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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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conversation était entièrement le nôtre. C’était la veille que nous avions soupé à la résidence Camillus. J’avais eu le temps de mettre Helena Justina au courant de ce que j’avais appris, mais nous n’en avions pas encore vraiment discuté.
    — Quelqu’un est en train de se conduire comme le dernier des imbéciles, dis-je. Il est sans doute exact qu’un complot commercial se trame à Cordoue. Et c’est probablement afin d’empêcher Anacrites et son agent de poursuivre leur investigation que quelqu’un a cherché à se débarrasser d’eux. La façon dont les Bétiques que j’avais rencontrés ont quitté Rome après les agressions ne me dit rien qui vaille. S’ils ne sont pas coupables, je suis persuadé qu’ils connaissent au moins la vérité. Claudius Læta n’a qu’à prendre les mesures qu’il jugera nécessaires. Apparemment, il se prend pour le nouveau chef espion. Quant à moi, il n’est pas question que j’aille là-bas.
    — Dans ce cas, commenta ma bien-aimée, le sujet est clos.
    Ses yeux noisette étaient pensifs, ce qui annonçait généralement des ennuis.
    — Marcus, est-ce que tu es conscient que tu as eu de la chance, la nuit du souper ?
    — Que veux-tu dire ? demandai-je, en essayant vainement de jouer les innocents.
    — Tout le monde sait que tu es un agent impérial. Tu étais installé près d’Anacrites pendant le spectacle. Ça m’étonnerait aussi que tu n’aies pas trouvé l’occasion de parler à la jolie danseuse.
    Je fis mine d’être choqué par sa suggestion, mais, imperturbable, elle poursuivit :
    — Et tu t’es également entretenu avec Valentinus, ce qui n’a pas dû échapper à tous les convives. Alors, quand vous êtes partis ensemble, quelqu’un y a forcément vu plus qu’une coïncidence. Heureusement, à la différence d’Anacrites et de Valentinus, tu as quitté le Palatin en compagnie des deux esclaves qui portaient ta jarre.
    — C’est vrai que j’y ai pensé, avouai-je, mais je l’ai gardé pour moi pour ne pas t’inquiéter.
    — Mais j’étais inquiète  ! s’exclama-t-elle.
    — Eh bien, n’y pensons plus. C’est sans doute le premier exemple d’un homme sauvé par une amphore d’entrailles de poissons.
    Ma boutade n’eut pas le don d’amuser Helena.
    — Une chose est claire, Marcus : que tu le veuilles ou non, te voilà impliqué dans cette histoire.
    Nous restâmes un long moment silencieux. J’avais l’impression qu’Anacrites s’éloignait de plus en plus de nous. Je sentais la fureur s’emparer de moi.
    — J’aimerais tellement mettre la main sur le meurtrier de Valentinus !
    — C’est un sentiment naturel, Marcus.
    — On pourrait appeler ça de la sympathie professionnelle.
    — C’est parfaitement compréhensible.
    Helena Justina avait l’habitude de dire ce qu’elle pensait et je savais toujours à quoi m’en tenir avec elle. Si elle croyait avoir un motif de se mettre en colère contre moi, elle n’y allait jamais par quatre chemins. Voilà pourquoi son attitude si conciliante m’inquiétait. Je me demandais ce qu’elle mijotait.
    — Ma chérie, je ne pourrai jamais accepter de laisser ces assassins s’en tirer. S’ils sont toujours à Rome…
    — Ils ne sont plus à Rome, affirma-t-elle.
    J’étais bien obligé de reconnaître qu’elle avait très certainement raison.
    — Alors, je vais perdre mon temps, comme d’habitude…
    — Pas forcément. Le chef secrétaire va sûrement te demander d’aller faire un petit tour en Bétique.
    — Læta peut toujours demander ce qu’il veut. Si moi, je…
    — Læta, m’interrompit-elle, demandera à Vespasien ou à Titus de te l’ordonner.
    Elle me jeta un regard sombre.
    — Je pense que tu devrais te tenir prêt à partir pour l’Hispanie. Très prochainement.
    Je demeurai pensif. Nous avions calculé tous les deux qu’il s’écoulerait encore au moins six semaines avant la naissance du bébé. Je fis un rapide calcul : une semaine de voyage pour atteindre la côte et deux ou trois jours pour traverser les terres. Dix jours pour regagner la maison. Deux semaines sur place devraient me permettre d’identifier les personnes impliquées et de trouver une solution… Oui, j’irais là-bas, je ferais le travail, et je reviendrais à la maison juste à temps pour poser ma valise sur le seuil et recevoir dans mes bras le bébé juste né que me tendrait, en souriant, une sage-femme qui viendrait à peine de

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