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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pareil pour mettre les bornes au bon endroit.
    — Vraiment étonnant, répétai-je d’une voix plus faible. Helena Justina, viens voir ça : c’est un compteur d’Archimède.
    Je me demandais combien d’autres excentriques nous allions croiser en chemin.
    — Il faut tout de même que je précise un détail, dit Stertius, après qu’Helena se fut traînée jusqu’à nous pour admirer la merveille. Marmarides sait pratiquement tout faire… excepté servir de sage-femme.
    — Ne t’inquiète pas pour ça, le rassura Helena, comme si nous avions une solution à tous les problèmes qui se présentaient à nous. Didius Falco est un solide Romain du type traditionnel. Il est capable de labourer son champ de la main gauche et de mettre des jumeaux au monde avec la droite, tout en débitant des phrases finement ciselées à un groupe de républicains, pendant qu’il compose mentalement une ode pour célébrer les joies d’une vie simple à la campagne.
    Stertius me gratifia d’un regard approbateur.
    — C’est pas donné à tout le monde ! s’exclama-t-il.
    — Oh ! je me contente de faire de mon mieux, dis-je avec la traditionnelle modestie romaine qui s’imposait.

18
    Il nous fallut pratiquement une semaine pour atteindre Cordoue. Stertius nous avait demandé un acompte calculé sur un trajet de cent vingt-cinq milles romains, et c’était très probablement exact. Il avait déjà dû le vérifier avec son compteur magique ; et sans doute avait-il mesuré au pouce près toutes les routes de Bétique, en envisageant tous les itinéraires possibles.
    Quand nous avions voulu nous embarquer, plusieurs choix s’étaient offerts à nous. Une route maritime passait au nord de la Corse puis obliquait ensuite vers le Sud, longeant la côte de la Gaule. Elle était célèbre pour le nombre de naufrages qui s’y produisaient. Nous avions préféré celle qui se faufilait entre la Corse et la Sardaigne ; elle est plus directe, c’est vrai, mais je ne saurais trop conseiller à ceux dont l’estomac se vide à la plus petite houle de l’éviter.
    Ensuite, les voyageurs qui empruntaient ce trajet choisissaient normalement de débarquer à Gades et reprenaient un petit bateau pour remonter le Guadalquivir. J’y avais personnellement renoncé pour d’excellentes raisons : je voulais poser le pied sur la terre ferme dès que possible et je tenais à arriver à Cordoue en suivant un parcours peu usuel qui dérouterait mes suspects bétiques. J’avais donc étudié plusieurs cartes avant de décider d’accoster à Carthago Nova, pour emprunter ensuite la Via Augusta, la route principale du sud de l’Hispanie, qui formait le dernier tronçon de la Via Herculana. C’était supposé être la route suivie par le héros de la légende pour traverser l’Europe et gagner le Jardin des Hespérides. C’était surtout une route pavée bordée de mansios bien équipés où nous pourrions nous arrêter.
    J’avais une autre bonne raison de porter mon choix sur Carthago Nova : c’était le grand centre de production d’alfa. Or, ma mère – à qui je devais une compensation pour avoir accueilli Anacrites chez elle – m’avait confié une longue liste de cadeaux à rapporter à la maison : des paniers, des tapis et même des sandales pour ses petits-enfants. Et un Romain décent satisfait les désirs de sa mama.
    Seulement, après avoir décidé que les vents n’étaient pas favorables, le capitaine de notre embarcation avait pris la direction de Gades. Et quand je m’en étais aperçu, nous avions déjà laissé Carthago Nova loin derrière nous. Je l’obligeai alors à nous débarquer à Malaga.
    — Tant pis ! avais-je dit à Helena. M’an devra se contenter de quelques amphores de garum.
    Il existait bien une route conduisant de Malaga à Cordoue, mais en si mauvais état que nous allions mettre deux fois plus de temps que prévu pour accomplir le trajet. Et c’est précisément de temps que nous manquions.
    Une fois installés dans le cabriolet, nous trouvâmes le tout début du voyage agréable, mais trop rapidement, nous fûmes enserrés par des montagnes arides aux pentes escarpées. Fort heureusement, nous parvînmes à franchir les passages les plus dangereux sans le moindre incident ; toutefois, assis à côté de Marmarides, j’avais une vue plongeante sur les profonds ravins parsemés de rochers déchiquetés que nous longions et j’étais loin d’être rassuré. Plus loin, bien que

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