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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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qu’on me proposait et d’y perdre, trop souvent, plus que je n’y gagnais.
    Mais il n’était pas question que je prenne les mêmes risques que la dernière fois. J’étais maintenant responsable d’une femme et bientôt d’un bébé. En outre, une solide méfiance s’était définitivement ancrée en moi – y compris envers les hauts personnages qui m’avaient envoyé ici.
     
    J’avais pris la peine de passer voir le proconsul, pour l’informer de mes intentions. Il m’avait écouté sans m’interrompre. Puis, après avoir haussé les épaules, il s’était contenté de dire que je paraissais savoir ce que je faisais et qu’il me laisserait agir à ma guise. Toujours la même vieille rengaine ! Si tout se passait bien, il tirerait la couverture à lui, et dans le cas contraire, il ne serait en rien responsable de mon échec.
    Toutefois, son personnel, qui devait avoir reçu des ordres en conséquence, me procura deux superbes mules. Et encore mieux : une carte sans doute établie à l’intention du proconsul soi-même quand il était venu prendre son poste, et qui indiquait toutes les mines répertoriées. Des informations dont je n’avais eu cure jusqu’à ce jour.
    Si les mines d’argent de Bretagne s’étaient avérées bien décevantes, le sous-sol hispanique était d’une richesse fabuleuse. Il paraissait regorger d’or. Les grandes mines du nord-ouest, exploitées par l’État, produisaient vingt mille livres d’or par mois. Elles étaient protégées par la seule légion cantonnée dans la province, la Septième Gemina. Et il n’y avait pas que des mines d’or, mais aussi d’argent, de plomb, de cuivre, de fer et d’étain. Si quelques-unes appartenaient encore à des particuliers, Vespasien déployait beaucoup d’efforts pour y remédier à terme. Choisi par l’empereur, un procurateur chapeautait l’administration et prenait en son nom les décisions qui s’imposaient. Des sociétés minières locales pouvaient prendre à bail certains sites, moyennant un pourcentage de leur production et le paiement d’une grosse somme.
    J’avais réussi à apprendre que Quinctius Quadratus s’était dirigé vers les monts Mariana, une région qui offrait des minerais abondants. S’il avait fait preuve de la plus grande lâcheté en abandonnant son ami Constans coincé sous la lourde meule de pierre, décider d’inspecter le procurateur était courageux. Ou inconscient ! Quadratus, fût-il sénateur et assistant du gouverneur de Bétique, ne pesait pas lourd face à ce haut fonctionnaire impérial aux pouvoirs très étendus. Mis au courant de l’initiative du questeur, il allait l’enrouler autour d’un bâton comme un parchemin et le fourrer au fond du prochain sac de correspondance en partance pour Rome.
    Je devais mettre la main sur Quadratus avant cette éventualité. Je le voulais en un seul morceau et en possession de tous ses esprits.
     
    J’avais traversé le fleuve à Cordoue d’où deux routes partaient vers l’est. Tout en cheminant le long de la route la plus élevée qui traversait un superbe paysage accidenté, je ne cessais de penser à Helena Justina qui avait emprunté la voie inférieure le long du fleuve – presque parallèle. Je voyageais avec très peu de bagages. J’avais l’intention de dormir à la belle étoile, si je ne tombais pas sur un contremaître qui m’inviterait à partager sa hutte. Je me nourrissais de fromage et de pain devenu rassis. Je me désaltérais à l’eau des torrents. Je me sentais misérable.
    Connaissant Quadratus, je me dis qu’il n’était pas du genre à s’intéresser aux minables petites exploitations minières. À mon avis, il allait foncer directement vers la plus grande mine d’argent dont les centaines de puits étaient loués à différentes compagnies. Tiberius ne pouvait pas condescendre à faire son numéro devant un moindre public. J’étais également certain qu’il avait emprunté la route longeant le fleuve et qu’il s’arrêtait dans des mansios confortables. J’étais persuadé de le rattraper sans peine.
    Cet espoir me remonta le moral pendant une demi-journée. Puis, pensant à la scène qui m’attendait quand je l’aurais en face de moi, je sentis une sueur froide ruisseler le long de mon dos.
     
    Ce fut l’odeur qui me retourna d’abord l’estomac. Avant même l’horrible tableau qui allait apparaître devant mes yeux, c’est cette épouvantable odeur des esclaves vivant dans la

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