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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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m’apparut sous un autre jour.
    Me retournant alors pour remercier la personne venue à mon secours, je subis un nouveau choc. Pour la seconde fois, j’avais échappé à cette brute grâce à une femme.
    Un femme que je ne voyais pas pour la première fois, j’en étais certain – même si elle ne possédait pas le genre de beauté que mon cerveau enregistre automatiquement. Elle paraissait avoir atteint un âge où l’âge cesse d’avoir de l’importance. Pourtant, la façon dont elle était intervenue prouvait qu’elle possédait encore beaucoup d’énergie et des réflexes bien aiguisés. Elle ne ressemblait à rien. On pouvait fort bien l’imaginer derrière un étal au marché en train de vendre des œufs. Elle était vêtue d’oripeaux marron informes, et ses cheveux ternes dépassaient d’un méchant fichu. Elle portait un sac usagé en travers d’une poitrine qui n’aurait provoqué aucune excitation sur une trirème dont les rameurs n’auraient pas accosté depuis cinq ans. Ses yeux à la couleur indéfinissable m’examinaient, tandis que son visage qui faisait penser à du plâtre encore humide restait impassible. Elle ne paraissait pas gênée de se trouver sur un site exclusivement peuplé d’hommes rudes. D’ailleurs, peu d’entre eux avaient dû remarquer sa présence.
    — Je crois que tu m’as sauvé la vie, la remerciai-je.
    — Tu te débrouillais pas mal. Je t’ai seulement fourni un ustensile.
    — J’ai l’impression de t’avoir déjà rencontrée. Rappelle-moi ton nom.
    Elle se contenta de me fixer d’un regard dur, au point de m’obliger à battre des paupières. Puis elle avança le bout d’une chaussure pointue et se mit à dessiner dans la poussière. Deux lignes courbes et un petit cercle au milieu. Un œil humain stylisé.
    — Je m’appelle Perella, annonça-t-elle posément.
    Je me souvins d’elle immédiatement : la blonde maussade qui devait danser lors du souper de la Société des Producteurs d’Huile d’Olive de Bétique et qui avait été remplacée par Selia.

64
    Sans prononcer une parole de plus, nous nous éloignâmes du bureau du procurateur, laissant Cornix se tortiller comme une limace sur le sol. Personne n’esquissa un geste pour l’aider. Il ne se faisait que des ennemis partout où il passait.
    Perella et moi gagnâmes la sortie où je retrouvai ma mule. Elle disposait d’un cheval qu’elle enfourcha sans aucune aide. Et pour une fois, je parvins à me mettre en selle avec une certaine élégance. C’était rare.
    J’ouvris le chemin et elle me suivit. Nous trottinâmes l’un derrière l’autre pendant un certain temps. Après que j’eus repéré un endroit tranquille, je le lui montrai d’un geste et nous nous arrêtâmes d’un commun accord.
    — J’ai rencontré une autre danseuse hispanique, du nom de Selia. Et elle savait se servir aussi bien d’un hachoir à viande que de ses castagnettes. Mais la pauvre ne va plus pouvoir exciter les hommes comme elle le faisait volontiers. Ni les assassiner ! Elle est en train d’apprendre à se trémousser chez Hadès. Une personne lui a définitivement réglé son compte.
    — Tu m’en diras tant ! une personne inconnue ?
    — Pour le moment, oui.
    — De toute façon, quelle importance ? C’est le résultat qui compte.
    Je la regardai de la tête aux pieds avec une insistance voulue. Elle était emballée comme un fromage trop frais. Je ne remarquai aucune arme visible. Dans sa sacoche, peut-être ? Mais si c’était bien elle qui avait tué Selia, elle était également redoutable à mains nues.
    — Je n’ai rien contre toi, Falco.
    — Alors pourquoi me cherchais-tu ?
    — Je t’ai seulement cherché quand je n’avais rien de plus important à faire. Je dois dire que tu bouges beaucoup. Bon, si tu t’es arrêté pour qu’on bavarde comme deux vieux amis, on serait mieux assis sous un arbre, tu ne trouves pas ?
    — C’est pas moi qui vais refuser de baratiner une femme dans un sous-bois.
    — Je te propose ça, poursuivit-elle comme si elle ne m’avait pas entendu, parce que tu n’as pas l’air très à l’aise sur une mule.
    J’ignorais si c’était vraiment une bonne idée de m’installer confortablement avec Perella, mais elle avait raison : je détestais être en selle. Nous mîmes pied à terre en même temps. Elle se débarrassa d’un immense châle qui constituait une couche de ses vêtements, pour l’étendre sur le sol. Elle

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