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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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d’une actrice.
    — Ils font tous les deux ce qu’ils peuvent pour que je sois perpétuellement inquiet, rétorqua Camillus sans se départir de sa sérénité. (Il n’épiloguait jamais longuement sur ses ennuis.) Mais Ælianus m’a promis de rentrer très tôt.
    Au regard que me lança Julia Justa, je compris qu’elle avait deviné que son mari avait mis cette petite scène au point avec moi.
    — Ce qui est sûr, c’est qu’en cas de besoin ils n’oublient jamais où se trouve leur maison, déclara-t-elle d’une voix acerbe.
    C’était une jolie femme brune qui pratiquait le sarcasme avec la même verve que sa fille. Ses yeux sombres et limpides trahissaient une vive intelligence. Je pensais qu’Helena lui ressemblerait à son âge. Pour l’instant, ma colombe honorait son bol de fruits de mer tout en restant morose. C’est qu’elle connaissait la suite. Et moi aussi. Sa mère venait en effet de prendre une profonde respiration, selon une routine qui m’était devenue familière. D’autant plus que j’avais une mère moi aussi. Et les tics de ces deux femmes, pourtant issues de milieux sociaux si différents, étaient dramatiquement similaires.
    — Marcus Didius. On pourrait croire que, victime de la diarrhée, tu es sur le point de te précipiter dehors, commença par énoncer la noble Julia, en bougeant à peine les lèvres.
    Elle connaissait bien les hommes. Mariée à l’un de ces spécimens depuis de nombreuses années, elle en avait fabriqué deux autres.
    — Loin de moi l’idée de marquer un tel mépris pour le merveilleux festin que tu m’offres !
    J’exagérais énormément. Les Camillus n’avaient pas mis les petits plats dans les grands. Ils étaient contraints de lutter contre les problèmes financiers chroniques qui affectent tous les millionnaires. Mais tout flatteur, etc.
    — Il faut bien que quelqu’un fasse le nécessaire pour que ma fille soit nourrie correctement.
    Elle en venait déjà aux insultes.
    — Foutaises ! rétorqua vivement Helena Justina.
    Une expression qu’elle n’avait jamais utilisée avant de me fréquenter et qui n’était peut-être pas très bien venue.
    — Je n’ai pas l’impression d’avoir jamais entendu prononcer ce mot, Helena, déclara sa mère.
    — Très probablement mon mauvais exemple, admis-je. Chérie, ajoutai-je, en regagnant la maison, je vais t’obliger à dévorer toute une échine de porc en public. Je ne tiens pas à ce qu’on dise que je ne te nourris pas correctement.
    — Re-foutaises ! Tu ne m’as jamais obligée à me conduire d’une façon scandaleuse.
    — Je vous en prie, soyez sérieux ! commenta sèchement sa mère.
    Après une rude journée de travail, je me sentais trop fatigué pour trouver la force de lui répondre poliment, et Julia Justa, percevant ma faiblesse, entendait bien en tirer avantage. Quand elle avait été mise au courant de la condition de sa fille, sa réaction avait été étonnamment modérée. Ce soir, elle entendait se rattraper. Après un bref instant de silence, elle déclara d’un ton solennel :
    — Il semble que, cette fois, Helena va mener sa grossesse à terme.
    Elle insinuait presque que sa fille était responsable de la précédente fausse couche, dont elle ne s’était pas encore remise moralement.
    — Nous allons donc nous retrouver plongés dans une situation difficile, et il vaudrait mieux en parler. Je dois avouer que j’espérais vous voir mariés avant qu’une chose pareille se produise.
    — Nous sommes mariés, insista puérilement Helena Justina.
    — Sois sérieuse, ma fille !
    — Le mariage est un accord passé entre deux personnes qui vivent ensemble. Marcus et moi nous sommes pris par la main et avons passé cet accord.
    — Il me paraît évident que vous ne vous êtes pas contentés de vous serrer la main, osa persifler la digne Julia.
    Elle se tourna alors vers moi, comme si j’étais plus raisonnable que sa fille.
    — Marcus, dis quelque chose.
    — Il est exact, déclarai-je, que si traîné devant le Censeur il me posait la question suivante : « Marcus Didius Falco, pour autant que vous le sachiez et le croyiez, vivez-vous en état de mariage ? », je répondrais bravement « Oui ! ».
    Ma réplique eut le don d’amuser le sénateur, qui se risqua à un commentaire :
    — J’aime beaucoup cette formule : « Pour autant que vous le sachiez et le croyiez » !
    Sa femme le gratifia d’un regard hautement

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