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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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s’empara de lui :
    — Tu prétends appartenir au palais, tu peux le justifier ?
    — C’est inutile. Ma mission m’a été confiée par les plus hautes autorités de l’Empire. Tous les gens sensés vont accepter de coopérer avec moi.
    Son attitude changea de nouveau du tout au tout.
    — Très bien ! tonna-t-il. Demande-moi ce que tu veux.
    En réalité, il n’était pas encore persuadé que j’allais oser. Ce en quoi il se trompait.
    — Merci, dis-je en contrôlant ma colère. Sénateur, lors de la dernière assemblée de la Société des Producteurs d’Huile d’Olive de Bétique, tu as dîné dans une salle privée avec un petit groupe qui incluait plusieurs Bétiques. J’ai besoin de connaître leurs identités…
    Nos regards se croisèrent.
    — … Afin de pouvoir les éliminer comme suspects.
    Ce mensonge éculé fit pourtant son petit effet.
    — Il s’agit de relations d’affaires, déclara-t-il d’un air dédaigneux. Si tu as besoin de connaître leurs noms, vois ça avec mon secrétaire.
    — Je te remercie. Les noms, je les connais, car tu me les as présentés au cours de la soirée, lui rappelai-je. Mais j’ai besoin d’en savoir un peu plus sur eux.
    — Je réponds d’eux tous, affirma-t-il avec grandiloquence.
    À croire que la moindre relation commerciale entre les gens créait des liens de sang. Grâce à mon père, j’étais bien placé pour savoir ce qu’il fallait en penser.
    — Les Bétiques étaient tes invités. Avais-tu une raison particulière de les convier à cette soirée ?
    — Simple courtoisie. Quand des Bétiques importants visitent Rome, les membres de la Société Bétique se doivent de bien les accueillir, articula-t-il, plus caustique que jamais.
    — Tu as tissé des liens solides avec cette province ?
    — D’abord, j’y possède des terres ; ensuite, mon fils vient d’être nommé questeur de Bétique.
    — C’est un grand honneur, sénateur. Tu dois être fier de lui.
    Il ignora un compliment qui n’en était pas réellement un.
    — À charge de revanche, tu prends sans doute des initiatives pour encourager leurs efforts commerciaux à Rome. Tu es un proxenos  ?
    Ce terme grec explicite pouvait impressionner certaines personnes, mais pas Quinctius Attractus. Je me référais à tous les négociants d’outre-mer qui se font représenter sur le sol étranger par un autochtone possédant de l’influence. Un autochtone qui, pour respecter cette bonne vieille tradition grecque, espère qu’on va lui graisser correctement la patte.
    — Je fais ce que je peux, répondit-il laconiquement.
    Difficile d’imaginer ce qu’il faisait et sous quelle forme. Ni comment les Bétiques devaient agir en retour…
    — C’est louable de ta part, sénateur. Mais pour revenir à ce souper, Anacrites était présent et avait amené un invité : Camillus Ælianus, le fils de Verus, l’ami de Vespasien.
    — C’est exact. Ce jeune homme vient de rentrer de Cordoue. Il me semble très capable.
    J’aurais parié que Quinctius Attractus était du genre à apprécier cet arrogant crétin.
    — Je me demande si tu te rappelles un autre homme. J’ai besoin de savoir pour quelle raison il assistait à cette réunion. Il se trouvait sur une couche placée à ta droite, en face d’Anacrites. Un jeune homme tranquille vêtu d’une tunique safran. Je ne l’ai vu adresser la parole à personne.
    — Je ne vois pas du tout de qui tu parles.
    Je fus incapable de deviner s’il me répondait honnêtement, mais je penchais pour la négative : difficile de croire qu’un homme qui fait de la politique depuis trente ans puisse être honnête.
    — C’est important ? poursuivit-il.
    — Plus vraiment, il est mort.
    S’il avait trempé dans le meurtre de Valentinus d’une façon ou d’une autre, c’était un excellent acteur.
    — Et je voudrais aussi savoir, sénateur, si tu connaissais les musiciens et la danseuse personnellement ?
    — Certainement pas. Je ne fréquente ni les grues ni les gratteurs de lyres.
    — Ce que je voulais te demander, précisai-je en souriant, c’est si c’est toi qui les avais engagés.
    — Non, affirma-t-il sans cesser d’arborer une moue dégoûtée. Il y a des gens dont c’est le travail. Je paie pour les musiciens. Il m’importe peu de savoir d’où ils viennent.
    — Et je suppose que tu ignores également leurs noms ?
    Il ne put retenir un geste d’exaspération et je le remerciai

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