Contes populaires de toutes les Bretagne
était très aimé. Tout le monde entrait
dans le palais et bavardait avec lui. Or un jour, une vieille femme, que
personne n’avait jamais vue, vint au chevet du roi. Elle l’examina et
dit :
— Mon roi, je sais un remède qui peut vous soulager,
mais il n’est pas sûr que vous puissiez vous le procurer. Il faut que vous
buviez de l’eau de la Fontaine du Soleil et que vous écoutiez chanter le Merle
au Bec d’Or. Mais je ne sais pas où se trouvent la fontaine et l’oiseau.
Peut-être que vos fils pourront les trouver.
Le roi de Lannion avait trois fils. Il fit venir l’aîné et
lui raconta ce que la vieille femme lui avait dit. Alors l’aîné prit la route
au hasard. Il demandait partout si on connaissait la Fontaine du Soleil et
l’endroit où se trouvait le Merle au Bec d’Or. On lui répondait qu’on ne savait
pas où ils se trouvaient.
Le fils du roi marcha longtemps. À la fin, il arriva près
d’une grande ville, et au moment de pénétrer dans la ville, il aperçut une
auberge sur les murs de laquelle ces mots étaient écrits : « ici on
boit, on mange et on dort pour rien ».
Il regarda à l’intérieur et ne vit que des gens en train de
danser. Après avoir un peu hésité, il se décida à entrer. Mais le genre de vie
qu’on y menait lui plut tellement qu’il y resta et ne s’occupa plus de la
Fontaine du Soleil, ni du Merle au Bec d’Or.
Le temps passait. Le roi de Lannion ne voyait pas revenir
son fils aîné. Il appela son second fils et lui demanda d’aller chercher de
l’eau de la Fontaine du Soleil et le Merle au Bec d’Or. Le second fils partit
lui aussi.
Il suivit la même route que son aîné et se disposait à
entrer dans la grande ville quand il aperçut l’auberge sur les murs de laquelle
étaient écrits ces mots : « ici on boit, on mange et on dort pour
rien ». Il s’arrêta, poussé par la curiosité. Et alors il vit son frère
par la fenêtre.
— Bonjour, dit-il, je suis arrivé à te retrouver.
— Où vas-tu donc ? demanda l’aîné.
— Et toi, as-tu trouvé la Fontaine du Soleil et le
Merle au Bec d’Or ?
— Ma foi, dit l’aîné, il y a bien longtemps que je n’y
pense plus, je suis très bien ici et j’y reste.
Le frère cadet voulut voir ce qui se passait à l’intérieur
de l’auberge et savoir pourquoi son frère tenait tant à rester là. Mais dès
qu’il entra dans l’auberge, il ne pensa plus à la Fontaine du Soleil, ni au
Merle au Bec d’Or. Il y avait à boire et à manger, et l’on s’amusait bien dans
cette auberge. Alors, il y resta en compagnie de son frère.
Le temps passait et le roi de Lannion ne voyait pas revenir
ses deux fils. Et il était de plus en plus malade. Il fit appeler son troisième
fils, Loeiz. C’était un garçon malingre et souffreteux, qui passait tout son
temps au coin du feu, parce qu’il prétendait qu’il avait froid.
— Mon fils, lui dit le roi, si je savais que tu puisses
retrouver tes frères, je te dirais bien de partir toi aussi.
— Mais, mon père, pourquoi n’irais-je pas moi-même
découvrir la Fontaine du Soleil et le Merle au Bec d’Or ?
— Toi ? dit le roi, mais tu ne pourras jamais y
arriver. Tu es trop faible et trop malade pour cela.
— Cela ne fait rien, dit Loeiz, j’irai.
Et il partit sur la route. Il suivit le même chemin que ses
frères et il arriva à l’auberge où l’on pouvait boire, manger et dormir pour
rien. Il regarda par la fenêtre et aperçut ses frères qui dansaient.
— Bonjour, leur dit-il, je vous ai enfin retrouvés.
— Viens avec nous, lui dirent-ils, tu pourras boire et
manger tant que tu voudras et cela ne te coûtera rien !
— Mais, dit Loeiz, avez-vous trouvé la Fontaine du
Soleil et le Merle au Bec d’Or ?
— Il s’agit bien de cela, dirent les aînés, nous sommes
très bien ici et il y a bien longtemps que nous n’y pensons plus !
Et comme ils insistaient pour qu’il entrât, Loeiz leur
dit :
— Je vais chercher l’eau de la Fontaine du Soleil et le
Merle au Bec d’Or pour guérir mon vieux père.
Et il reprit sa route. Il traversa un pays désertique. Le
soleil était très chaud. Loeiz avait très soif et il était très fatigué. Il
aperçut une petite maison, près d’un bois de pins. Il y avait une vieille femme
dans cette maison et il lui demanda de le loger.
— Je ne peux pas te loger, mon garçon, j’ai un mort sur
mon lit.
— Comment cela ? dit Loeiz. Vous avez un
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