Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
feuilles font un peu triste mine, remarquai-je, mais c’est seulement une petite bouderie passagère. Maintenant oublions ça. Il y a plus important.
    Il pointa le menton en avant, mais j’étais bien décidé à l’ignorer.
    — Je vais t’apprendre pourquoi on m’a envoyé ici et tu pourras me mettre au courant de ce qui couve dans la communauté. Je suis certain que tu sais de quoi je veux parler.
    Il commença par m’expliquer en termes imagés ce que je pouvais aller faire avec les Grecs et je m’empressai de l’interrompre :
    — Laisse-moi t’apprendre que je suis venu à Cordoue pour mener une double enquête : la première concerne des magouilles dans le marché de l’huile ; la seconde un meurtre.

21
    J’avais réussi à lui clouer le bec, ce dont je n’étais pas peu fier. Normalement, quand des individus du genre taciturne éclatent en imprécations furieuses, il est impossible de les arrêter.
    — Falco ! Qu’est-ce que tu racontes ?
    — D’ailleurs, je dis un meurtre alors qu’il s’agit peut-être de deux. Lorsque j’ai quitté Rome, je ne donnais pas cher de la peau du second blessé. Et, à en croire les indices, c’est quelqu’un du coin qui aurait commandité l’affaire.
    Le soir où j’avais dîné au palais me paraissait très lointain, et pourtant je gardais très présente à l’esprit l’image d’Anacrites inconscient et pâle, ainsi que celle du cadavre de Valentinus, cet homme encore jeune avec lequel j’avais tellement de points communs.
    — Je n’ai encore jamais entendu parler de ça, déclara Marius Optatus, l’air offusqué.
    — Non ? aboyai-je. Mais tu connais sans doute deux grands propriétaires terriens qui s’appellent Licinius Rufius et Annæus Maximus ? Quand je leur ai été présenté, on m’a assuré qu’il s’agissait d’honnêtes hommes dont la renommée était grande. Pourtant, ce soir-là, ils se trouvaient en mauvaise compagnie. Ensuite, après les agressions, ils ont adopté une conduite étrange, c’est le moins qu’on puisse dire. Je voudrais te parler aussi de deux autres individus plus douteux : Cyzacus et Norbanus. Quand je les ai rencontrées, toutes ces personnes étaient en train de dîner avec quelqu’un que tu connais très bien, un certain Quinctius Attractus, sénateur romain de son état ! À Rome, on raconte qu’il est un personnage considérable en Bétique. En ce qui me concerne, je trouve que c’est un individu très louche.
    — Ça fait déjà pas mal de temps qu’Attractus invite des petits groupes de Bétiques à lui rendre visite à Rome, précisa Optatus, un peu secoué par mon ton vindicatif.
    — Est-ce que tu penses qu’il prépare un sale coup ? demandai-je tout de go.
    — Il serait facile de m’en persuader, car j’ai beaucoup de mal à me montrer impartial.
    — Alors, je vais te poser un tout autre genre de question. Tu es célibataire, à ce que je crois ; pourrait-on supposer que tu as une superbe petite amie à Hispalis, qui vient de rentrer de Rome après avoir brusquement abrégé son séjour ?
    Le visage du fermier resta de marbre. Pas l’ombre d’un sourire ne lui retroussa le coin des lèvres.
    — Je ne connais absolument personne à Hispalis.
    — Je t’assure que si tu connaissais la fille dont je te parle, tu ne l’oublierais pas. C’est une danseuse bourrée de talents variés.
    — Il doit y avoir des milliers de filles qui dansent. Et presque toutes sont allées à Rome.
    — Mais je suppose que toutes n’ont pas eu leur voyage payé par Attractus ? Et que toutes n’ont pas l’habitude d’abandonner leurs accessoires derrière elles sur les lieux d’un crime ?
    J’allais un peu trop vite pour quelqu’un habitué au rythme plus lent de la campagne.
    — Enfin, qui es-tu ? demanda le fermier quelque peu abasourdi. Pourquoi veux-tu t’acharner sur les Bétiques ?
    — Je suis ici mandaté par Titus César pour retrouver un ou plusieurs meurtriers. Et si tu es un honnête homme, Marius Optatus, tu m’y aideras selon tes possibilités.
    La haute silhouette au teint pâle qui se tenait à côté de moi retrouva progressivement son calme habituel, mais paraissait plus grave que jamais. Le fermier me dévisagea d’une façon que mon métier m’avait habitué à supporter, et je demeurai parfaitement détendu.
    — Tu sais ce que tu es, Falco ?
    — Je sens que tu vas me le dire !
    — Enfin, quoi ! Tu commences par te présenter comme

Weitere Kostenlose Bücher