corps d’un homme, mais ses
pieds restèrent semblables à ceux d’un cheval.
    Il était méchant comme sa mère, et souvent, pour faire peur
aux gens, il s’amusait à se transformer en animal. Pour cela, il choisissait
les formes les plus terribles qu’il pouvait trouver, puis quand il avait bien
effrayé les gens, il leur disait en grinçant des dents :
    — Bientôt, je vous rôtirai en Enfer !
    Dans tout le pays qui avoisinait le château de sa mère, les
gens étaient bien ennuyés de ses méchants tours, mais ils ne savaient comment
faire pour se débarrasser de lui, car on ne pouvait le tuer.
    Un jour qu’il se trouvait dans une maison neuve, un prêtre
vint pour bénir les murs. Mais comme il aspergeait tout avec son goupillon,
quelques gouttes d’eau bénite tombèrent par hasard sur le Sorcier – c’était
ainsi qu’on appelait le Diable en ce temps-là – Dès qu’il eut senti l’eau
bénite sur son corps, il sortit de la maison en hurlant à faire trembler. Mais
depuis ce jour-là, ses voisins, pour se débarrasser de lui, l’aspergeaient
d’eau bénite. Le Sorcier n’y résistait pas et partait sans demander son reste.
    À l’âge de vingt ans, il voulut se marier, mais bien qu’il
fût très riche, aucune femme ne voulait de lui. Sa mère Préserpine fit publier,
au son du tambour, qu’elle donnerait son château et tous ses biens à la jeune
fille qui consentirait à épouser son fils. Mais il ne s’en présenta pas une
seule. Aucune femme, belle ou laide, jeune ou vieille, riche ou pauvre, ne
voulait se marier avec le Diable.
    Or le Diable avait une baguette avec laquelle il pouvait
faire tout ce qu’il désirait. Quand il vit qu’il ne trouvait aucune femme qui
voulût de lui de bon gré, il toucha de sa baguette une jeune fille qui
s’appelait Préserpine, comme sa mère et il désira qu’elle fût transformée en
ânesse jusqu’à ce qu’elle eût consenti à l’épouser.
    La jeune Préserpine fut si contrariée d’être sous la forme
de cette bête

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