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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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annoncer que nous allions devoir nous séparer et régler nos comptes. Mais d’abord, je parvins à persuader Helena Justina de rentrer dans la maison. Raide d’être restée assise aussi longtemps, elle se leva avec difficulté. Je l’accompagnai jusqu’à notre chambre en lui offrant un bras secourable. Puis, tandis qu’elle se rafraîchissait le visage, j’allai ouvrir le volet pour laisser entrer un peu de fraîcheur. Je sifflai entre mes dents. Helena s’approcha immédiatement pour voir ce qui avait retenu mon attention.
    Marius Optatus et Ælia se tenaient tous les deux sous un amandier. Très proches l’un de l’autre. Ils parlaient doucement. Ælia était probablement en train de l’informer de son projet d’accompagner Helena jusqu’à la côte. Elle avait enlevé son voile qu’elle avait négligemment entortillé autour d’un de ses poignets. Marius avait posé une main sur une branche au-dessus de leurs têtes rapprochées. Je ne l’avais jamais vu aussi détendu. Je le soupçonnais fort d’avoir de mauvaises pensées.
    Et je ne me trompais pas. Il passa son bras libre pour l’attirer encore plus près de lui et l’embrassa. Ælia n’y vit apparemment aucun inconvénient. Il lâcha alors la branche pour retrouver l’usage de ses deux bras. J’étais certain qu’en ce moment précis, il pensait bien davantage à la femme qu’à sa mine d’or.

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    Je tentai de me persuader que cela n’aurait rien à voir avec ma dernière expérience désastreuse. Les mines sont simplement des endroits d’où l’on extrait divers minerais. C’est-à-dire que, d’un certain point de vue, elles ne sont pas différentes des usines de verre ou des porcheries. Ou même des plantations d’oliviers. Je n’avais donc aucune raison de transpirer de peur parce que je devais en visiter une ou deux. D’ailleurs, je ne comptais pas y moisir. Quelques questions pour tenter de localiser Quadratus, et je repartirais sur ses traces. Après l’avoir trouvé, tout ce que j’aurais à faire serait de le saluer poliment, de lui présenter les preuves de ses crimes et d’enregistrer ses aveux. Je ne voyais vraiment pas où était le problème.
    Mais il m’était impossible d’oublier ce que j’avais subi lors de mon dernier séjour dans une mine. Je déteste en parler. Cela avait été un horrible cauchemar sur le moment, et la source d’innombrables cauchemars subséquents.
    Il s’agissait de la première mission que j’effectuais pour l’empereur Vespasien. Dans l’île Bretagne. Une province que je connaissais bien pour y avoir servi dans l’armée. J’étais donc persuadé que rien ne pourrait m’y surprendre. Orgueilleux, cynique, je me sentais particulièrement sûr de moi – aussi efficace qu’un aigle occupé à dévorer une charogne. La première chose insolite qui m’arriva, fut ma rencontre avec une jeune patricienne divorcée, Helena Justina. Sans se départir d’un air hautain, elle était parvenue à ébranler en un rien de temps des certitudes que j’avais mis trente années à acquérir. Puis, pour un motif qui paraissait sensé pour tout le monde sauf moi, je fus envoyé dans une mine en me faisant passer pour un esclave.
    C’est Helena Justina en personne qui était venue me sauver. Elle en serait bien en peine aujourd’hui si cela s’avérait nécessaire : elle était en train de suivre la Via Augusta en direction de Valence à un train de sénateur. Elle gagnait le port d’Emporiae en compagnie de ses amies. De là, quand je l’aurais rejointe, nous prendrions la mer pour contourner la côte sud de la Gaule – une voie maritime célèbre pour ses violents orages et ses naufrages –, mais la plus rapide pour regagner Rome.
    À l’époque dont je parle, la façon démente dont elle menait le poney attelé à la carriole m’avait effrayé presque autant que ce que j’avais enduré dans les profondeurs de la terre. Elle avait néanmoins réussi à me conduire à un hôpital avant mon dernier soupir. Ces événements s’étaient déroulés trois ans auparavant. Il y avait trois ans que je connaissais Helena Justina… Et trois ans qu’elle me connaissait elle aussi !
    Et voilà que je me retrouvais en train d’escalader des collines à cheval dans une autre province romaine riche en mines. J’étais cependant plus âgé, plus mûr et je jouissais d’un statut officiel – ce qui ne m’empêchait pas d’être assez stupide pour accepter toutes les missions

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