Contes populaires de toutes les Bretagne
un chêne qui était creux. En le
regardant davantage, il vit qu’il y avait un escalier à l’intérieur de ce
chêne, par lequel on pouvait monter au sommet. Le mari de la Boule de Feu se
dit que peut-être sa femme se trouvait là. Il gravit l’escalier et déboucha
dans une sorte de chambre où il y avait un lit. Il pensa que c’était sûrement
là qu’elle venait se coucher, et il se cacha sous le lit.
Vers les onze heures, il entendit qu’on montait l’escalier,
et il vit un homme qui se jeta sur le lit. Un quart d’heure après, il en arriva
un second qui alla rejoindre le premier. Un quart d’heure après, il en vint
encore un troisième qui monta sur le lit. Quand minuit sonna, l’un des hommes
dit à ses compagnons :
— Qu’avez-vous trouvé aujourd’hui, vous autres ?
— Moi, répondit l’un, j’ai trouvé des bottes qui font
cent lieues à chaque pas.
— Moi, dit un autre, j’ai un chapeau : quand je le
mets sur ma tête, je deviens invisible.
— Quant à moi, dit le premier qui avait parlé, j’ai
trouvé un sabre qui ne rate jamais son coup.
Et ils s’endormirent en ronflant très fort. Le mari de la
Boule de Feu, qui avait tout entendu, se hâta de chercher les objets dont ils
avaient parlé. Il mit le chapeau sur sa tête, chaussa les bottes de cent lieues
et s’empara du sabre. Après quoi, il prit le large, laissant les compagnons
dans le chêne.
Il arriva chez une vieille bonne femme et lui demanda s’il
pouvait loger dans sa maison.
— Je le voudrais bien, lui répondit-elle, mais je suis
la mère de Gelée, Vent et Pluie. Mes trois fils vont arriver bientôt, et si tu
restais ici, tu serais gelé, emporté par le vent ou mouillé par la pluie.
— Cela ne fait rien, dit-il. Donnez-moi un bon lit et
ne vous inquiétez pas du reste.
Elle lui donna le meilleur lit de la maison. Il s’y coucha
tranquillement. Peu après, la porte s’ouvrit et Gelée fit son entrée : il
y eut un froid terrible. Le mari de la Boule de Feu se leva alors et demanda à
Vent, qui entrait en soufflant, s’il n’avait pas vu sur son passage une
princesse qui s’était mariée sept ans auparavant et qui était sans doute sur le
point de prendre un nouveau mari.
— Oui, répondit Vent, j’en ai vu une.
— Dis-moi donc où elle se trouve.
— Je vais de branche en branche à travers le monde
entier. C’est bien loin d’ici !
— Aucune importance, j’ai des bottes de cent lieues.
— Alors, demain matin, tu viendras avec moi. Si tu peux
me suivre, je te montrerai l’endroit.
À la suite de Vent, le mari de la Boule de Feu arriva auprès
du château où la princesse devait se marier. Il mit alors son chapeau et entra
dans le château. Comme il traversait la cour, il vit la princesse à sa fenêtre.
Il ôta son chapeau pour la saluer, et comme il était redevenu visible, elle le
reconnut.
Il y avait un repas avant le mariage. La Boule de Feu dit
aux invités :
— Si une personne a deux clefs, une vieille et une
neuve, laquelle des deux doit-elle le mieux respecter ?
Ils se mirent tous à répondre :
— C’est la vieille.
— Non, non, s’écria le fiancé de la princesse. C’est la
neuve.
À peine avait-il dit ces mots que le mari de la Boule de Feu
lui fit sauter la tête d’un coup de son sabre. Il leva alors son chapeau et
redevint visible. La Boule de Feu le reconnaissait bien et elle en fut tout heureuse.
Ils célébrèrent de nouvelles noces, puis ils retournèrent à
leur château. Depuis ce temps-là, ils ne se sont jamais quittés.
Penguilly (Côtes-du-Nord).
Il y a
de nombreux thèmes réunis dans ce conte, notamment celui de la Mère des Vents
et celui de Mélusine, la fée qu’on ne doit point voir pendant certains jours
parce qu’elle appartient à l’Autre-Monde. Les bottes de cent lieues et les
objets magiques sont évidemment trouvés par hasard – ou volés – par le héros
qui s’en sert pour récupérer son épouse disparue.
LE DOMESTIQUE DU DIABLE
Il y avait une fois un petit garçon que l’on appelait Féfé,
et qui était berger dans une grande métairie. Un jour, il perdit une des plus
belles brebis de son troupeau. Jusqu’au soir, il la chercha, se demandant
comment il rentrerait au logis, car son maître était dur et méchant.
Effectivement, quand il s’aperçut qu’il manquait une brebis, il ne battit pas
Féfé, mais il le jeta dehors en disant :
— Va-t-en, va-t-en ! et ne reviens que lorsque
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