Contes populaires de toutes les Bretagne
j’ai l’eau de la
Fontaine du Soleil et le Merle au Bec d’Or afin de guérir notre père, et en
plus, je ramène la Princesse aux Cheveux d’Or.
Les frères étaient las de la vie qu’ils menaient dans
l’auberge.
— Attends-nous, lui dirent-ils, nous rentrons avec toi.
Et ils firent route ensemble. Mais une nuit, alors que Loeiz
dormait, ses deux frères se saisirent de lui et le jetèrent dans un puits. Puis
ils s’emparèrent de la fiole qui contenait l’eau de la Fontaine du Soleil, du
Merle au Bec d’Or, de la Princesse et du Cheval de Feu, et s’en retournèrent à
Lannion, chez leur père.
Leur père fut tout heureux de les retrouver. Mais quand il
s’agit d’ouvrir la fiole d’eau de la Fontaine du Soleil, rien à faire. Il était
impossible de la déboucher. Quant au Merle au Bec d’Or, il se refusait à
chanter. Le vieux roi était toujours aussi malade, et la Princesse passait ses
journées à pleurer parce qu’elle croyait que Loeiz était mort.
— Où est Loeiz, mon plus jeune fils ? se lamentait
le roi de Lannion.
Loeiz était dans le puits. Il n’était pas mort, mais il se
morfondait et maudissait ses frères de lui avoir joué un tel tour. C’est alors
qu’il entendit une voix au-dessus de lui, sur le rebord du puits.
— Bonjour à toi, disait la voix.
— Bonjour, répondit Loeiz. Qui es-tu ?
— Tu ne me reconnais pas ? demanda la voix.
— Non, dit Loeiz.
— Je suis l’homme en noir et l’homme en brun qui t’ont
indiqué la route à suivre pour découvrir l’eau de la Fontaine du Soleil et le
château du Merle au Bec d’Or. Te souviens-tu d’avoir payé pour enterrer un
mort ?
— Certes oui, dit Loeiz, et je ne le regrette pas.
— Tu n’as pas à le regretter, en effet, dit la voix,
car ce mort, c’est moi. Et en récompense du bienfait que tu m’as procuré sans
espoir de récompense, je vais te tirer d’affaire.
Loeiz fut vite sorti du puits. Il se dirigea tout droit vers
Lannion. Quand il fut arrivé, il se fit introduire près de son père. À première
vue, celui-ci ne le reconnut pas, tant il avait forci, tant il avait bonne
mine. Mais le roi de Lannion fut tout heureux de retrouver son fils.
— Vous n’avez pas vu mes frères ? demanda Loeiz.
— Si, répondit le roi. Ils sont arrivés avec l’eau de
la Fontaine du Soleil, avec le Merle au Bec d’Or, et aussi avec une Princesse
aux Cheveux d’Or, la plus belle de toutes les princesses.
— Alors, mon père, vous êtes guéri !
— Hélas, non, dit le roi. Il est impossible d’ouvrir le
flacon qui contient l’eau de la Fontaine du Soleil, et le Merle au Bec d’Or ne
veut pas chanter. Quant à la Princesse, elle pleure toute la journée.
— Je vais vous guérir, moi, dit Loeiz.
— Comment le pourrais-tu, mon pauvre fils ?
— Je vous assure que vous allez guérir.
Loeiz alla chercher le flacon qui contenait l’eau de la
Fontaine du Soleil et la cage où se trouvait le Merle au Bec d’Or. Il déboucha
le flacon et donna l’eau à boire à son père. Aussitôt le Merle au Bec d’Or se
mit à chanter un chant merveilleux que nul n’avait jamais entendu dans le
château.
Quant au roi, il se leva de sa couche et dit :
— C’est vrai, je suis guéri.
Et tous ceux du palais furent joyeux. Et la Princesse aux
Cheveux d’Or se précipita, tout heureuse de retrouver Loeiz qu’elle croyait
perdu.
— Vous voyez bien, mon père, vous êtes guéri !
— Oui, j’y crois maintenant.
— Et mes frères qui ont été incapables de vous guérir,
les croyez-vous encore ?
— Certes non, dit le roi. C’est toi seul qui as fait
quelque chose pour moi, je le comprends bien. Qu’ils s’en aillent d’ici ou je
les ferai jeter dans un four ! Toi, tu resteras auprès de moi.
C’est ainsi que le roi de Lannion garda seulement auprès de
lui son plus jeune fils, Loeiz. Et Loeiz épousa la Princesse aux Cheveux d’Or.
La Roche-Derrien (Côtes-du-Nord).
Ce
conte, dans sa structure essentielle, a été recueilli en 1954. La version
transcrite par Geneviève Massignon dans ses Contes traditionnels
des Teilleurs de lin est absolument incohérente par ses manques, ses inversions et ses
ellipses : visiblement, le locuteur ne comprenait plus rien à ce qu’il
racontait. Pour rendre cette version intelligible, il était nécessaire de la
confronter avec la version recueillie par J. -M. Luzel en 1875 à
Plougasnou, et publiée par lui dans ses Contes
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